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Les républicains du Congrès américain ont annoncé, jeudi 17 avril, l’ouverture d’une enquête visant l’université Harvard. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’une nouvelle offensive du camp trumpiste, qui accuse cette prestigieuse institution d’avoir enfreint les lois sur l’égalité.
Conflit financier et accusations d’antisémitisme
Depuis plusieurs semaines, l’administration Trump a engagé un bras de fer financier avec plusieurs universités américaines. Ces établissements sont accusés d’avoir toléré l’antisémitisme lors des mouvements étudiants contre la guerre à Gaza. Parmi eux, Harvard a vu ses subventions gelées à hauteur de 2 milliards d’euros après avoir refusé de se conformer aux exigences du gouvernement.
Donald Trump a menacé d’aller plus loin, en supprimant l’exemption fiscale dont bénéficie Harvard, accusant l’université de propager « la haine et l’imbécillité ». Lors d’une conférence de presse dans le bureau Ovale, il a déclaré : « Je pense que Harvard est une honte. Je pense que ce qu’ils font est une honte », tout en précisant que cette affaire était « gérée par des avocats ».
Ouverture d’une enquête parlementaire ciblant les discriminations
Dans une lettre annonçant l’enquête, les républicains du Congrès ont adressé un avertissement clair à la direction de Harvard. Ils souhaitent vérifier le « manque de conformité avec les lois sur les droits civiques », notamment en matière de discriminations basées sur les origines.
James Comer, président du comité d’enquête de la Chambre des représentants, et Elise Stefanik, députée républicaine, ont écrit : « Harvard semble si incapable ou réticent à empêcher la discrimination illégale que l’institution, sur votre ordre, refuse d’envisager un accord de règlement raisonnable proposé par les fonctionnaires fédéraux et destiné à remettre Harvard en conformité avec la loi. »
Ils ont insisté : « Aucune institution n’a le droit de violer la loi », s’adressant directement au président de l’université, Alan Garber.
Menaces supplémentaires sur la politique d’admission et d’accueil
Par ailleurs, l’administration Trump a indiqué mercredi qu’elle pourrait interdire à Harvard d’accueillir des étudiants étrangers si l’université ne se soumet pas à des contrôles portant sur les critères d’admission, d’embauche et l’orientation politique.
Une université en résistance face aux pressions
La direction d’Harvard a opposé un refus catégorique aux pressions gouvernementales, une position saluée par de nombreux professeurs et étudiants comme un signe notable de résistance. À l’inverse, l’université de Columbia, à New York, a accepté d’engager des réformes sous la pression de l’administration républicaine.
Jeudi, des membres du personnel et des étudiants de Harvard ont manifesté sur le campus de Cambridge, près de Boston. Avi Steinberg, chargé de recherche, a expliqué à l’Agence France-Presse : « Ils veulent que Harvard tienne les promesses faites à ses étudiants et à ses professeurs de protéger chaque étudiant sur le campus, de protéger le corps enseignant et en particulier la liberté d’expression. »
Harvard, cible des conservateurs
L’université, qui compte environ 30 000 étudiants, est depuis longtemps en tête du classement mondial de Shanghai des établissements d’enseignement supérieur. Pourtant, elle se retrouve dans le collimateur des conservateurs américains, qui mènent depuis plusieurs années une offensive contre les universités qu’ils jugent trop à gauche.
Cette hostilité s’est intensifiée lors des mobilisations étudiantes en soutien au peuple palestinien et contre la guerre menée par Israël à Gaza. Ces mouvements ont également soulevé de nombreuses critiques concernant le manque de protection des étudiants juifs sur les campus.