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Dans un vaste entrepôt réaménagé au cœur d’une zone industrielle du sud d’Israël, des centaines de militaires américains et israéliens, des officiers de sécurité arabes, des diplomates occidentaux et des acteurs humanitaires travaillent côte à côte pour esquisser l’avenir de Gaza — sans représentation palestinienne. Ces réunions quotidiennes, organisées dans un centre de coordination civilo-militaire, soulèvent des questions politiques et diplomatiques majeures sur la légitimité et la viabilité des plans en cours.
Un centre de coordination hors du territoire palestinien
Installé à Kiryat Gat, à environ 13 miles de la frontière de Gaza, le centre organise des sessions quotidiennes dirigées par de hauts responsables américains. Les thèmes abordés vont du renseignement à l’aide humanitaire, en passant par la gouvernance civile post-conflit.
Les discussions se tiennent souvent « à des tables ouvertes » avec des tableaux blancs, selon un diplomate, et couvrent des sujets sensibles tels que :
- la sécurité et le désarmement;
- la gouvernance et l’administration locale;
- la gestion des ressources, notamment les eaux;
- les plans de reconstruction et de relogement.
Mission officielle et ambitions politiques
Officiellement, la mission du centre est de consolider un fragile cessez-le-feu entre Israël et le Hamas. Mais les équipes sont également chargées d’élaborer des scénarios ambitieux pour la reconstruction de Gaza après la guerre.
Ces plans s’inspirent en partie d’une proposition en vingt points portée par l’administration de l’ancien président américain, laquelle préconise le désarmement du Hamas et la reconstruction sous l’égide d’une nouvelle autorité palestinienne.
Organisation et acteurs impliqués
Le travail quotidien est supervisé par une équipe dirigée par Arié Lichtstone, ancien conseiller au sein de l’administration américaine, chargé d’élaborer une « vision stratégique » pour Gaza.
Parmi les participants figurent des officiers et diplomates venus de dizaines de pays, dont :
- les États-Unis ;
- le Canada ;
- l’Allemagne ;
- les Émirats arabes unis ;
- Singapour, et d’autres.
Le degré d’expertise varie : certains apportent une expérience considérable de la région, tandis que d’autres doivent suivre des sessions d’initiation, comme une présentation intitulée « Qu’est‑ce que le Hamas ? » destinée aux nouveaux arrivants.
Projets controversés : « communautés alternatives » et relogement
Des documents internes montrent que le centre travaille sur des scénarios de « communautés sûres alternatives », envisageant la création de nouveaux ensembles résidentiels pour reloger des Palestiniens sur des territoires sous contrôle israélien.
L’objectif affiché est de créer des environnements stables et attractifs. Mais des diplomates avertissent que ces idées risquent d’ouvrir la porte à une partition permanente de Gaza si elles sont imposées sans accord palestinien.
Aide humanitaire et limites du contrôle
Israël conserve l’autorité effective sur de nombreux dossiers civils, notamment par l’intermédiaire du coordinateur des affaires gouvernementales dans les territoires.
Les autorités américaines cherchent à intégrer la distribution de l’aide humanitaire sous l’égide du centre. Le capitaine Tim Hawkins, porte‑parole du commandement central américain, affirme qu’environ 800 camions d’aide entrent chaque jour à Gaza.
Toutefois, le rapport note que l’influence réelle du centre sur la logistique humanitaire reste limitée et incomplète.
Réminiscences d’autres interventions américaines
Plusieurs participants établissent des parallèles gênants avec les expériences américaines en Iraq et en Afghanistan. La vision de soldats américains planifiant la reconstruction rappelle des projets de reconstruction antérieurs qui ont souvent échoué.
Certains estiment que l’approche actuelle ranime des souvenirs de plans imposés de l’extérieur, sans appropriation locale suffisante.
Absence des Palestiniens et critiques diplomatiques
Un point central et fortement critiqué est l’absence de représentation palestinienne officielle dans les débats qui façonnent l’avenir de Gaza.
Des diplomates mettent en garde : « toute vision qui n’inclut pas les Palestiniens est vouée à l’échec ». Ce manque de participation soulève des doutes sérieux sur la légitimité et la durabilité des solutions envisagées.
Visites médiatiques et images du processus

Des visites orchestrées de hauts responsables, dont le vice-président américain J.D. Vance et le sénateur Marco Rubio, ont offert rares aperçus du fonctionnement interne du centre.
Lors d’une présentation, des officiers américains ont exposé une première ébauche d’une future police palestinienne pour Gaza, tandis que des cartes colorées illustraient les zones de contrôle israélien et du Hamas et les lignes de retrait envisagées.
Un cessez‑le‑feu fragile et une feuille de route incertaine
Le cessez‑le‑feu soutenu par les États‑Unis a mis fin à une guerre dévastatrice qui a duré plus de deux ans, mais il n’a pas réglé le conflit de fond.
Washington pousse pour une avancée vers l’étape suivante de la feuille de route proposée, qui prévoit le désarmement du Hamas, le déploiement d’une force de stabilisation internationale et la reconstruction des zones désormais sous contrôle israélien.
Reste la question la plus pressante : dans quelle mesure peut‑on dessiner l’avenir de Gaza sans la participation effective des Palestiniens ?