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Harvard attaque Trump sur les coupes de financement fédéral

by Sara
Harvard attaque Trump sur les coupes de financement fédéral
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Harvard attaque Trump sur les coupes de financement fédéral

Le lundi 21 avril 2025, l’université Harvard a engagé une action en justice contre l’administration du président américain Donald Trump afin de faire cesser le gel de 2,3 milliards de dollars de financements fédéraux. Cette suspension survient dans un contexte où le gouvernement américain cherche à réprimer les manifestations étudiantes et à contraindre les universités à abandonner leurs programmes de diversité, d’équité et d’inclusion.

Contexte et mesures gouvernementales

Le 10 mars, le ministère américain de l’Éducation a adressé des lettres à 60 établissements d’enseignement supérieur, les avertissant de possibles « actions coercitives » en cas de manquement à la protection des étudiants juifs sur les campus, conformément au Titre VI de la loi sur les droits civils. La secrétaire à l’Éducation, Linda McMahon, a rappelé que « les universités américaines bénéficient d’investissements publics massifs financés par les contribuables, et ce soutien est un privilège conditionné par le strict respect des lois fédérales anti-discrimination ».

Peu après, l’administration Trump a gelé les fonds fédéraux de certaines des institutions les plus prestigieuses, mettant en péril des recherches cruciales pour les progrès médicaux et scientifiques.

Des universités ciblées pour leurs manifestations étudiantes

L’administration vise notamment les établissements où des étudiants ont participé à des manifestations pro-Palestine en 2024, accusant ces derniers de propager un climat antisémite sur les campus.

Le lendemain du dépôt de plainte par Harvard, plus de 200 universités américaines ont publié une déclaration commune dénonçant une ingérence politique de l’administration. Parmi les signataires figurent les présidents et directeurs de Princeton, Brown, Columbia, Northwestern University, Pomona College et bien sûr Harvard.

Pourquoi Harvard poursuit-elle le gouvernement américain ?

Le 11 avril, le ministère de l’Éducation, conjointement avec le Département de la santé et des services sociaux et l’Administration des services généraux, a adressé une lettre à Harvard accusant l’université de ne pas respecter les conditions intellectuelles et civiques justifiant l’investissement fédéral.

Cette lettre exige notamment la fin de l’action positive dans le recrutement des enseignants et l’admission des étudiants, ainsi que la modification des critères d’admission pour exclure les étudiants internationaux jugés « hostiles aux valeurs américaines », notamment ceux soutenant le terrorisme ou l’antisémitisme.

Une précédente lettre du 3 avril demandait à Harvard de réformer les départements académiques accusés de favoriser le harcèlement antisémite, en améliorant la diversité des points de vue et en mettant fin à une « capture idéologique ».

Réaction d’Harvard et conséquences du refus

Harvard a rejeté ces exigences, estimant qu’elles constituaient une régulation gouvernementale directe des « conditions intellectuelles » de l’université, au-delà de la lutte contre l’antisémitisme.

Quelques heures après ce refus, un groupe de travail du ministère de l’Éducation chargé de combattre l’antisémitisme a annoncé le gel de 2,3 milliards de dollars de financements fédéraux destinés à Harvard.

Le président d’Harvard, Alan Garber, accompagné de membres du corps enseignant, a déposé une plainte auprès du tribunal fédéral du Massachusetts, visant plusieurs agences gouvernementales dont le ministère de l’Éducation, la NASA, le Département de la Défense et la Fondation nationale des sciences.

Garber a déclaré : « Nous avons engagé cette action en justice pour faire cesser ce gel de financement, car il est illégal et dépasse l’autorité du gouvernement. »

Les enjeux du financement fédéral pour Harvard

La plainte souligne que le gouvernement mène une attaque générale contre des partenariats financiers cruciaux qui permettent à Harvard et à d’autres universités américaines de mener des recherches vitales en médecine, ingénierie et intelligence artificielle.

Ces recherches sont essentielles pour des avancées dans le voyage spatial ainsi que dans le diagnostic et le traitement de maladies telles que Parkinson, Alzheimer ou le cancer.

