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Empreintes humaines de 90 000 ans au Maroc, les plus anciennes d’Afrique du Nord
Un groupe de recherche international dirigé par l’Université de Bretagne Sud en France, en partenariat avec des universités marocaines, allemandes et espagnoles, a découvert des traces de pas humaines remontant à 90 000 ans au Maroc, les plus anciennes d’Afrique du Nord et du sud de la Méditerranée, dans la ville d’Al Hoceima, au nord du Maroc. Les résultats de la découverte ont été publiés dans la revue « Nature » le 23 janvier dernier.
Selon Mehdi El-Sedrati, chef de l’équipe de recherche, « ces découvertes s’ajoutent à celles faites précédemment dans plusieurs régions du Maroc appartenant à la même période, voire plus ancienne. Elles témoignent de la diversité et de la richesse du Maroc en termes de sites liés à la vie et à l’habitat des anciens humains à travers les âges ».
Les empreintes découvertes au Maroc fournissent des informations sur la biologie, le mouvement et le comportement des individus à cette époque de l’histoire.
Les empreintes de l’homme intelligent
Selon le communiqué de presse de l’Université de Bretagne Sud en France, 85 empreintes humaines vieilles de près de 100 000 ans, laissées par au moins 5 individus, des enfants aux adolescents et adultes, ont été découvertes sur une plage rocheuse à Al Hoceima, sur la côte nord-ouest du Maroc. Les traces de pas se dirigent principalement vers la mer, offrant un aperçu saisissant de ce qui pourrait être – vraisemblablement – la recherche de ressources marines par l’homme intelligent qui habitait la côte d’Al Hoceima il y a environ 100 000 ans.
Les recherches sur cette découverte ont duré environ un an et demi et font partie d’un projet scientifique antérieur de deux ans sur la dynamique de la côte rocheuse de la région d’Al Hoceima, financé par l’École doctorale pluridisciplinaire en sciences et technologies marines (ISblue) et l’Université de Bretagne Sud en France.
Découverte unique en son genre
Mehdi El-Sedrati, chef de l’équipe de recherche, souligne que cette découverte scientifique sur la côte d’Al Hoceima est unique en son genre et revêt une grande importance à l’échelle mondiale pour plusieurs raisons, notamment :
- Les sites contenant des traces de pas humaines en Afrique se trouvent uniquement en Afrique de l’Est et au sud.
- Le nombre et l’état de conservation des empreintes ont permis de réaliser cette étude approfondie.
- L’âge des empreintes est unique, remontant à environ 90 000 ans, offrant des informations sur la biologie, la morphologie et les activités potentielles de ces individus.
- L’orientation des empreintes vers la mer suggère une recherche de ressources marines.
La région du Maroc et plus particulièrement Al Hoceima a été le premier endroit où « l’homme intelligent » a été identifié, en particulier avec la découverte en 2017, dans la montagne d’Ighoud, du plus ancien crâne humain moderne. La découverte des empreintes à Al Hoceima confirme l’importance de l’Afrique du Nord et du Maroc en particulier dans l’évolution de l’homme intelligent.
Les recherches futures devraient permettre de découvrir de nouvelles empreintes en raisons de l’érosion des sédiments sur la côte d’Al Hoceima, ce qui permettra de mieux comprendre les mouvements des premiers humains ayant vécu le long de cette côte.
Le plus grand site d’empreintes de l’Holocène tardif
Selon le Dr Mehdi El-Sedrati, le site de la découverte des empreintes humaines à Al Hoceima est l’un des plus grands et des mieux conservés du Holocène tardif au monde, seul site documenté en Afrique du Nord et en Méditerranée, offrant une distribution des empreintes par rapport à la ligne côtière pour les mouvements des humains intelligents de plusieurs générations (enfants, adolescents et adultes). Il insiste sur la nécessité de préserver ce site patrimonial exceptionnel, même s’il est menacé par la montée du niveau de la mer et les tempêtes à court terme.
Cette découverte a été faite lors d’une mission sur le terrain en juillet 2022 dans le cadre d’une recherche sur l’origine et la dynamique des roches le long de la côte sud d’Al Hoceima dans le nord-ouest du Maroc.
Le Dr Mehdi El-Sedrati conclut en déclarant : « Il est temps de présenter cette découverte au monde de la meilleure façon possible, avec le plus de précision et de détails possible. Nous sommes impatients de continuer à partager cette merveilleuse histoire et de poursuivre la recherche dans ce domaine en favorisant la coopération internationale et multidisciplinaire, conformément à cette étude ».