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Les députés français ont donné leur accord à une loi instaurante un droit à l’aide à mourir pour les personnes atteintes d’une maladie grave et incurable, en phase avancée ou terminale, et confrontées à des souffrances intolérables. Ce texte, adopté le 2 mai par une majorité relative, prépare désormais le terrain pour des débats approfondis à l’Assemblée nationale à partir du 12 mai.
Un texte clé pour la fin de vie
Le projet de loi, porté par le député Olivier Falorni du groupe MoDem, vise à légaliser l’aide à mourir, autorisant les patients concernés à recevoir ou s’administrer eux-mêmes une substance létale. Ce droit aurait pour but de soulager ceux qui ne supportent plus leurs douleurs physiques ou psychologiques liées à une affection grave et incurable mettant en jeu leur pronostic vital.
Adopté en première lecture par 28 voix contre 15 et une abstention, le texte a reçu le soutien de la majorité des députés de gauche et des groupes macronistes, tandis qu’il a été vigoureusement combattu par les représentants du Rassemblement national (RN) et des Républicains (LR).
Les critères d’éligibilité et l’équilibre du texte
Le texte définit cinq critères cumulatifs pour prétendre à l’aide à mourir :
- Être majeur (au moins 18 ans) ;
- Être Français ou résident en France ;
- Souffrir d’une affection grave et incurable, engageant le pronostic vital en phase avancée ou terminale ;
- Présenter une souffrance physique ou psychologique réfractaire aux traitements ou insupportable ;
- Être apte à exprimer sa volonté libre et éclairée.
Initialement, le projet prévoyait que le pronostic du patient soit engagé à court ou moyen terme, sans que la notion de « moyen terme » soit précisément définie. La commission des affaires sociales, ainsi que les rapporteurs, ont veillé à conserver un équilibre dans le texte, n’adoptant que 68 amendements sur plus de mille proposés.
Par ailleurs, les députés ont choisi de laisser au patient le libre choix entre l’autoadministration du produit létal ou son administration par un professionnel de santé volontaire, contrairement au texte initial qui limitait l’administration par un tiers aux seuls cas où le patient ne pouvait physiquement procéder lui-même à l’acte.
Collégialité de la décision et débats parlementaires
La question de la collégialité dans la prise de décision demeure un sujet sensible. Actuellement, le médecin consulté par le patient décide seul de son éligibilité à l’aide à mourir, après avoir recueilli l’avis d’au moins un autre médecin et d’un autre soignant. Ce point doit encore être discuté en commission avant l’examen en séance.
Des députés du groupe LR, tels que Philippe Juvin, Thibault Bazin, Patrick Hetzel et Justine Gruet, ont mis l’accent sur la nécessité d’inscrire clairement les termes « euthanasie » et « suicide assisté » dans le texte, estimant que la procédure manque de garanties suffisantes, notamment en matière de délais, de recours, de contrôle, et de formalisation écrite.
Le Rassemblement national s’est fermement opposé à la création d’un délit d’entrave pénalisant ceux qui empêcheraient ou tenteraient d’empêcher la mise en œuvre du droit à mourir.
Positions divergentes et enjeux sociaux
À gauche, certains députés, comme Danielle Simonnet du groupe Écologiste et social, ont tenté d’élargir le champ du droit à l’aide à mourir, notamment en prônant la possibilité de formuler ce choix dans des directives anticipées, proposition qui n’a pas été retenue.
En parallèle, la commission des affaires sociales avait validé à l’unanimité une proposition de loi consacrée aux soins palliatifs, portée par Annie Vidal (Renaissance), destinée à accompagner les malades en fin de vie, un texte complémentaire qui sera examiné conjointement avec celui sur l’aide à mourir lors des débats à venir.
Les discussions en hémicycle débuteront le 12 mai pour une durée de deux semaines, avec une séance de discussion générale commune suivie de deux votes solennels prévus le 29 mai, qui marqueront une étape majeure dans la législation française sur la fin de vie.