À Nîmes, à partir du 6 octobre, un seul des 51 accusés sera jugé en appel dans l’affaire dite des viols de Mazan, et Gisèle Pelicot sera présente pour aller au bout de ce dossier. « Elle se serait bien passée de cette épreuve » : Gisèle Pelicot de nouveau face à un de ses violeurs présumés, rejugé en appel. Le procès, qui suit le retentissement international de l’affaire, se tient devant la cour criminelle de Vaucluse avec des jurés populaires et plus de 100 journalistes accrédités.
Gisèle Pelicot présente au procès en appel à Nîmes
Gisèle Pelicot, 72 ans, a été droguée aux anxiolytiques pendant une décennie par son ex-mari, puis violée par celui-ci et des dizaines d’hommes recrutés sur internet, principalement dans leur maison de Mazan (Vaucluse). Contrairement au premier procès à Avignon où, pendant quatre mois, Mme Pelicot faisait face chaque jour à une cinquantaine d’hommes accusés, elle se retrouvera cette fois-ci face au seul Husamettin D., qui comparaîtra libre lors de ce procès en appel qui doit durer trois ou quatre jours seulement. Un de ses trois enfants, Florian, sera à ses côtés pour la soutenir, selon Me Camus. « Je ne suis pas un violeur, c’est un truc trop lourd à porter pour moi. C’est son mari, j’ai jamais pensé que ce type-là, il pouvait faire ça à sa femme », s’était défendu cet ouvrier du bâtiment de 44 ans lors du premier procès. En première instance, Dominique Pelicot était également une figure centrale: le septuagénaire conteste farouchement le rôle qui lui est assigné et sera entendu comme témoin lors de l’appel. Il a été condamné à 20 ans de prison et aura donc pour ce nouveau procès le statut de témoin uniquement.

Pour ce nouveau procès, Dominique Pelicot sera extrait de prison et entendu comme témoin l’après-midi du deuxième jour d’audience. « Il n’est pas question pour Dominique Pelicot de changer d’optique ou de posture » lors du procès en appel, a expliqué à l’AFP son avocate Béatrice Zavarro, rappelant les premiers mots de son client à Avignon: « Je suis un violeur et tous les hommes dans cette salle sont des violeurs ». Plus largement, l’affaire Mazan avait regroupé jusqu’à 50 coaccusés dans le premier volet et avait suscité un vaste débat sur le consentement et la définition du viol.
Des débats autour du consentement et de la procédure
Husamettin D., lui, « entend maintenir son appel en intégralité, tant sur la question de sa responsabilité pénale que sur la peine », confiait en juin son avocate, Sylvie Menvielle, rejointe pour l’appel par le pénaliste Jean-Marc Darrigade. En première instance, Husamettin D. avait été condamné à neuf ans de prison mais avait bénéficié d’un mandat de dépôt différé pour raison de santé. De son côté, Dominique Pelicot sera entendu comme témoin et a été décrit comme le personnage central du dossier, contredisant les accusations portées contre lui. Le récit initial a aussi été rappelé que, lors du premier procès, les premiers mots de son client avaient été: « Je suis un violeur et tous les hommes dans cette salle sont des violeurs ». Pour ce nouveau procès, plus de 100 journalistes sont accrédités, signe de l’attention médiatique internationale autour de Mazan. Le dossier a aussi été alimenté par des éléments sur la dynamique des victimes et des témoins, et l’affaire continue de nourrir le débat sur la protection des victimes et le consentement.

Le récit des faits et les témoignages publiés à l’époque avaient mis en évidence que la majorité des coaccusés avaient été condamnés, avec des peines allant de trois ans à 15 ans de réclusion, et que l’affaire avait largement dépassé les frontières françaises en raison de son retentissement médiatique et des débats sur le consentement et la manipulation.