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Divisions en France: débats à gauche et montée de l’extrême droite
Le séisme provoqué par la dissolution de l’Assemblée nationale en France continue de susciter des secousses et des répercussions, à seulement 17 jours des élections législatives anticipées qui pourraient influencer l’orientation diplomatique du pays.
Après sa défaite aux élections européennes dimanche dernier, le camp du président Emmanuel Macron tente de présenter les élections des 30 juin et 7 juillet comme un « choix de société » entre le bloc progressiste qu’il incarnera et les « extrémistes » de gauche et de droite qui « alimentent les divisions », selon les dires du Premier ministre Gabriel Attal lors d’une interview sur « France Inter » ce jeudi.
Par la suite, lors d’un discours à Boulogne-sur-Mer (nord) – lors de sa première tournée de campagne -, il a déclaré que le pays traversait « un moment difficile, et nous devons convaincre les Français, mais je ne suis pas du genre à abandonner ».
Depuis la victoire électorale du Rassemblement national avec 31,3% des voix et la décision de dissolution de l’Assemblée nationale prise par Macron, le pays assiste à une accélération du remaniement politique, parfois dans la confusion.
Il semble que la dissolution de l’Assemblée nationale n’ait pas eu d’impact positif sur la popularité de Macron, avec seulement 24% des Français déclarant « avoir confiance » en le président, soit le niveau le plus bas depuis le début de son deuxième mandat en 2022, selon un sondage réalisé dans les jours suivant cette décision.
Divisions à droite
Des divergences importantes sont apparues au sein de l’opposition de droite, avec le camp d’Eric Ciotti s’éloignant de lui en raison de sa proposition d’une alliance sans précédent avec le Rassemblement national (l’extrême droite) et le destituant de la présidence du principal parti conservateur du pays, Les Républicains, mais il refuse pour l’instant de quitter son poste.
Mercredi, il est même allé jusqu’à fermer le siège du parti pour empêcher l’accès aux rebelles venus pour le destituer, et il s’y est rendu aujourd’hui, signifiant ainsi son refus de « jeter l’éponge », déclarant sur la chaîne CNews « Je sais que j’ai la confiance des militants ».
La crise a également conduit à l’évincement du petit parti d’extrême droite Reconquest (Rassemblement national), qui a quand même réussi à envoyer ses premiers députés au Parlement européen dimanche.
Son fondateur, Éric Zemmour – condamné à plusieurs reprises pour incitation à la haine raciale – a écarté la tête de liste européenne Marion Maréchal, nièce de Marine Le Pen, après avoir appelé à voter pour le Rassemblement national concurrent.
Ce parti, engagé depuis plusieurs années dans une stratégie de diabolisation, progresse dans les sondages pour les élections législatives, bien que l’éventualité de son accession au pouvoir suscite des inquiétudes chez une grande partie des Français.
Des manifestations contre l’extrême droite sont prévues en fin de semaine, à l’appel des syndicats et des associations.
Alliance de gauche sans leader
Outre ces dissensions, la gauche française a accompli un exploit en formant une alliance pour les élections législatives quelques jours seulement après sa division lors des élections européennes, en attendant de trouver un consensus sur la personnalité qui dirigera cette alliance.
Les quatre principaux partis de gauche – La France Insoumise, le Parti socialiste, Europe Écologie-Les Verts, et le Parti Communiste – se sont mis d’accord pour répartir les circonscriptions au nombre de 577 et se réunir sous la bannière du « Front populaire », le nom faisant référence à l’alliance formée en France en 1936 et surtout connue pour avoir introduit la première semaine de congé payé dans le pays.
Des tensions au sein de cette alliance ont émergé aujourd’hui, mais semblent s’apaiser, comme l’a déclaré l’un des négociateurs du Parti socialiste à l’Agence France-Presse « Nous y arriverons, il y a de réels progrès ».
Néanmoins, des divergences fondamentales demeurent, et la question de l’identité du prochain Premier ministre en cas de victoire de la gauche le soir du 7 juillet reste sans réponse.
Le candidat présidentiel précédent et chef de « La France Insoumise », Jean-Luc Mélenchon, a déclaré hier qu’il était « capable » de diriger le gouvernement, mais sa personnalité divisée ne fait pas l’unanimité, notamment en raison de ses déclarations sur l’antisémitisme depuis l’attentat « Flood of the Al-Aqsa Mosque » le 7 octobre 2023.
Une électrice de gauche, Florence, a déclaré à l’Agence France-Presse « La France Insoumise enfreint les valeurs socialistes », ajoutant que certains socialistes qui s’opposent à l’idée de s’allier avec le parti de Mélenchon se sentent « trahis ».
En effet, « La France Insoumise » – tout comme Les Républicains en tête des sondages – appelle à des changements profonds dans la diplomatie française.
Le parti d’extrême droite, accusé de proximité avec la Russie, se plaint de l’aide à l’Ukraine et s’oppose à toute adhésion de Kiev à l’Union européenne ou à l’OTAN.
Pour sa part, le parti La France Insoumise demande le retrait de la direction intégrée de l’OTAN et critique l’alliance « obséquieuse » avec les États-Unis.