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François Ruffin : entre espoir et défis politiques en France

by Sara
François Ruffin : entre espoir et défis politiques en France
France

Quand le passé est source de douleur, il est parfois nécessaire de regarder vers l’avenir. Voilà un an que François Ruffin avance, fidèle à lui-même, entre assurance et doutes, toujours en marge des grands partis politiques français. Il cultive son ambition et développe ses réseaux, tandis que ses partisans assurent que sa parole, devenue plus puissante, suscite désormais espoir et attentes dans le paysage politique.

Chemin de croix et tensions internes

À la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, François Ruffin se retrouve marginalisé dans le cadre politique qu’il a contribué à initier. Guillaume Lacroix, dirigeant du Parti radical de gauche (PRG), se souvient d’un échange téléphonique confus avec le député picard qui cherchait du soutien pour son ambition de diriger un « Front Populaire ». Malgré son rôle d’intermédiaire entre Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon lors de la création de la Nupes, Lacroix doute d’être l’appui le plus efficace pour Ruffin.

Confronté à la nécessité de rompre avec La France insoumise (LFI) à l’entre-deux-tours et à la menace de l’extrême droite dans sa circonscription, Ruffin reste concentré sur sa réélection dans la Somme. Après sa victoire étroite, il partage un déjeuner avec Stéphane Troussel, président socialiste de la Seine-Saint-Denis, affichant une certaine fragilité liée à la campagne et à sa rupture avec LFI, qui l’a laissé dépourvu de soutien organisé.

Les tensions avec ses anciens camarades insoumis sont vives. Lors de la Fête de l’Humanité 2024, Ruffin est copieusement hué par des militants LFI lors d’un débat, sa rupture avec Mélenchon étant encore ressentie comme une trahison. Son livre Itinéraire. Ma France en entier, pas à moitié a ravivé les blessures, et son rejet par LFI est manifeste : il est ignoré dans les couloirs de l’Assemblée et certains groupes locaux sont purement « débranchés » par la direction du parti, avec cinquante militants exclus pour avoir refusé de rompre avec lui.

Les soutiens et les critiques

François Ruffin a trouvé certains soutiens, notamment chez Sophie Taillé-Polian, députée Génération.s du Val-de-Marne, qui l’a remarqué dès 2019 lors d’un meeting contre la privatisation d’Aéroports de Paris. Elle loue sa sincérité, sa pédagogie et son exigence. Avec d’autres alliés écologistes, elle a encouragé la création d’un espace politique pour Ruffin et ses proches, qui ne se retrouvent plus dans la Nupes.

Cependant, la fin de l’année 2024 a vu l’impatience grandir parmi ces alliés. Ruffin est jugé plus discret et moins influent que d’autres transfuges de LFI, avec une image perçue comme peu collaborative. Son film documentaire Au Boulot !, co-réalisé avec Gilles Perret, connaît un beau succès en salles avec près de 200 000 spectateurs, et lui permet de renouer avec des territoires provinciaux et anciens camarades sous un jour moins clivant.

Pourtant, malgré cette tournée, ses proches le pressent de revenir à Paris pour s’impliquer davantage dans la politique nationale. À une rencontre organisée en janvier 2025 à l’Assemblée, Ruffin insiste sur son besoin d’aide technique et de collaboration pour porter ses sujets, entouré d’élus écologistes, socialistes, communistes et ex-insoumis. Alexis Corbière rappelle la nécessité d’une aventure collective avec un « capitaine d’équipe » pour penser la stratégie, une idée que Ruffin semble intégrer.

En mars 2025, lors d’une réunion stratégique, on constate une majorité de socialistes (« roses ») par rapport aux écologistes (« verts »). Le groupe cherche à définir des éléments de langage et une stratégie pour s’installer durablement dans l’opinion publique de gauche. Si certains concurrents doutent de la sincérité des soutiens de Ruffin, d’autres parlent d’une véritable « Auberge espagnole » politique où cohabitent diverses influences.

