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Les résultats des élections locales au Royaume-Uni commencent à tomber, suscitant une grande attente chez les deux principaux partis politiques. Le Parti travailliste (Labour) et le Parti conservateur (Tories) se préparent à subir des pertes, tandis que l’extrême droite, incarnée par le parti Reform UK de Nigel Farage, pourrait accroître son influence dans un paysage politique britannique de plus en plus fragmenté.
Un scrutin marquant une fragmentation politique accrue
Le dépouillement des votes a démarré jeudi soir dans des élections locales peu dynamiques, où les deux grands partis anglais doivent faire face à une montée des candidats d’extrême droite. Ces élections sont les premières depuis l’arrivée de Keir Starmer à la tête du Labour et la prise en main du Parti conservateur par Kemi Badenoch, l’année dernière.
Les bureaux de vote ont fermé à 23h (heure française), et les résultats sont attendus progressivement à partir de vendredi matin.
Le parti anti-immigration Reform UK devrait enregistrer des gains notables, tout comme les centristes Libéraux-démocrates et les Verts de gauche, confirmant la tendance vers une politique britannique multipartite.
Appels à voter et inquiétudes sur la division
Keir Starmer a exhorté les électeurs à soutenir le Labour, affirmant que le choix était clair entre une collaboration pour le changement ou le chaos et la division avec des partis sans plan.
De son côté, Kemi Badenoch a encouragé les électeurs conservateurs à voter pour un bon conseil municipal, soulignant l’importance de leur engagement.
Le politologue John Curtice a souligné dans le Telegraph que la politique britannique semble fragmentée, avec jusqu’à cinq partis jouant un rôle sérieux dans ces élections.
Contexte politique et résultats récents
Depuis le début du XXe siècle, la scène politique britannique a été dominée par le Labour de centre-gauche et les Tories de centre-droit. Toutefois, les sondages révèlent une désillusion croissante des Britanniques face à ces deux partis traditionnels, en raison d’une croissance économique faible, d’une immigration irrégulière élevée et de services publics défaillants.
Les derniers chiffres publiés jeudi indiquent que plus de 11 000 migrants ont traversé la Manche en petites embarcations cette année, un chiffre en forte hausse par rapport à 2024.
Lors des dernières élections législatives, le Labour avait remporté la majorité avec seulement 33,7 % des voix, le plus faible score pour un parti gagnant depuis la Seconde Guerre mondiale. Les Tories avaient quant à eux obtenu 24 % des suffrages, leur pire défaite historique.
Le parti Reform UK, dirigé par Nigel Farage, avait alors conquis cinq sièges, un record pour une formation d’extrême droite au Royaume-Uni. Les Libéraux-démocrates avaient gagné 61 députés supplémentaires, et les Verts avaient quadruplé leur représentation, passant à quatre sièges.
Une fragmentation politique incrustée
Selon le politologue Rob Ford, cette fragmentation est désormais « ancrée » dans le paysage politique et se reflète dans les élections locales, où 1 641 sièges sont disputés, ainsi que six mandats de maire et un siège parlementaire dans la circonscription de Runcorn et Helsby, dans le nord-ouest de l’Angleterre.
Ford prévoit des pertes pour les Tories et le Labour, mais de manière inégale, avec un impact plus marqué pour certains.
Le Parti Reform UK, un acteur majeur pressenti
Le parti de Nigel Farage est donné favori pour remporter la législative partielle à Runcorn. Cette élection s’annonce difficile pour le Labour, critiqué pour ses coupes dans les aides sociales et ses hausses d’impôts, alors que la popularité de Starmer s’effrite dans les sondages.
Lors de la précédente élection, le Labour avait gagné à Runcorn avec 53 % des voix, contre seulement 18 % pour Reform UK. Mais cette fois, Keir Starmer reconnaît que le combat sera rude.
Un sondage YouGov récent place Reform UK en tête des intentions de vote nationales avec 26 %, devançant de trois points le Labour et de six les Tories.
Une victoire à Runcorn, des succès dans des mairies comme celle du Grand Lincolnshire, et l’obtention de centaines de sièges dans les conseils municipaux permettraient à Reform de renforcer son ancrage local d’ici les prochaines élections générales prévues probablement en 2029.
Pressions à droite et à gauche sur les partis traditionnels
Menacés sur leur droite par Reform UK, les conservateurs subissent également une pression à gauche de la part des Libéraux-démocrates, qui convoitent des gains dans le sud prospère de l’Angleterre.
Le Labour, quant à lui, virant légèrement vers le centre-droit, fait face à une montée des Verts qui grignotent leur base à gauche.
Rob Ford résume la situation par une métaphore : « Pour les grands partis, c’est comme un couple qui doit se battre pour une couverture trop petite. Où qu’ils tirent, ils laissent toujours une partie exposée. »