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La compétitivité de l’Europe dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) est aujourd’hui mise à mal par des événements récents tels que le rapport Draghi et l’élection de Donald Trump, accompagnée de l’influence d’Elon Musk. Les discussions sur les succès européens, mesurés par le nombre de startups et les levées de fonds, semblent maintenant obsolètes. Malgré quelques initiatives prometteuses, ni les entreprises ni les gouvernants n’ont réellement intégré les implications de cette révolution industrielle et géopolitique.
Les 3 paliers d’un déclassement annoncé
Le déclassement de l’Europe en matière d’IA se décline selon trois enjeux majeurs :
- Perte de compétitivité : Nos industries risquent de perdre en compétitivité si elles n’intégrent pas l’IA dans leurs processus. Bien que des opportunités existent, il existe des lenteurs dans des secteurs critiques tels que la défense, la santé et les services financiers, souvent bloqués par une régulation excessive et une technophobie ambiante.
- Retard sur le marché de l’IA : Un potentiel immense reste sous-exploité. L’Europe n’est pas en retard, comme le prouvent les succès de Mistral ou Kuytai. Cependant, l’absence de carburant des données, ainsi que le manque d’infrastructures adéquates, freinent notre capacité à rivaliser avec les géants américains et chinois.
- IA de défense et souveraineté : Le tournant de l’IA de défense est crucial pour notre souveraineté. Les conflits récents en Ukraine et au Proche-Orient révèlent que les attaques futures s’appuieront sur l’IA. L’Europe doit donc intégrer cette technologie dans ses dispositifs de défense, en veillant à ne pas se reposer sur des technologies non souveraines.
Créer l’Arianespace de l’IA de défense
Face à ce retard et aux capacités d’investissement limitées, une solution pourrait consister à établir un consortium visant à créer l’Arianespace de l’IA de défense. Après la Seconde Guerre mondiale, la France a compris l’importance de ne pas dépendre uniquement des puissances étrangères pour le lancement de satellites. L’initiative a conduit à la création d’Arianespace, un modèle à suivre.
Il serait judicieux d’établir une agence européenne dédiée à l’IA de défense, poursuivant l’initiative française Amiad, pour centraliser tous les investissements et l’assemblage de la chaîne de valeur de l’IA. Cela permettrait de soutenir les champions européens tout en menant des recherches et des développements avancés. Une telle approche pourrait rapidement déboucher sur une offre commercialisable, libérant ainsi les acteurs européens de leur dépendance aux solutions américaines.
Vers une IA éthique et frugale
Au-delà de l’IA de défense, rien n’empêche cette agence de s’intéresser à des solutions plus éthiques et frugales qui pourraient répondre aux attentes mondiales de demain. En développant des systèmes d’IA qui respectent des normes éthiques élevées, l’Europe pourrait non seulement renforcer sa souveraineté mais également devenir un modèle à suivre sur la scène internationale.
Ce défi nécessite une mobilisation collective de l’ensemble des acteurs de l’innovation et de la recherche en Europe, car il en va de notre place dans le monde face à la révolution technologique en cours.