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La France et le Royaume-Uni ont franchi une étape décisive dans leur défense collective en annonçant une nouvelle phase de coordination de leur dissuasion nucléaire. Lors d’une visite d’État au Royaume-Uni, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont signé une déclaration historique, visant à renforcer leur coopération en matière de dissuasion face aux menaces extrêmes pesant sur l’Europe.
Une coopération renforcée dans la dissuasion nucléaire
Les deux pays ont affirmé que leurs arsenaux nucléaires, tout en demeurant totalement indépendants dans leur processus d’engagement, seraient désormais capables d’une réponse coordonnée en cas de menace grave, notamment si celle-ci mettait en danger les intérêts vitaux de l’un ou l’autre. Selon la déclaration, « tout adversaire menaçant les intérêts vitaux du Royaume-Uni ou de la France pourrait être confronté à la puissance des forces nucléaires des deux nations ».
Une structure de supervision commune sera mise en place. Un « groupe de supervision nucléaire », coprésidé par l’Élysée et le Cabinet Office britannique, aura pour mission de coordonner la politique, les capacités et les opérations nucléaires croissantes des deux pays. Il s’agit d’une évolution majeure, car depuis la déclaration de 1995 connue sous le nom de « Chequers », aucune modification significative n’avait été apportée à leur cadre de coopération dans ce domaine.
Contexte géopolitique et enjeux sécuritaires
Ce rapprochement intervient dans un contexte européen marqué par l’agression de l’Ukraine par la Russie en 2022, qui a sensiblement accru la perception du risque et la nécessité d’une réponse collective renforcée. La détérioration de la sécurité euro-atlantique, notamment l’incertitude croissante concernant l’engagement des États-Unis dans la défense européenne sous la présidence de Donald Trump, a également contribué à cette évolution.
Selon un communiqué officiel, cette nouvelle doctrine de coopération veut répondre à une « menace extrême » sans que cela ne remette en cause la souveraineté de chaque pays sur sa dissuasion. La déclaration précise que « il n’existe aucune menace extrême sur l’Europe qui ne susciterait une réponse des deux pays », sans donner de détails sur la nature précise des actions qui pourraient être entreprises.
Une étape historique dans la défense européenne
Ce rapprochement entre Paris et Londres marque une avancée concrète dans la volonté de deux puissances nucléaires européennes de renforcer leur partenariat face à un contexte géopolitique volatile. La déclaration commune traduit également une volonté de souligner l’indépendance de leur dissuasion, tout en soulignant la nécessité d’une cohérence stratégique en cas de crise majeure.