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Jared Kushner : Vers un retour au cœur de la politique américaine ?
Lors de l’inauguration du 47ème président des États-Unis, Donald Trump, qui s’est tenue le 20 janvier au Capitole, Jared Kushner est apparu en costume noir élégant et cravate simple, aux côtés de sa femme, Ivanka Trump, qui affichait une allure distinctive, soulignant ainsi l’image publique de la famille présidentielle.
Kushner a capté l’attention de nombreux participants et observateurs de l’événement, non seulement en tant que gendre de Trump, mais également comme membre du cercle proche ayant joué un rôle clé durant le premier mandat de Trump.
Malgré ses affirmations répétées de ne pas envisager un retour à la Maison Blanche, sa présence à l’inauguration a ravivé les spéculations sur son engagement à s’éloigner de la politique et sur la possibilité de revenir dans la sphère du pouvoir et de l’influence à Washington, pour réaliser des priorités et des agendas restés inachevés durant le mandat précédent de Trump.
Un conseiller dans l’ombre
Kushner, qui a été une figure centrale dans la campagne électorale de Trump en 2016, a joué un rôle exceptionnel à la Maison Blanche en tant que conseiller principal, gérant des dossiers sensibles relatifs à la politique étrangère.
Il a été l’un des architectes des accords de normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes, communément appelés « Accords d’Abraham », et a contribué à renforcer les relations avec des dirigeants arabes. De plus, il a mené des efforts diplomatiques intensifs pour résoudre le conflit israélo-palestinien, bien que les résultats aient été controversés.
Si Ivanka et son mari étaient des figures marquantes lors des conventions du parti républicain durant les campagnes de 2016 et 2020, leur présence publique a considérablement diminué l’année dernière. Ils se sont limités à apparaître avec la famille Trump lors de la convention nationale républicaine, affirmant leur intention de ne pas occuper de postes si Trump remportait les dernières élections, préférant se concentrer sur les affaires familiales.
Dans une interview avec Axios en février 2024, Kushner a souligné son engagement envers son entreprise et ses investissements, déclarant : « Mon véritable engagement est maintenant envers mes investisseurs, mes employés et mes partenaires. »
Cependant, des rapports médiatiques ont indiqué que Kushner avait participé de manière informelle à la campagne de Trump, agissant en tant que conseiller, notamment dans la sélection des hauts responsables de la nouvelle administration.
Selon le Wall Street Journal, Kushner a été en contact avec Howard Lutnick, co-président de l’équipe de transition de Trump, et candidat au poste de ministre du Commerce, lui offrant des conseils sur les nominations et les plans d’embauche, tout en suggérant de présenter trois ou quatre options pour chaque poste, laissant la décision finale à Trump.
Le Washington Post a révélé que Kushner avait joué un rôle clé dans l’organisation d’une rencontre avec Univisión, l’une des principales chaînes de télévision hispanophone aux États-Unis, afin de capter le soutien des électeurs d’origine latino-américaine pour les élections de 2024.
Investissements et conflits d’intérêts
Bien qu’il se soit retiré de tout rôle gouvernemental officiel, les activités d’investissement de Kushner montrent clairement un chevauchement entre ses intérêts économiques et les mouvements politiques au Moyen-Orient, renforçant ainsi l’hypothèse de son retour dans l’administration américaine.
En janvier 2025, peu avant l’annonce d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, Kushner a considérablement augmenté son investissement dans Phoenix Financial, l’une des plus grandes sociétés de financement et d’assurance israéliennes. Selon Globes, il aurait obtenu l’approbation des autorités réglementaires israéliennes quelques heures avant l’annonce officielle de l’accord de cessez-le-feu, lui permettant d’augmenter sa participation à près de 10 %, devenant ainsi le principal actionnaire.
Il est important de noter que ces investissements coïncident avec l’expansion continue des colonies israéliennes en territoire palestinien, considérée comme illégale au regard du droit international. Des observateurs soulignent que cette expansion augmente indirectement la valeur des investissements de Kushner, en fournissant de nouvelles opportunités économiques dans les territoires occupés, en particulier dans les secteurs de la construction, de l’assurance et du financement.
Cette situation rappelle le rôle précédent de Kushner en tant que conseiller principal dans l’élaboration des politiques américaines envers le Moyen-Orient, souvent accusées d’être biaisées en faveur d’Israël au détriment des droits des Palestiniens, soulevant des inquiétudes quant à la façon dont la nouvelle administration traiterait ce dossier si Kushner rejoignait l’équipe de Trump.
Priorités en suspens
Les milieux politiques s’accordent à dire que Kushner bénéficie d’une confiance exceptionnelle de la part de Trump. Cette opinion a été confirmée par John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale, qui a déclaré : « Personne n’a autant d’influence que Kushner. »
Dans un même ordre d’idées, Ed MacMillan, un des principaux collecteurs de fonds pour Trump et ancien ambassadeur en Suisse, a ajouté : « En tant qu’ancien ambassadeur, je peux vous dire que si je devais prendre une décision au Moyen-Orient, la première personne que je consulterais serait Kushner. »
Cette confiance semble permettre à Kushner de contribuer à nouveau aux stratégies régionales, en fournissant son aide à Steve Wittekov, l’envoyé américain au Moyen-Orient, pour comprendre les complexités de la région et façonner ses politiques.
Kushner a également été mentionné dans les efforts pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, avec un porte-parole confirmant qu’il avait discuté avec Wittekov des initiatives précédentes de Trump dans la région.
Les relations étroites et solides de Kushner avec des dirigeants israéliens, qui le considèrent comme un partenaire stratégique pour atteindre leurs intérêts politiques et sécuritaires, rendent son retour potentiel à la Maison Blanche d’une grande importance. Cela signifierait un soutien américain inconditionnel pour Israël et relancerait le dossier de la normalisation avec d’autres pays arabes, un objectif que Kushner a toujours poursuivi activement pendant le mandat de Trump.
Des sources proches de Kushner ont révélé qu’il pourrait participer de manière informelle aux discussions politiques concernant le Moyen-Orient, visant à normaliser les relations entre Israël et de nouveaux pays arabes dans le cadre de l’expansion des « Accords d’Abraham » de 2020.
Il est à noter que l’ancien conseiller de Trump a été présent lors de plusieurs tournants historiques qui ont renforcé les relations avec Israël, notamment sa présence, ainsi qu’Ivanka, à la cérémonie d’inauguration de l’ambassade américaine à Jérusalem, suite à la décision de la déplacer de Tel-Aviv, ce qui faisait partie des promesses de campagne de Trump, incluant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan.
Parmi les dossiers qui pourraient ramener Kushner sous les projecteurs et qui constituent des priorités pour Trump en ce moment, se trouve le « plan de paix pour le Moyen-Orient » ou « accord du siècle », que le président américain avait proposé durant son premier mandat, le présentant comme une solution à deux États, immédiatement rejetée par les Palestiniens.
Les observateurs envisagent que ce plan pourrait revenir sur la table sous la présidence de Trump, malgré des doutes sur ses chances de succès après la guerre d’octobre 2023. Le retour de ce plan impliquerait inévitablement la participation de Kushner, qui avait contribué à sa rédaction.
D’autre part, certains estiment que le retour officiel de Kushner à la Maison Blanche semble peu probable, afin d’éviter les conflits d’intérêts liés à ses investissements personnels. Néanmoins, ils soutiennent que son rôle consultatif continuera de manière informelle dans l’administration de Trump, et qu’il restera un acteur clé dans l’élaboration des politiques américaines au Moyen-Orient au cours des quatre prochaines années.
