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Hisham Harb : extradition contestée entre Palestine et France

by Sara
Palestine, France, Jordanie

La période de détention provisoire de 60 jours prévue par la loi palestinienne pour Mahmoud Al-Adra, connu sous le nom de Hisham Harb, a pris fin jeudi dernier. Malgré cela, les services de sécurité palestiniens le maintiennent en détention sur décision politique, en contradiction avec la législation en vigueur. Une demande d’extradition émanant des autorités françaises, transmise via Interpol, vise à le livrer pour son rôle présumé dans une attaque à Paris il y a environ 43 ans. Le président Mahmoud Abbas a déclaré, après un entretien avec son homologue français Emmanuel Macron, que l’État palestinien avait accepté sa remise et que « les procédures ont atteint leurs dernières étapes ». Hisham Harb, âgé de 72 ans, souffre de plusieurs problèmes de santé, ce qui complique davantage son sort.

Durée légale de détention et options judiciaires

Selon Me Mohammed El-Herini, avocat de Hisham Harb, le parquet palestinien a demandé à la cour de première instance la prolongation de sa détention à la mi-septembre et celle-ci a déjà été prolongée à quatre reprises conformément au droit palestinien.

Me El-Herini explique que le délai légal de prolongation est désormais épuisé et que la cour ne peut le dépasser. La juridiction se trouve face à deux options claires :

  • ordonner la remise de l’accusé aux autorités françaises,
  • ou refuser la remise et procéder à sa libération.

La cour examine uniquement les conditions formelles d’extradition, et non la preuve de la commission du crime. D’après l’avocat, « les conditions de remise font totalement défaut » dans ce dossier : Harb ne possède pas la nationalité française ni d’autre nationalité que la palestinienne, et il n’existe pas d’accord bilatéral d’extradition entre l’Autorité palestinienne et la France.

Le seul texte applicable jusqu’à présent est la loi sur les « criminels en fuite » de 1927, promulguée sous le mandat britannique. Toutefois, Me El-Herini souligne son incompatibilité avec l’article 28 de la loi fondamentale palestinienne, qui interdit la remise d’un citoyen palestinien à un État étranger pour y être jugé.

En conséquence, il n’existe, selon l’avocat, aucune base légale palestinienne en vigueur justifiant l’extradition de cet homme. Un précédent similaire s’était produit en 2015 lorsque la Jordanie avait refusé de livrer trois personnes liées à la même affaire aux autorités françaises.

Violation des lois et implications politiques

Le maintien de la détention au-delà du délai légal et la perspective d’une remise malgré l’interdiction légale illustrent un conflit entre décision politique et cadre juridique.

Me El-Herini met en garde contre les conséquences politiques : une telle démarche pourrait constituer une « précédente dangereuse » ouvrant la voie à d’autres pays pour réclamer la remise de Palestiniens.

Il ajoute que la question dépasse la seule compétence judiciaire et touche à la criminalisation de l’action nationale et de l’engagement de ceux qui ont sacrifié leur vie pour la cause palestinienne.

  • Risque d’instrumentalisation politique de l’extradition,
  • mise en danger des anciens combattants et militants des différentes organisations palestiniennes,
  • possibilité d’un précédent permettant à d’autres États d’exiger des remises similaires.

Accusations et contexte historique

Hisham Harb fait partie des cinq personnes poursuivies par la France pour leur implication présumée dans l’attentat par bombe et fusillade au restaurant Jo Goldenberg, dans le quartier juif de Paris, en 1982.

Cette attaque avait causé la mort de six personnes et blessé vingt-deux autres. Bien que la participation directe de Harb n’ait pas été officiellement établie, les autorités françaises l’ont inscrit sur leur liste de recherchés en lien avec cet événement.

À l’époque, Harb était membre du mouvement Fatah au sein du Conseil révolutionnaire dirigé par Sabri al-Banna (connu sous le nom d’Abu Nidal). Les autres personnes mises en cause et présentes en Jordanie ont refusé de s’exprimer, en soulignant la position d’Amman qui avait rejeté en 2015 l’idée de les remettre à Paris au motif qu’étant citoyens jordaniens, toute poursuite devait se dérouler en Jordanie et selon son droit.

Allégation de rupture d’un accord secret

Un cadre du Conseil révolutionnaire de Fatah, ancien combattant des batailles de Beyrouth en 1982 et résidant actuellement en Jordanie, a déclaré à la rédaction qu’un accord secret aurait été conclu en 2000.

Selon ce témoignage, cet accord, négocié entre Harb, d’autres anciens combattants et plusieurs pays — dont Israël et la France — et impliquant la participation de l’Autorité palestinienne, prévoyait une amnistie spéciale pour lui et son retour en Palestine.

Le source estime que la demande de Paris et la possible acceptation de la remise par l’Autorité constitueraient une violation de cet accord. Il met en garde : si la remise de Harb est effectuée, cela constituera une menace pour lui-même et pour tous les anciens combattants et militants qui ont participé autrefois à des actions armées hors des pays arabes, en ouvrant la porte à des demandes de poursuites similaires par d’autres États.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/11/17/%d9%85%d8%b5%d8%af%d8%b1-%d8%ae%d8%a7%d8%b5-%d9%84%d9%84%d8%ac%d8%b2%d9%8a%d8%b1%d8%a9-%d9%86%d8%aa-%d9%87%d8%b4%d8%a7%d9%85-%d8%ad%d8%b1%d8%a8-%d8%ad%d8%a7%d8%b5%d9%84-%d8%b9%d9%84%d9%89

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