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Impact psychologique des prisons israéliennes sur les prisonniers à Jérusalem
Après la libération du prisonnier palestinien de Jérusalem-Est, Ahmed Manasra, originaire de Beit Hanina, sa santé mentale s’est considérablement détériorée. Diagnostiqué avec une schizophrénie depuis plusieurs années, son cas illustre la gravité des troubles psychologiques chez les détenus libérés des prisons israéliennes. À travers les témoignages de spécialistes, cet article explore les différents niveaux de souffrance mentale auxquels sont confrontés ces anciens prisonniers et les besoins spécifiques en matière de suivi et de traitement.
Quatre niveaux de détresse psychologique chez les prisonniers libérés
Le Dr Mohammed Al-Khawaja, spécialiste en traitement des troubles psychiatriques et des addictions, explique que les prisonniers sortent avec des états psychologiques répartis en quatre catégories :
- Premier niveau : Les personnes présentant des symptômes dits « psychotiques », qui consultent généralement en clinique psychiatrique après leur libération, notamment à la suite de violences extrêmes subies en détention, telles que coups, humiliations, privations de sommeil et de nourriture.
- Second niveau : Ceux souffrant de dépression, caractérisée par une perte de plaisir, une absence de motivation, une tendance à l’isolement, des troubles du sommeil, de la concentration et de l’appétit. Ces anciens détenus ne consultent pas toujours, bien qu’ils souffrent souvent de trouble de stress post-traumatique avec cauchemars et anxiété.
- Troisième niveau : Les prisonniers qui nient l’impact psychologique de leur détention, refusant de reconnaître leur souffrance. Cette attitude masque des troubles sous-jacents qui, non traités, peuvent s’aggraver et affecter leurs relations familiales et sociales.
- Quatrième niveau : Les rares individus résilients, dotés d’une forte immunité psychologique et d’une foi profonde, qui parviennent à surmonter les traumatismes de la détention avec un minimum de séquelles.
Violences en détention : perte de sécurité et traumatisme
Selon le Dr Al-Khawaja, la violence la plus destructrice pour les détenus est l’intrusion brutale dans leurs cellules pendant leur sommeil, suivie de répression et de coups. Cette expérience crée un sentiment d’insécurité profond, car malgré la connaissance des souffrances en cellule, ce sont ces attaques nocturnes qui plongent les prisonniers dans un état d’alerte constante et de grande anxiété.
Ce premier niveau de détresse, souvent accompagné de délires, de désorientation et de dissociation, représente un danger tant pour la personne concernée que pour son entourage. Ces prisonniers tendent à s’isoler complètement, perdant toute interaction sociale et productivité, ce qui complique leur réinsertion.
Conséquences sociales et neurologiques de la détention
Mohammed Abdel Nabi, thérapeute et spécialiste en développement personnel, souligne l’impact négatif de l’enfermement prolongé sur le cerveau humain. Le confinement empêche le cerveau d’interagir avec le monde extérieur, ce qui modifie sa chimie et perturbe le système nerveux.
Les anciens détenus manifestent souvent des symptômes tels que :
- Anxiété
- Crises de panique
- Comportements agressifs ou repli sur soi
- Troubles du sommeil et cauchemars
Sur le plan social, sans une immunité psychologique suffisante, ils développent des barrières avec leur famille et la société, marquées par la méfiance, la peur et le sentiment d’être menacés.
Signes d’alerte et nécessité d’un soutien spécialisé
Les comportements à risque, tels que l’automutilation, les menaces de suicide, ou l’isolement extrême, ainsi que les symptômes psychotiques comme les hallucinations et les délires, nécessitent une intervention urgente. L’absence de prise en charge entraîne une aggravation des troubles, pouvant déboucher sur des actes dangereux pour la personne et son entourage.
Le traitement des troubles psychotiques passe par une médication psychiatrique accompagnée de séances de soutien social. En cas de troubles post-traumatiques sans symptômes psychotiques, des thérapies comme la programmation neuro-linguistique ou la thérapie cognitivo-comportementale sont efficaces pour reconstruire la confiance en soi et corriger les pensées négatives.
Réinsertion et importance de l’accompagnement familial
Le soutien familial est essentiel pour la réinsertion réussie des anciens détenus. Il permet de renforcer leur résilience psychologique et d’atténuer le sentiment d’isolement. Les programmes de réhabilitation, incluant formations éducatives, professionnelles et développement de compétences, jouent un rôle clé dans leur réintégration sociale.
Selon les spécialistes, il est crucial que les anciens prisonniers puissent exprimer leurs émotions et ne pas les refouler. Le refoulement conduit à une accumulation inconsciente de traumatismes, susceptibles de réapparaître sous forme de symptômes lors de situations stressantes ou négatives.
Contexte et chiffres clés
À l’occasion de la Journée des prisonniers palestiniens, le 17 avril, il est rappelé que 420 prisonniers de Jérusalem, titulaires de la carte d’identité bleue, sont détenus dans les prisons israéliennes. Parmi eux, 9 sont condamnés à la perpétuité, et 66 sont des mineurs de moins de 18 ans, ainsi qu’une femme détenue.
Le plus jeune condamné à la peine la plus lourde est l’enfant Mohammed Al-Zalbani, avec une peine de 18 ans.