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Le voyage annuel des maires genevois à Copenhague crée des divisions au sein des élus. Alors que 132 personnes sont attendues, le choix du transport aérien suscite des critiques, notamment parmi les élus écologistes, certains refusant même de participer à cette rencontre politique importante.
La capitale danoise, reconnue pour son exemplarité en matière de mobilité douce, accueille du 9 au 11 mai les exécutifs des 45 communes genevoises, le gouvernement cantonal ainsi que les directions des régies publiques dans le cadre du traditionnel voyage des maires.
Un déplacement au cœur des tensions
Organisé par l’Association des communes genevoises (ACG), ce voyage est une opportunité de renforcer les liens entre élus et d’avancer sur divers dossiers. Cependant, le choix de Copenhague comme destination a soulevé une polémique, principalement à cause du recours à l’avion pour s’y rendre.
Contrairement aux précédents voyages qui privilégiaient le train ou le bus vers des villes comme Turin, Lucerne, Strasbourg ou Zurich, ce déplacement nécessite une liaison aérienne, faisant de cette édition un véritable casse-tête pour plusieurs élus soucieux de limiter leur empreinte carbone.
- 132 participants inscrits, un chiffre stable par rapport aux années précédentes.
- Deux tiers des élus Verts ont décidé de boycotter l’événement pour des raisons écologiques.
- Un avion Swiss sera affrété spécialement pour ce voyage, sans vols à vide.
Une démarche alternative portée par Vernier
Face à ce dilemme, les trois magistrats de Vernier – Martin Staub (PS), Gian-Reto Agramunt (PLR) et Mathias Buschbeck (Verts) – ont choisi une solution plus écologique : un trajet en train d’environ 37 heures aller-retour, en cohérence avec leurs engagements environnementaux.
Mathias Buschbeck souligne : « Nous demandons à notre administration d’éviter les trajets professionnels en avion. Vu l’importance des dossiers à traiter lors de cet événement, le train s’est avéré la solution la plus raisonnable. »
Ils seront accompagnés dans ce périple par deux élues non affiliées à un parti politique, Karen Guinand, adjointe au maire de Genthod et membre du comité de l’ACG, ainsi qu’Anne-Catherine Hurny, conseillère administrative à Bellevue.
Rejet et regrets au sein de la classe politique
De nombreux élus, notamment ceux de communes affectées par les nuisances aéroportuaires, ont choisi de ne pas participer à ce voyage. Alfonso Gomez, maire de la Ville de Genève et vice-président de l’ACG, exprime son opposition : « Participer à un voyage réunissant plus de 130 personnes qui prennent un avion va à l’encontre des engagements climatiques que nous avons pris. »
Il déplore également que la finalité du voyage—favoriser les échanges informels—puisse se faire ailleurs sans recourir à l’avion et dénonce le fait que cette proposition cible des communes engagées dans la lutte contre les nuisances aéroportuaires.
Seule Marie Barbey-Chappuis, autre magistrate de la Ville de Genève, assume sa présence, estimant que cet événement est important pour défendre les intérêts de la cité et pour les visites qui peuvent en découler.
La maire de Carouge, Stéphanie Lammar, partage ce point de vue mais regrette le mode de déplacement : « Il y aura forcément des absents, ce qui est dommage, car ces rencontres sont essentielles. »
Un choix contesté et un coût assumé
Maryam Yunus Ebener, présidente des Verts genevois, déplore que l’ACG ait « délibérément choisi une destination qui contraindrait certains élus à renoncer ». Elle critique le recours à l’avion pour un week-end, alors que des alternatives comme Venise, plus proches, avaient été envisagées.
Karine Bruchez, maire d’Hermance et présidente hors parti de l’ACG, explique que le choix s’est fait parmi plusieurs propositions incluant au moins une destination accessible en train, en car, et en avion. « Le choix a été fait en connaissance de cause. »
Pour assurer le déplacement aérien, un avion de la compagnie Swiss a été affrété spécialement, avec la garantie qu’il ne réalisera aucun vol à vide. Le coût du voyage est estimé à environ 2 300 € par personne en chambre double, pris en charge par les communes et instances participantes. Ce tarif inclut le transport, l’hébergement, les repas, les visites, ainsi qu’une compensation de 50 % des émissions de CO₂ par l’achat de carburant d’aviation durable.