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Ex-journaliste de la BBC dénonce le biais dans la couverture du conflit palestinien

by Sara
France

Un ancien journaliste de la BBC, Mohamed Shalbi, révèle le biais qu’il perçoit dans la couverture du conflit palestinien et explique les raisons qui l’ont conduit à quitter l’institution après sept années d’exercice. Selon lui, la BBC traite les informations liées à la Palestine avec un parti pris clair, alors que les informations israéliennes échappent à un niveau de vérification équivalent. Originaire de Palestine et né en Égypte à environ 150 kilomètres de Gaza, Shalbi affirme que certaines enquêtes visaient à déformer les récits palestiniens et à fragiliser leur crédibilité, ce qui l’a amené à se sentir trahi sur le plan professionnel et éthique.

Contexte et départ de Mohamed Shalbi

Shalbi explique que son geste de quitter la BBC a été motivé par la prise de conscience d’un biais structurel dans la couverture du conflit. Il affirme que son expérience au sein de l’entreprise lui a fait comprendre qu’une partie du journalisme pratiqué n’offrait pas une information équilibrée lorsque la question palestinienne était abordée. Le journaliste, qui relate ses origines palestiniennes et son cadre de vie proche de Gaza, affirme avoir été témoin de mécanismes qui incitent à privilégier une narration plutôt qu’une vérification équitable pour toutes les parties du conflit.

Cette déconstruction du travail journalistique s’inscrit dans une critique du rôle des rédactions face à un sujet extrêmement sensible, où la neutralité est mise à rude épreuve par des dynamiques internes et des pressions externes. Le récit de Shalbi s’étend au-delà de son parcours personnel pour toucher à des questions de biais médiatique et de responsabilité du journalisme face à la réalité sur le terrain.

Le biais et les pratiques journalistiques dans la couverture du conflit

Selon ses dires, la couverture palestinienne était soumise à des vérifications poussées et à des enquêtes approfondies à chaque information, alors que les informations israéliennes ne bénéficiaient pas du même contrôle. « Nous menions des enquêtes utilisées pour déformer les récits palestiniens et pour miner leur crédibilité », déclare-t-il, ce qui l’a amené à estimer avoir trahi son métier et ses principes. Il affirme que ces politiques ont engendré une ambiance propice au biais inconscient et, parfois, à des formes d’antagonisme institutionnel au sein de la BBC.

Le récit met en lumière une tension entre les normes journalistiques et les choix éditoriaux qui, selon lui, favorisent une représentation partiale du conflit. Cette analyse du biais médiatique met en exergue le rôle des rédactions dans la façon dont les publics reçoivent l’information sur la Palestine et Gaza, et questionne l’objectivité du journalisme face à une couverture souvent polarisée par les enjeux politiques et diplomatiques.

Points clés

  • Partialité apparente dans le traitement des informations sur la Palestine par rapport à Israël.
  • Vérifications systématiques pour les récits palestiniens et peu de vérifications équivalentes pour d’autres informations.
  • Impact d’un biais sur la confiance du public et sur l’éthique journalistique.

Outils de traduction et normes de vérification

Shalbi avertit que certains journalistes et rédacteurs s’appuient sur des outils de traduction rapide comme Google Translate ou ChatGPT pour comprendre des publications sur les réseaux sociaux liées à la cause palestinienne, sans appliquer des standards similaires à celles utilisées pour les informations israéliennes. Cette pratique, selon lui, contribue à une désynchronisation des vérifications et peut influencer le contenu publié, tout en renforçant les déséquilibres informationnels. Il pointe du doigt un manque de cohérence dans l’application des critères journalistiques face à des sources multilingues et diffusées sur les réseaux.

Le cas Anas al-Sharif et les réactions internes

Le journaliste évoque l’assassinat, en août dernier, du journaliste palestinien Anas al-Sharif — lauréat du prix Pulitzer — comme un tournant qui l’a conduit à démissionner. « Il a été décrit comme travaillant avec un équipe médiatique affiliée à Hamas sans source fiable ni vérification », relate-t-il. « Lorsque j’ai tenté d’obtenir des éclaircissements, on m’a dirigé vers une autre enquête et j’ai même été averti d’un risque potentiel d’être inscrit sur une liste noire », ajoute-t-il.

Shalbi souligne que la couverture a largement ignoré l’exploit de Sharif, son Pulitzer, alors même que les rédactions ouvrent leurs portes à une couverture développée des événements en Ukraine. Il témoigne également d’un refus de publication sur des images du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu dans un site militaire situé dans une résidence civile, alors qu’une histoire similaire sur le président russe Vladimir Poutine à Kursk a bénéficié d’une couverture extensive.

Couverture Gaza versus Ukraine et implications éthiques

Le témoignage compare les choix éditoriaux entre Gaza et l’Ukraine, montrant une disparité marquée dans la couverture des conflits. Alors que les sujets liés à l’Ukraine ont été largement relayés, les informations concernant Gaza auraient été plus restreintes et soumises à des formulations qui, selon Shalbi, occultent certains faits ou perspectives. Cette dichotomie renforce la perception d’un journalisme en proie à des choix éditoriaux qui privilégient certains cadres narratifs au détriment d’une approche équilibrée et complète du conflit.

Réflexions sur le journalisme et les enjeux de l’institution

En conclusion, Shalbi affirme qu’il restera des questions sur le racisme et la discrimination institutionnelle au sein de la BBC. « Ce que dit l’ONU sur Gaza aujourd’hui est exactement ce que les Palestiniens répètent depuis des années, mais à la BBC tout était réprimé au nom des relations publiques et de la diplomatie », déclare-t-il. Ces propos alimentent une réflexion plus large sur les responsabilités des médias dans la représentation du conflit et sur la nécessité d’un journalisme loyal, transparent et fondé sur des preuves, afin de restaurer la confiance du public et de réduire les biais médiatiques dans le domaine de la Palestine et du Gaza.

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