Accueil ActualitéGuerre commerciale Trump : l’industrie auto de Windsor en crise

Guerre commerciale Trump : l’industrie auto de Windsor en crise

par Sara
Canada

À Windsor, ville canadienne de l’Ontario, l’industrie automobile, pilier de l’économie locale, est secouée par la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump. L’imposition de droits de douane de 25 % sur les véhicules importés menace les emplois et inquiète ouvriers comme responsables politiques, à la veille des élections législatives anticipées du 28 avril au Canada.

Usine Stellantis de Windsor

Une industrie automobile en première ligne

Il est 15h15 dans l’usine Stellantis de Windsor, où l’activité reprend après plusieurs semaines d’arrêt. Ce site, qui assemble notamment des minivans Chrysler et des Ford Mustang, n’avait pas connu un tel mouvement depuis le chômage technique massif du 3 avril, qui a touché près de 4 000 salariés. Ces derniers sont parmi les premières victimes des taxes américaines instaurées par Donald Trump, visant à protéger la production locale aux États-Unis.

Windsor, située à la frontière avec Détroit (Michigan), est un bastion historique de l’industrie automobile canadienne. Le Premier ministre Mark Carney, lors d’une récente visite, a assuré que le Canada soutiendrait ses ouvriers avec un plan de 1,3 milliard d’euros pour aider le secteur, selon la radio CBC. Néanmoins, les salariés de Stellantis restent inquiets, estimant que la riposte dépendra des résultats des prochaines élections.

Blaise Desaulniers avec son père Denis à l'usine Chrysler de Windsor

Un secteur vital pour les familles et la communauté

Denis Desaulniers, ouvrier chez Chrysler depuis plus de 30 ans, témoigne des aléas du métier. Même si des arrêts temporaires ont déjà eu lieu par le passé, notamment pendant la pandémie, l’incertitude actuelle est inédite. Après l’annonce de la hausse des droits de douane, la production a été suspendue, laissant les ouvriers en chômage partiel à 70 % du salaire pendant plusieurs semaines.

Pour les familles comme les Desaulniers, l’industrie automobile est une véritable tradition. Blaise, fils de Denis, a récemment rejoint l’entreprise, devenant la troisième génération à travailler à l’usine. Le métier est difficile, avec des journées de huit heures à assembler des pièces, mais les salaires sont attractifs : environ 27 euros de l’heure, soit plus du double du salaire minimum en Ontario.

Une menace tangible sur les emplois

Les emplois à Stellantis sont très demandés, avec jusqu’à 6 000 candidatures pour seulement 60 postes ouverts. Malgré cette forte concurrence, la guerre commerciale fait peser une menace réelle de licenciements. Après les taxes sur les véhicules, les droits de douane sur les pièces détachées, entrés en vigueur début mai, compliquent encore davantage la chaîne d’approvisionnement transfrontalière.

Denis Desaulniers explique : « Certaines pièces traversent la frontière entre les États-Unis et le Canada jusqu’à six ou sept fois. Imaginez si des taxes s’ajoutent à chaque passage ». Chez Ford, un autre géant de l’industrie à Windsor, les commandes ralentissent et la crainte d’une baisse d’emploi grandit, selon Chad Lawton, représentant syndical.

Une économie locale fragilisée par l’incertitude

Face à cette situation, les habitants ajustent leurs dépenses, redoutant un avenir instable. Derek Gungle, ouvrier chez Stellantis, a notamment reporté l’achat d’une nouvelle voiture. Cette prudence financière a des répercussions sur les commerces locaux, comme l’explique John D’Agnolo, président syndical : « Si tout le monde se serre la ceinture, ce sont des restaurants et d’autres entreprises qui souffrent ».

Le maire Drew Dilkens et des commerçants comme Linda Deneweth, propriétaire d’un café, confirment que l’incertitude liée aux droits de douane freine les investissements et fragilise l’économie locale. Le secteur automobile génère environ 40 000 emplois indirects à Windsor, et son déclin risquerait de transformer la ville en « ville fantôme » selon John D’Agnolo.

L’espoir d’un avenir renouvelé

Malgré les tensions, le pessimisme total est écarté par les acteurs locaux. Relocaliser la production automobile demande des investissements lourds et de longues années, rappelle Drew Dilkens. Il juge peu réaliste d’imaginer un abandon des sites canadiens par les constructeurs. John D’Agnolo partage cet optimisme, voyant dans la crise une occasion de diversifier les partenariats commerciaux au-delà des États-Unis.

Le groupe taïwanais Minth a ainsi annoncé un projet d’usine de pièces détachées à Windsor, promettant la création de 1 100 emplois et un investissement de près de 190 millions d’euros. Le maire espère une résolution rapide des différends commerciaux et estime que l’essentiel du commerce canadien restera lié aux États-Unis. Selon lui, Donald Trump reviendra probablement sur ses décisions face à l’impact économique dans des États clés comme le Michigan.

Industrie Automobile Windsor | Industrie Automobile | Droits De Douane | Guerre Commerciale | Donald Trump | Windsor | Canada | Stellantis | Ford | Emplois | Économie Locale
source:https://www.francetvinfo.fr/monde/usa/droits-de-douane/reportage-ces-droits-de-douane-c-est-une-trahison-windsor-bastion-de-l-industrie-automobile-au-canada-souffre-deja-de-la-guerre-commerciale-de-donald-trump_7208511.html#xtor=RSS-3-%5Blestitres%5D

Cela pourrait vous intéresser

Laisser un commentaire