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Gabriel Garcia Marquez et son Voyage dans l’Europe Socialiste
Comme il s’est distingué dans l’écriture romanesque, l’auteur colombien disparaître, Gabriel Garcia Marquez, s’est également fait connaître pour son travail journalistique. En effet, il a été correspondant pour plusieurs journaux et magazines, et sa capacité à observer les détails des événements, souvent avec une touche d’humour, se révèle dans son ouvrage intitulé « Voyage aux pays socialistes : 90 jours derrière le rideau de fer », publié en 2024 dans sa traduction arabe par les Éditions Al-Tanweer, traduite par Wadih Mahmoud.
C’est à Paris, où il travaillait pour le journal vénézuélien Memento, que Marquez a entrepris un voyage à travers les pays socialistes, accompagné de deux compagnons : Franco, un Italien passionné de voyages et correspondant occasionnel pour des journaux à Milan, et Jacqueline, une Française d’origine sino-indienne, qui travaille comme designer dans un magazine parisien.
Une Influence Politique Significative
Le voyage, que Marquez a décrit comme ayant influencé ses pensées politiques de manière décisive, débuta à l’été 1957 en Allemagne de l’Est, puis en Pologne et en Tchécoslovaquie, se concluant par la participation au sixième Festival international de la jeunesse à Moscou. Au cours de ce périple, il a rencontré divers individus et responsables d’État, ce qui a conduit à la rédaction de dix chapitres publiés successivement dans le magazine colombien Cromos entre juillet et septembre de la même année. Dans ces écrits, il évoque avec sincérité et clarté ce qu’il a vu et vécu dans ces pays, intégrant ses observations sur leur réalité sociale, économique et politique.
Il semble que la franchise de son récit lui ait valu la colère de nombreux communistes, qui l’ont accusé de collaborer avec le capitalisme et les États-Unis.
Une Réalité Amère sous le Rideau de Fer
Cette odyssée se déroule dans un contexte historique important, où les séquelles de la Seconde Guerre mondiale étaient visibles dans les pays visités. En suivant le parcours d’un des journalistes les plus brillants au monde, le lecteur découvre la réalité du socialisme, non pas comme un rêve, mais plutôt à travers ses conséquences sur la vie quotidienne, où tout semblait ancien et délabré, y compris les gens eux-mêmes.
Le Rideau de Fer : Une Illusion
Gabriel Garcia Marquez entame son récit en décrivant ses premières impressions des pays socialistes. Il souligne que la propagande occidentale, qui a duré douze ans, a fait croire que le simple rideau de fer, peint en rouge et blanc, séparait les deux mondes, alors que, selon lui, « le rideau de fer n’est ni un rideau ni en fer ». Il observe également que la zone neutre entre ces deux mondes, s’étendant sur 800 mètres, était désolée, contrairement à ce que la propagande occidentale prétendait.
Le colombien se remémore un moment marquant où, dans un restaurant près d’une station-service en route vers Berlin, il a vu près de cent hommes et femmes, aux visages hébétés et aux vêtements usés, dévorer avec frénésie des portions de pommes de terre, de viande et d’œufs, dans une ambiance de silence assourdissant empreinte de désespoir.
Berlin : Une Ville Illusoire
À Berlin-Ouest, Marquez ne trouve pas une ville européenne, mais plutôt une ville illusoire. Selon lui, les Américains ont effacé tout ce qui a précédé pour créer une nouvelle image, transformant la ville, située au cœur du socialisme, en une imitation de New York. Il note que de nombreux touristes américains visitent Berlin chaque été pour acheter des produits importés à un prix plus bas qu’à New York.
Dans les boutiques et les restaurants, l’anglais domine, mettant de côté la langue locale, créant ainsi une « énorme agence de publicité capitaliste ». En revanche, l’est de Berlin lui apparaît comme un lieu où les séquelles de la guerre sont encore visibles, avec des logements en désolation et une population vivant dans des conditions précaires.
Des Rencontres Révélatrices
Au-delà de Berlin, Marquez témoigne d’une vie marquée par le désespoir. Lors d’une visite à un club à Leipzig, un serveur lui confie que sa vie dans un camp de concentration était plus joyeuse que sa situation actuelle. Il évoque également ceux qui, dépossédés de leurs biens, espèrent la chute du régime pour retrouver une vie de bourgeoisie perdue sous le règne d’Hitler.
Prague, Une Vitalité Inattendue
Gabriel Garcia Marquez, avec son regard journalistique aiguisé, décrit Prague comme une ville dynamique où le quotidien des habitants ne semble pas différent de celui des pays capitalistes. Contrairement à Leipzig et Berlin-Est, Prague est empreinte de vie, avec une activité économique florissante. Les industries locales, selon ce qu’on lui a dit, exportent des bus et des machines agricoles à travers le monde.
Pologne : Une Fierté Nationale
Dans sa prochaine escale en Pologne, Marquez observe les conséquences de la guerre et la fierté des Polonais. Ils continuent de lire pour remplir leur temps, même dans des files d’attente, et essaient de vivre avec dignité malgré la pauvreté. Il conclut que comprendre ce que veulent vraiment les Polonais est complexe, car leur sensibilité est à la fois aiguë et rationnelle.
Moscou : Une Villégiature Contrastée
En route vers Moscou, Marquez décrit les trains ponctuels et leurs wagons luxueux, contrastant fortement avec la qualité médiocre des bagages des voyageurs. Il admire la richesse culturelle de la Russie, ses 105 langues et sa vaste population, sans y trouver une seule publicité pour des marques comme Coca-Cola. Dans la capitale russe, il découvre un peuple avide d’amitié, loin des stéréotypes véhiculés par la presse capitaliste.