L’organisation Human Rights Watch a formellement accusé les forces israéliennes d’avoir détruit et occupé des écoles dans le sud du Liban, y voyant des actes pouvant être qualifiés de crimes de guerre menaçant gravement le droit à l’éducation. Ces accusations interviennent dans le contexte des affrontements armés entre Israël et le Hezbollah qui ont eu lieu entre septembre et novembre 2024.
Selon Human Rights Watch, les forces israéliennes auraient délibérément saccagé au moins deux établissements scolaires dans la région frontalière, avec des actes allant jusqu’au pillage et à la destruction systématique des infrastructures éducatives. Ces actions compromettent non seulement les biens matériels, mais mettent également en péril l’avenir scolaire des enfants libanais.
L’organisation a souligné que les enfants libanais subissent depuis plus de six ans de sérieuses interruptions dans leur scolarité, surtout à cause de la crise économique aiguë qui touche le pays depuis 2019. Pour faire face à cette situation, elle appelle le gouvernement libanais et les bailleurs de fonds internationaux à prioriser la reconstruction transparente, responsable et exempte de corruption des infrastructures essentielles, notamment les écoles.
Ramzi Qais, chercheur sur les questions libanaises à Human Rights Watch, a déclaré : « De nombreux villages frontaliers dans le sud du Liban ont été rasés et, là où des écoles subsistaient, plusieurs ont été vandalisées ou pillées par l’armée israélienne. » Il ajoute que ces actes constituent des crimes de guerre flagrants mettant en danger l’éducation des enfants dans la région.
L’expert insiste sur la nécessité de reconstruire les zones touchées afin de permettre aux dizaines de milliers de déplacés de revenir dans leurs foyers et d’assurer à tous les enfants leur droit fondamental à l’éducation. Il a également appelé les autorités libanaises à garantir la justice face à ces violations, notamment par le biais de la Cour pénale internationale (CPI).
Au total, plus de 100 écoles ont été détruites ou gravement endommagées dans le sud du Liban depuis le début des hostilités en octobre 2023, selon les chiffres publiés par l’UNICEF.
Human Rights Watch a mené une enquête sur le terrain entre janvier et mars 2025, visitant sept écoles situées dans différentes localités frontalières du sud libanais. L’organisation a pu documenter des dégâts importants affectant les bâtiments scolaires ainsi que les communautés environnantes.
Les enquêteurs ont trouvé des preuves indiquant que cinq des sept écoles visitées avaient été occupées par les forces israéliennes, notamment à travers la découverte de denrées alimentaires israéliennes, de déchets marqués en hébreu, ainsi que des inscriptions en hébreu sur les murs et les tableaux des classes.
Des entretiens avec des directeurs d’écoles, des administrateurs et des ONG internationales ont confirmé l’impact significatif de ces destructions sur l’accès des enfants à une éducation de qualité. Face à cette situation, Human Rights Watch exhorte les donateurs et agences humanitaires à soutenir rapidement la reconstruction des écoles et des infrastructures civiles au Liban.
L’organisation appelle également à ce que le gouvernement libanais accorde à la Cour pénale internationale la compétence d’enquêter et de poursuivre les crimes internationaux commis sur son territoire depuis octobre 2023, afin d’assurer une responsabilité effective et la protection des droits humains dans cette crise.