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Selon Jad Isaac, directeur général de l’Institut de recherche appliquée (ARIJ), Israël mène une politique méthodique visant à vider la Cisjordanie de sa population palestinienne. Ce processus transforme le territoire en une série « d’isolats » fragmentés, dans le cadre d’une stratégie destinée à établir un contrôle total sur la zone dite « C », compromettant de facto toute perspective de création d’un État palestinien viable.
Lors d’une interview accordée à l’agence Anadolu depuis son bureau à Bethléem, Isaac a indiqué que le gouvernement israélien, poussé par ses ministres extrémistes, notamment le ministre des Finances Bezalel Smotrich, cherche à imposer sa souveraineté officielle sur l’ensemble des territoires de la zone « C ». Cette démarche englobe les réserves naturelles et vise à réduire la présence palestinienne.
Le plan israélien prévoit de cantonner les Palestiniens dans des regroupements restreints, connectés par des routes, tunnels ou ponts, dépourvus toutefois des conditions nécessaires à une croissance ou une durabilité.
Un contexte marqué par les démolitions et les déplacements forcés
Jad Isaac attire l’attention sur les opérations de démolition, de perquisitions et de déplacements forcés qui se multiplient en Cisjordanie, particulièrement dans les camps du nord tels que Jénine, Naplouse et Toulkarem. Ces actions correspondent à la stratégie générale israélienne.
Ces évènements interviennent parallèlement au conflit meurtrier qu’Israël mène dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, avec une montée des appels en Israël à annexer la Cisjordanie.
Début juillet, quatorze ministres israéliens, accompagnés du président de la Knesset Amir Ohana, ont adressé une lettre appelant le Premier ministre Benjamin Netanyahou à imposer la souveraineté israélienne sur la Cisjordanie.
Le déplacement forcé des populations palestiniennes
Isaac explique que 32 communautés bédouines situées dans les contreforts orientaux de la Cisjordanie ont été récemment vidées de leurs habitants dans le cadre d’un déplacement forcé passé largement inaperçu sur la scène internationale.
Il qualifie ces actes de « crime de guerre », visant à réduire la population palestinienne dans la zone « C » et à la remplacer par des colonies. Ceci se fait même en convertissant certaines terres en pâturages pour le bétail, faute d’un nombre suffisant de colons.
Actuellement, environ 133 pâturages illégaux occupent plus de 250 000 dounams (environ 25 000 hectares) dans la vallée du Jourdain. Par ailleurs, le sud d’Hébron, notamment la région de Massar Yatta, subit des campagnes de déplacement quasi quotidiennes.
Une « régularisation des terres » aux effets dévastateurs
Isaac décrit la soi-disant « régularisation des terres » menée par Israël comme une confiscation organisée sous un faux prétexte légal.
Cette politique remonte à 1963, lorsque la Jordanie, alors administrant la Cisjordanie y compris Jérusalem-Est, avait entamé un projet d’enregistrement des propriétés foncières, interrompu net par l’occupation israélienne en 1967.
Depuis environ un an et demi, Israël applique des mesures similaires à Jérusalem-Est, réexaminant et enregistrant les terrains au nom des descendants des anciens propriétaires. Cette démarche entraîne la perte des droits fonciers pour de nombreux Palestiniens résidant hors de la ville.
Selon Isaac, cette procédure accorde illégalement à Israël une autorité sur les terres occupées, en violation flagrante du droit international qui interdit à une puissance occupante d’opérer des modifications durables sur ces territoires.
Une politique étendue à la zone « C »
La Knesset a aussi approuvé des opérations de régularisation dans la zone « C » de la Cisjordanie. Bien que l’Autorité palestinienne ait initié un processus similaire dans ses zones de compétence, Israël ne le reconnaît pas.
Le gouvernement israélien impose désormais de nouvelles conditions pour l’enregistrement foncier, ce qui risque de mener à la confiscation de vastes étendues de terres palestiniennes.
Jad Isaac met en garde contre les conséquences de cette politique, qu’il qualifie de légitimation illusoire du contrôle total d’Israël sur des terres occupées, dans un silence international qu’il juge « honteux ».
Une intensification des agressions dans un contexte de conflit
Depuis le début de la guerre d’extermination à Gaza, la Cisjordanie, y compris Jérusalem, est le théâtre d’une escalade continue des agressions israéliennes.
- Au moins 998 Palestiniens ont été tués selon les données palestiniennes.
- Des milliers d’autres ont été blessés.
- Les attaques touchent tant l’armée que les colons.
Ce climat exacerbe les tensions et menace davantage les perspectives d’une paix durable dans la région.