Elon Musk, l’entrepreneur milliardaire connu pour ses entreprises Tesla et SpaceX, a récemment annoncé la création de sa propre formation politique baptisée le « Parti de l’Amérique ». Cette initiative, dévoilée sur Twitter le 5 juillet, intervient dans un contexte de tensions croissantes autour des choix politiques et budgétaires aux États-Unis.
La décision de Musk s’inscrit dans un contexte de contestation du système bipartite traditionnel américain. Lors d’un sondage lancé sur sa plateforme X (anciennement Twitter), où plus de 1,2 million de personnes ont voté, 65 % ont exprimé leur souhait de voir la naissance d’un nouveau parti, ce qui a incité Musk à concrétiser cette ambition. « Aujourd’hui, le ‘America Party’ est créé pour vous rendre votre liberté », a-t-il déclaré, dénonçant ce qu’il qualifie de système à « un parti » qui ne permet pas une véritable démocratie.
Les enjeux derrière la création du « Parti de l’Amérique »
Ce projet marque une rupture importante avec son ancienne allégeance à Donald Trump, avec qui il s’était brièvement associé lors de la précédente campagne présidentielle. Musk s’est montré très critique à l’égard de la loi budgétaire adoptée récemment par le Congrès, qualifiant le plan d' »abomination dégoûtante » qui pourrait augmenter la dette américaine de plus de 3 000 milliards de dollars sur une décennie. Selon lui, cette loi risque de mettre le pays en péril financièrement, notamment à cause des coupes dans les subventions pour l’énergie verte, secteur dans lequel Tesla a un intérêt majeur.
En critiquant la dominance de l duopole républicain et démocrate, Elon Musk cherche à offrir une alternative crédible. Il entend faire émerger un troisième parti en utilisant ses ressources considérables et en mobilisant ses abonnés sur X, où il a promis de soutenir des candidats lors de futures élections législatives pour peser sur le scrutin et fragiliser la cohésion du camp républicain.
Les obstacles et risques
Malgré l’enthousiasme apparent, la création d’un nouveau parti politique aux États-Unis est semée d’embûches, notamment en raison des lois très strictes qui varient d’un État à l’autre. Par exemple, en Californie, il faut collecter plus d’un million de signatures ainsi que s’assurer de recueillir au moins 2 % des voix lors d’un scrutin pour conserver le statut de parti enregistré. Ces démarches demandent du temps, de l’argent, et une organisation solide.
De plus, la présence d’autres partis tiers, comme le Green Party ou les Libertariens, n’a pas permis jusqu’à présent à des mouvements indépendants de dépasser une faible part du scrutin national. À titre d’exemple, Teddy Roosevelt avait réussi en 1912 à fédérer un large électorat avec le parti « Bull Moose », obtenant 27 % des voix, mais aucun parti tiers n’a réussi à faire une percée durable depuis lors.
Elon Musk, qui ne pourra pas se présenter à la présidence en raison de ses origines étrangères, doit également faire face à la résistance du système électoral américain, souvent biaisé en faveur des deux grands partis. Selon les observateurs, il lui faudrait mobiliser des ressources humaines et financières colossales pour parvenir à influencer réellement le calendrier électoral et le vote populaire.
Ce mouvement politique, s’il voit le jour, pourrait néanmoins jouer un rôle stratégique lors des prochaines élections de mi-mandat en 2026, en soutenant ou en contestant certains candidats, afin d’avoir un impact sur la majorité au Congrès. Cependant, il reste difficile d’évaluer l’impact réel d’un tel parti face à une tradition de duopole qui domine la vie politique depuis plus de 160 ans.