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Enquête sur malversations au supercalculateur quantique espagnol

par Sara
Espagne

Une enquête menée par la Fiscalía Europea révèle des malversations financières dépassant le million d’euros au sein du Barcelona Supercomputing Center (BSC-CNS), gestionnaire du supercalculateur quantique MareNostrum, symbole majeur de l’intelligence artificielle en Espagne.

Le directeur du consortium public BSC-CNS, Mateo Valero Cortés, à côté d'une image du supercalculateur MareNostrum
Le directeur du consortium public BSC-CNS, Mateo Valero Cortés, à côté d’une image du supercalculateur MareNostrum.

Des dépenses illégales avec des cartes de crédit

Selon un rapport du Tribunal de Cuentas, une douzaine de dirigeants du consortium public BSC-CNS, détenu par le gouvernement espagnol et la Generalitat, ont effectué des dépenses illégales dépassant 1 million d’euros via des cartes de crédit de l’institution. Ces dépenses, imputables entre 2015 et 2022, concernent aussi bien l’achat d’équipements informatiques que des frais de représentation, d’hébergement et de restauration à Barcelone.

Le Tribunal souligne l’absence d’explications claires justifiant la nécessité ou l’utilité de ces dépenses au bénéfice de l’administration, en violation des statuts du consortium et des lois budgétaires nationales.

Enquête européenne sur le contrat du supercalculateur quantique

La Fiscalía Europea enquête actuellement sur des irrégularités présumées dans le contrat de 8,1 millions d’euros attribué en 2022 pour l’acquisition du premier ordinateur quantique destiné à opérer dans le sud de l’Europe.

À la demande de la Fiscalía, des agents de l’UDEF ont perquisitionné récemment le siège du BSC-CNS à Barcelone afin de saisir la documentation liée à ce contrat, financé par les fonds européens Next Generation.

La juge María Tardón, de l’Audiencia Nacional, a été désignée pour superviser cette procédure visant à déterminer s’il y a eu détournement de fonds européens.

Un consortium public à la gestion controversée

Le BSC-CNS, créé en 2005, regroupe le ministère de la Science et des Universités (60%), la Generalitat (30%) et l’Université Polytechnique de Catalogne (UPC) (10%). Il est chargé de la gestion du supercalculateur MareNostrum installé à Barcelone.

Le Tribunal de Cuentas a également révélé que l’UPC n’a pas respecté ses engagements financiers pour le maintien du consortium, aggravant ainsi la situation financière de l’organisme.

Le directeur du BSC-CNS, Mateo Valero, avec Pedro Sánchez et la ministre Diana Morant lors de la visite du supercalculateur MareNostrum 5.
Le directeur du BSC-CNS, Mateo Valero, Pedro Sánchez et la ministre Diana Morant, le 10 mars 2023 lors de la visite du supercalculateur MareNostrum 5.

Injection de fonds publics malgré les irrégularités

Malgré ces irrégularités connues, les ministres Diana Morant et Oscar López ont annoncé en décembre un investissement supplémentaire de 61,76 millions d’euros pour développer « la première usine d’intelligence artificielle dans le pays ».

Les mêmes ministres ont participé en février à la présentation officielle de l’ordinateur quantique dont le contrat fait l’objet de l’enquête.

Un contrat attribué à une société liée au consortium

Le marché public pour l’ordinateur quantique, attribué le 25 novembre 2022, a été remporté par une union temporaire d’entreprises (UTE) constituée de Qilimanjaro Quantum Tech et GMV, une multinationale des télécommunications.

Qilimanjaro, la seule candidate, est elle-même une spin-off du BSC-CNS. Le consortium détenait à l’origine 5 % du capital de Qilimanjaro, participation réduite à 0,3 % après une augmentation de capital en 2021.

Un chercheur du BSC-CNS, Pol Forn Díaz, a été nommé au conseil d’administration de Qilimanjaro en juillet 2024, soulevant des questions de conflits d’intérêts.

Une offre unique et techniquement privilégiée

L’offre de Qilimanjaro a été la seule réceptionnée et a obtenu la meilleure note technique sur presque tous les critères, dont certains avaient été élaborés par le BSC-CNS lui-même.

À la tête de Qilimanjaro Quantum Tech se trouve Jordi Blasco Arasanz, avocat et administrateur de 27 sociétés, impliqué dans divers secteurs, dont des complexes hôteliers de luxe liés à Richard Branson.

Usage abusif des cartes Visa Oro

Le Tribunal de Cuentas a constaté que plusieurs dirigeants du consortium utilisaient 17 cartes de crédit Visa Oro de manière discrétionnaire pour des dépenses non justifiées, notamment en hébergement et restauration.

En 2018, 13 dirigeants ont dépensé 734 923 euros, suivis de 356 189 euros en 2021, soit plus d’un million d’euros au total. Ces dépenses manquent souvent de justificatifs clairs et ne respectent pas la réglementation en vigueur.

Des justifications administratives insuffisantes

Le BSC-CNS a présenté au Tribunal un contrat financier non signé, sans précisions sur le nombre de cartes émises ni sur leurs conditions d’usage.

En 2023, une seule carte Visa Oro était encore active, utilisée par le directeur Mateo Valero Cortés avec un montant de 51 374 euros dépensé cette année-là.

Un directeur aux multiples casquettes

Mateo Valero, ingénieur en télécommunications et professeur à l’Université Polytechnique de Catalogne depuis 1983, est également connu pour son engagement politique, notamment son soutien au Parti socialiste catalan en 2021.

La direction du BSC-CNS comprend des représentants des ministères de la Transformation digitale et de la Science, soulignant la forte implication institutionnelle dans ce consortium.

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source:https://www.elespanol.com/espana/politica/20250511/directivos-ordenador-cuantico-gastaron-millon-eur-tarjetas-credito-manera-ilegal-cuentas/1003743751820_0.html

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