La plainte souligne également que le gel du financement viole les droits garantis par le Premier Amendement, notamment la liberté d’expression.

Un communiqué conjoint, signé par des centaines de dirigeants universitaires américains, affirme : « Nous rejetons l’utilisation coercitive des financements publics de recherche. »

Montants en jeu et autres menaces

Les fonds gelés à Harvard comprennent 2,2 milliards de dollars de subventions et 60 millions de dollars de contrats. En mars, l’administration Trump avait annoncé son intention d’examiner 9 milliards de dollars supplémentaires destinés à Harvard.

Des menaces pèsent aussi sur le statut fiscal d’Harvard et sa capacité à inscrire des étudiants étrangers. Selon Garber, l’administration envisage de bloquer un milliard de dollars additionnel de subventions.

En février, 400 millions de dollars de financements fédéraux ont été gelés à l’université Columbia, suite à des manifestations pro-Palestine. En mars, Trump a suspendu plus de 175 millions de dollars à l’Université de Pennsylvanie, invoquant la participation de femmes transgenres aux compétitions sportives féminines.

Autres formes de pression sur le financement universitaire

Certaines universités ont reçu des ordres de « suspension des travaux » sur des projets de recherche financés par des fonds publics.

Selon Robert Kelchen, professeur à l’Université du Tennessee, deux principales sources de financement fédéral existent : l’aide financière aux étudiants et les subventions de recherche, concentrées sur environ 200 universités.

Cornell a reçu plus de 75 ordres de suspension, touchant des recherches sur les matériaux pour moteurs à réaction, les réseaux d’information, la robotique, la recherche contre le cancer, entre autres.

Northwestern a également reçu des ordres de suspension concernant environ 100 subventions fédérales.

Des médias américains rapportaient en avril que plus d’un milliard de dollars avaient été gelés à Cornell et 790 millions à Northwestern, des informations contestées par les universités.

Les réserves financières propres des universités

Beaucoup d’universités disposent de fonds de dotation importants pour supporter leurs activités. Ces fonds proviennent en grande partie de dons caritatifs d’anciens élèves, de particuliers et d’entreprises.

  • La dotation de Harvard s’élevait à environ 53,2 milliards de dollars en 2024, la plus élevée au monde.
  • Columbia disposait de 14,8 milliards, Cornell de 10,7 milliards, Northwestern de 14,3 milliards, et Penn de 22,3 milliards.

Plus d’un tiers des recherches à Harvard sont financées directement par l’université elle-même.

Cependant, ces fonds sont souvent soumis à des restrictions précises, définies par les donateurs, limitant leur usage à certaines bourses ou programmes spécifiques.

En 2024, Harvard a perdu 151 millions de dollars de dons après des manifestations pro-Palestine et des controverses liées à l’antisémitisme sur le campus.

Réactions des universités face aux menaces de coupes

Selon Robert Kelchen, certaines universités de recherche pourraient survivre plusieurs années sans financement fédéral, mais la majorité ne le pourra pas.

Northwestern a annoncé qu’elle continuerait à financer les projets suspendus pour le moment, en attendant une meilleure visibilité sur la situation.

Certaines universités ont accepté les demandes gouvernementales. Columbia, par exemple, a introduit de nouvelles règles sur le campus en mars, exigeant une identification pour les manifestants et interdisant les masques destinés à dissimuler l’identité, tout en autorisant les couvre-visages pour raisons religieuses ou médicales.

Columbia a aussi recruté 36 agents de sécurité avec des pouvoirs d’arrestation et continue de collaborer avec la police de New York.

Pour faire face aux coupes, les universités cherchent à diversifier leurs sources de financement, notamment en augmentant les inscriptions et en stimulant les dons.

Kelchen précise que certaines universités ont la capacité d’augmenter leur nombre d’étudiants, tandis que d’autres comptent sur un afflux de dons pour traverser cette période difficile.

source:https://www.aljazeera.com/news/2025/4/24/how-will-harvard-and-other-universities-survive-trumps-funding-cuts

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