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Un long reportage du magazine israélien (+972), rédigé par le journaliste et militant باسل عدره (Bassel Adra), décrit comment des zones militaires en Cisjordanie sont progressivement transformées en outils d’implantation israélienne, au prix d’harcèlements et d’attaques répétées contre des familles palestiniennes.
Violences et pressions continues dans les villages
Le reportage se concentre sur des incidents survenus dans plusieurs localités, notamment dans le hameau de طبقات الجندي (Tabqat al-Jundi), dans la zone de مسافر يطا (Masafer Yatta) au sud d’Hébron.
Depuis novembre 2021, la famille جميل العمور (Jamil Al-Amour) subit des agressions régulières de colons liés à la colonie de « متسبيه يائير » (Mitzpe Yair) :
- Des tirs ont visé un membre de la famille et un parent, causant des blessures.
- Un local de stockage de récoltes a été incendié.
- Les colons reviennent souvent accompagnés de soldats israéliens pour tenter de démolir une maison récemment reconstruite par la famille.
- Ils arrachent des plants d’oliviers et empêchent les paysans de faire paître leur bétail sur leurs terres.
Image : accès interdit aux terres

La légende accompagnant la photo signale l’intervention de l’armée pour empêcher les résidents d’accéder à leurs terres, un phénomène fréquent lors des périodes de récolte.
Implantation au cœur d’une zone d’entraînement militaire
En août, les colons ont franchi une étape en installant, en plein jour, des fondations pour un bâtiment permanent à Tabqat al-Jundi, utilisant bétonnières et pompes à ciment.
Selon le magazine, ces travaux sont illégaux même au regard des lois israéliennes, mais ils n’ont pas suscité d’intervention de la part de l’armée ou de la police.
La localité fait partie de ce que les forces israéliennes appellent la « zone d’entraînement 918 » :
- Il s’agit d’une zone militaire d’entraînement officiellement fermée à la circulation des Palestiniens comme des Israéliens.
- Douze regroupements palestiniens se trouvent à l’intérieur de cette zone.
- Depuis la création des premières avant-postes en 1999, ces communautés vivent sous la menace de déplacement forcé, avec des milliers d’opérations de démolition et de confiscation menées par les autorités.
Absence de responsabilisation
Malgré l’interdiction formelle faite aux Palestiniens de construire ou d’entrer dans ces secteurs, les avant-postes coloniaux y prolifèrent sans être inquiétés.
La juriste Netta Amar Shif indique que la distinction appliquée par l’armée entre les zones « réservées » aux colons et celles pour les Palestiniens reste informelle et floue.
- Les demandes de permis de construire palestiniennes sont systématiquement rejetées.
- L’armée n’oppose pas le même contrôle aux implantations illégales lorsqu’elles profitent à des colons.
- En pratique, les deux catégories de terrain servent souvent de prétexte à la démolition d’habitations palestiniennes.
Un modèle qui s’étend ailleurs en Cisjordanie
Le phénomène décrit par (+972) ne se limite pas à la zone 918. Des modèles similaires apparaissent désormais dans les zones d’entraînement 203 et 934, à l’ouest de Ramallah.
Le reportage évoque aussi une agression survenue le 27 septembre dans la localité de خربة الفخيت (Khirbet al-Fakheit), toujours dans la région de Masafer Yatta :
- Neuf colons issus d’un avant-poste voisin ont pénétré dans le village.
- Trois d’entre eux auraient frappé un habitant et deux militantes de solidarité, détruisant leurs téléphones et proférant des insultes.
- L’armée a déclaré avoir reçu un signalement et envoyé des unités pour mener des recherches.
- Les opérations de fouille n’auraient pas permis de retrouver les suspects et aucune arrestation n’a été signalée au moment du reportage.
Le communiqué militaire, selon le magazine, ne précisait ni l’heure exacte de l’attaque, ni le nombre total d’acteurs impliqués, ni l’état des victimes.
(+972) estime que l’enquête restera sous supervision policière, tandis que l’armée a indiqué que toute information ultérieure relèverait des autorités civiles compétentes.
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