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Les ministres de l’éducation, Elisabeth Borne, et de l’enseignement supérieur, Philippe Baptiste, ont annoncé lundi 10 mars qu’une inspection interministérielle serait mise en place pour assurer une plus grande transparence du fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur privés à but lucratif. Cette décision intervient après la rencontre avec le président du groupe Galileo.
Galileo Global Education sous les projecteurs
Galileo Global Education, présenté comme le premier groupe mondial d’enseignement supérieur indépendant avec plus de 200 000 étudiants, est actuellement au centre d’une enquête qui expose des dérives dans son fonctionnement. Les ministres ont souligné leur engagement à travailler en collaboration avec la ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, pour renforcer le dispositif Qualiopi, essentiel pour l’obtention des financements de l’apprentissage.
Elisabeth Borne et Philippe Baptiste ont précisé que ce label, garantissant la qualité des prestations, sera plus exigeant en matière d’évaluation des formations. L’objectif est que le label renforcé soit en place début 2026.
Les allégations graves
Le groupe Galileo, qui possède environ la moitié de ses établissements en France, inclut des institutions réputées telles que le Cours Florent et l’EM Lyon. Le livre *Le Cube* de Claire Marchal, qui repose sur environ 150 témoignages et des documents exclusifs, remet en question le modèle économique du groupe en évoquant des frais d’inscription très élevés, des baisses de salaires des enseignants, et des conditions d’étude dégradantes pour les étudiants.
Marc-François Mignot Mahon, président de Galileo, a été convoqué au ministère pour répondre aux graves allégations portées contre son groupe.
Propositions législatives en cours
Simultanément, deux propositions de lois ont été déposées pour mieux réguler le secteur de l’enseignement supérieur privé lucratif. Les ministres ont exprimé leur intérêt pour ces propositions, qui seront discutées avec leurs auteurs dans un avenir proche.
Un modèle financier controversé
Le groupe Galileo, fondé en 2011 suite à l’acquisition de l’Istituto Marangoni par le fonds d’investissement américain Providence Equity Partners, a rapidement étendu son empire à 61 écoles dans 18 pays, avec un objectif ambitieux d’atteindre un million d’étudiants d’ici cinq ans. Claire Marchal a mis en lumière la stratégie de maximisation des profits, alimentée par des aides de l’État pour l’apprentissage et la formation continue.
Dans son ouvrage, elle décrit comment les établissements sont devenus des *« usines à étudiants »*, où la rentabilité prime sur la qualité de l’enseignement. Les conditions dans les classes surchargées témoignent d’un serrement de vis sur les coûts, au détriment de la formation des étudiants.
Responsabilité des pouvoirs publics
La situation soulève des questions sur la responsabilité des pouvoirs publics, qui semblent « avancer main dans la main » avec des groupes privés pour l’enseignement supérieur, comme l’indique la loi du 5 septembre 2018. Des personnalités influentes gravitent autour de la direction de Galileo, amplifiant les inquiétudes sur les liens entre le secteur public et les intérêts privés.
Malgré les tentatives de Claire Marchal pour obtenir des réponses, la direction de Galileo n’a pas répondu à ses sollicitations, à l’exception de quelques responsables qui, comme Olivier Aptel de la Paris School of Business, ont admis des préoccupations sur les conditions d’enseignement.