Une explosion a visé la voiture du journaliste Sigfrido Ranucci, figure emblématique de l’émission d’investigation Report sur la chaîne publique RAI, près de Rome. Aucun blessé n’est à déplorer, mais l’incident relance le débat sur la sécurité des journalistes en Italie. Le journaliste bénéficie d’un dispositif de protection des forces de l’ordre depuis 2021 et l’enquête a été confiée aux autorités compétentes.
Selon les premiers éléments, l’explosion a eu lieu vers 22 heures, devant le domicile du journaliste à proximité de Pomezia, et la voiture a été détruite. Les autorités évoquent l’utilisation d’une bombe artisanale équipée d’une mèche et non d’un minuteur. Aucune victime n’est signalée pour l’instant, et l’enquête est confiée aux forces de l’ordre. La Repubblica rappelle que Ranucci est protégé par les forces de l’ordre depuis 2021 après des menaces liées à des enquêtes antérieures.
Dans une vidéo publiée, le journaliste avait laissé entendre que la prochaine saison de Report traiterait notamment des financements de la culture, de projets éoliens, de banques, des problèmes du monde de la santé, mais aussi des rapports entre l’extrême droite et la ’Ndrangheta. Ces sujets, explique-t-il, seront au cœur des enquêtes à venir, ce qui pourrait être perçu comme une piste potentielle derrière l’attaque, sans que les autorités ne puissent en établir une aujourd’hui.
Selon le Corriere della Sera, Ranucci a déclaré : « Ma fille est passée devant ma voiture quelques minutes avant l’explosion. Ils auraient pu la tuer. » Cette phrase a été rapportée dans le contexte des témoignages recueillis après l’événement et de l’émotion provoquée par l’attaque, qui rappelle les pressions pesant sur les journalistes d’investigation. Des éléments à ce stade ne permettent pas d’identifier une piste précise.
Réactions et cadre sécuritaire
La Stampa indique que la Première ministre Giorgia Meloni a exprimé « sa pleine solidarité au journaliste Ranucci, ainsi que la plus ferme des condamnations vis-à-vis de ce grave acte d’intimidation. La liberté et l’indépendance de l’information sont des valeurs de notre démocratie auxquelles on ne peut pas renoncer et que nous continuerons à défendre. » Le ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi, a annoncé que les mesures de protection policière à l’égard de Ranucci seront renforcées.
Au-delà des réactions officielles, Wired rappelle le contexte de risques pesant sur la presse italienne: « malgré les très bonnes audiences de son programme, ces dernières années, les journalistes de Report ont été souvent attaqués, la politique et le monde des affaires n’appréciant pas leurs enquêtes. » Selon le média, « cette année, la RAI avait prévu de réduire le nombre d’épisodes du programme ». Ces observations évoquent une tendance préoccupante pour l’indépendance des médias dans le pays.
Les autorités n’ont pas publié de piste conclusive et l’enquête est en cours, sans que l’on puisse établir pour le moment un mobile précis. L’événement rappelle toutefois le climat d’intimidation qui entoure la couverture de sujets sensibles et les efforts continus pour protéger les journalistes sur le terrain.