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Gaël Perdriau, procès sextape, Saint-Étienne : le maire de Saint-Étienne a pris la parole mardi au deuxième jour de son procès devant le tribunal judiciaire de Lyon, rejetant toute méthode illégale et affirmant avoir été surpris par les révélations médiatiques qui ont secoué la vie politique stéphanoise.
Gaël Perdriau, procès sextape, Saint-Étienne
Le maire de Saint-Étienne était attendu : après les auditions de Gilles Rossary-Lenglet et de l’ancien directeur de cabinet Pierre Gauttieri, c’est Gaël Perdriau qui a été entendu mardi au tribunal correctionnel de Lyon dans le cadre du procès dit du chantage à la « sextape » qui dure depuis trois ans.
Lors de son audition, il a insisté sur son engagement municipal et nié avoir recours à des méthodes illégales. « Depuis 30 ans cette année, je me consacre aux Stéphanois. J’en ai fait le socle de ma vie », a-t-il déclaré. Il a ajouté : « Me retrouver devant vous est une épreuve. Jamais je ne me suis engagé en politique pour vivre ça, jamais je n’ai employé de méthodes hors la loi en politique, ce n’est pas ce qu’on vient d’entendre depuis deux jours. La politique, ce n’est pas ça. »
« Vous savez que Gilles Rossary-Lenglet nous a formé à la politique et qu’on sait que tout est manipulation dans les déclarations. »
Interrogé par la présidente sur qui mentait, il a répondu sans détour : « Gilles Rossary-Lenglet ». Le maire a expliqué l’avoir rencontré « deux fois dans ma vie, c’est un peu court » et a estimé que certains règlements de comptes privés avaient entraîné des accusations le concernant : « Il règle visiblement ses comptes avec Samy Kéfi-Jérôme. Pierre Gauttieri aussi, qui entretient des relations autres que politiques avec Gilles Rossary-Lenglet. Je me sens une victime collatérale de sujets qui n’ont rien à voir avec la politique et la ville de Saint-Étienne. »
À propos de son ancien premier adjoint, victime du chantage, Gaël Perdriau a déclaré : « J’ai une pensée pour Gilles Artigues, ce sont des méthodes abjectes ». Il a également dénoncé le traitement médiatique de l’affaire : « J’ai entendu beaucoup de mensonges ces dernières années, dans les médias, toujours à charge, qui m’ont rendu la vie difficile pendant trois ans. »
La vidéo : « Je n’en suis pas à l’origine »
Sur la vidéo utilisée pour faire chanter Gilles Artigues, le maire a affirmé : « je n’en suis pas à l’origine ». Il a dit l’avoir vue « pour la première fois hier quand vous l’avez diffusé et je ne l’ai jamais utilisée ». Confronté à la surprise suscitée par l’article de Mediapart, il a résumé sa sidération : « Je tombe de l’armoire, terrassé de ce que je lis, je ne comprends pas. »
La présidente a interrogé Gaël Perdriau sur des déclarations médiatiques antérieures, notamment la phrase rapportée : « je ne sais pas si c’est avec un homme, un gang bang ou une partouze ». Le maire a expliqué ces mots par la pression médiatique : « Ce que je veux dire c’est que je ne connais pas cette vidéo. J’étais assailli par les médias et j’ai ces mots malheureux ».
La présidente a exprimé des doutes sur la sincérité de sa défense, en particulier sur le fait qu’il n’aurait pas préparé ses réponses ni via un groupe Signal, contrairement aux propos tenus par Pierre Gauttieri. Gaël Perdriau a reconnu la pression : « J’ai mal maîtrisé devant la pression. Dès le premier instant dans l’instruction, il fallait que je sois coupable. Ou insincère ».
Liens entre protagonistes et question de l’article 40
Le maire a réaffirmé que, selon lui, l’opération s’était montée à son insu et a décrit des rivalités personnelles entre les protagonistes : « Ils sont irresponsables ! Samy Kéfi-Jérôme, c’est l’ambition politique. Gilles Rossary-Lenglet, c’est pour se venger de Samy avec qui ils ont un pacte. Et je pense que Pierre Gauttieri a des ressentiments très forts contre Gilles Artigues, il en a parlé tout à l’heure, il a vécu les rumeurs lancées par Gilles Artigues comme une humiliation suprême. »
Sur sa vigilance, il a concédé : « Tout le monde pense à ses intérêts personnels plutôt qu’à l’intérêt général ou à moi. Je passe 95% de mon temps dehors alors que Pierre Gauttieri passait 100% de son temps à la mairie. J’ai sans doute manqué de vigilance ».
Interrogé sur le fait de ne pas avoir signalé la vidéo à la justice, comme le prévoit l’article 40 du Code pénal pour les agents publics lorsqu’ils constatent un délit, Gaël Perdriau a répondu : « Pour moi, il est consentant et si j’en parle, je dévoile des choses. D’ailleurs son meilleur ami non plus n’a jamais rien dit, pas fait d’article 40 alors qu’il sait qu’une vidéo existe en 2018. Il y a aussi un policier qui est au courant et qui n’a rien fait ».
Le procès, qui réunit huit prévenus, s’est ouvert lundi matin devant le tribunal judiciaire de Lyon ; le maire de Saint-Étienne est notamment jugé pour « chantage » et « association de malfaiteurs » mais a toujours nié ces accusations.