François Ruffin, député et réalisateur, lors d'une séance photo à Paris le 15 octobre 2024.

Marqué par sa campagne législative de juin 2024 et sa rupture d’avec LFI, le député de la Somme tente de rebondir.
© JOEL SAGET/AFP

Résurrection politique et contradictions

François Ruffin, longtemps considéré comme « fini » par certains insoumis et « insaisissable » par d’autres leaders de gauche, se manifeste de nouveau publiquement le 1er avril 2025 à Montreuil. Il affirme clairement sa présence sur la scène politique et son engagement pour un « moment venu ». Alexis Corbière l’accompagne, appelant à une unité forte et à un candidat unique à gauche pour 2027, salué par plusieurs écologistes, socialistes et communistes.

Cependant, l’absence de figures clés comme Lucie Castets, autre personnalité du Nouveau Front Populaire, témoigne des tensions persistantes. Son équipe souligne un certain éloignement de Ruffin, qui ne semble pas toujours traiter ses partenaires avec la proximité attendue. Marine Tondelier, écologiste, critique le manque de diversité dans son public, tandis que des discussions s’engagent avec Génération.s, Picardie Debout ! et L’Après pour accélérer l’unification des forces de gauche, une démarche critiquée par certains au sein de ces mouvements.

Malgré les critiques, Ruffin continue sa progression, observant les mouvements de ses concurrents et sondant les lignes politiques, notamment au Parti socialiste. Il dialogue avec Olivier Faure, qui se veut rassurant quant à la volonté d’un candidat commun et au refus d’une politique sociale-libérale. Ruffin nourrit aussi ses échanges avec Stéphane Troussel, qu’il encourage à être « vraiment social et démocrate ».

Sur le plan idéologique, il se réfère à Maurice Kriegel-Valrimont, figure communiste résistante, pour souligner sa méfiance envers le socialisme traditionnel. Il a également engagé des débats avec des intellectuels comme Raphaël Glucksmann et entretient des contacts avec François Hollande, qui l’a invité à son podcast, sans que le moment ne soit encore jugé opportun.

Les relations avec le Parti communiste restent délicates : Fabien Roussel note des convergences sur le social mais des divergences sur l’industrie et l’écologie. Son poulain Léon Deffontaines tente de rapprocher les deux hommes sans succès pour l’instant. Clémentine Autain, autre figure à gauche, réalise un tour de France parallèle, observant une popularité comparable à celle de Ruffin auprès des classes populaires. Une bataille d’influence silencieuse est en cours, avec un avenir incertain quant à une possible convergence.

Ouverture internationale et préparation futuriste

Un expert rappelle que l’intérêt d’un député pour les questions internationales marque souvent une volonté d’élargir son influence. François Ruffin, longtemps critiqué pour son positionnement hésitant sur la guerre en Ukraine et son silence relatif sur le conflit israélo-palestinien, a cherché à progresser dans ce domaine. Il a sollicité l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) et bénéficie des conseils réguliers du géopolitologue Pascal Boniface pour comprendre les enjeux mondiaux.

Ce travail l’a conduit à un engagement plus affirmé sur le Proche-Orient, suivant les recommandations de son mentor. Ses proches assurent qu’il continue de se préparer sérieusement à de nouveaux défis politiques, tandis que ses détracteurs relèvent ses doutes récurrents.

Sébastien Jumel, ami fidèle et soutien de Ruffin, résume la situation : « La certitude enferme, mais il ne faut pas que le doute soit paralysant. Là, j’ai l’impression que François Ruffin s’est stabilisé. » Le député de la Somme porte désormais sa croix, entre la pression de ses adversaires et ses propres contradictions intérieures.

source:https://www.lexpress.fr/politique/francois-ruffin-comment-il-a-vexe-lucie-castets-ecoute-pascal-boniface-et-dit-non-a-francois-RTTAYKTANNCFTAGEQICZSRW7HQ/

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