Le tribunal de Vienne a rendu un verdict ce jeudi 31 juillet concernant l’affaire impliquant le glyphosate, un herbicide mondialement utilisé, et la santé d’un jeune homme, Théo Grataloup, aujourd’hui âgé de 18 ans. Les parents de Théo, qui avaient lancé en 2018 un procès civil pour établir un lien entre ses malformations congénitales et l’utilisation du glyphosate par sa mère lors de sa grossesse, ont vu leur demande rejetée.
Les faits et la procédure
Sabine Grataloup, la mère de Théo, affirme que le handicap de son fils, incluant une anomalie de l’œsophage et de la trachée, aurait été causé par l’exposition au glyphosate lorsqu’elle utilisait un herbicide appelé Glyper, un générique du Roundup de Monsanto, pendant l’été 2006. Selon elle, elle aurait utilisé ce produit pour désherber une carrière d’équitation. Convaincus du « lien de causalité », les parents ont engagé une action en justice afin de faire reconnaître la responsabilité du fabricant, Bayer-Monsanto, dans cette malformation.
L’audience s’est tenue le 3 avril 2023 devant le tribunal judiciaire de Vienne, dans l’Isère. Cependant, après délibération, le tribunal a estimé que la famille ne présentait pas de preuve suffisante pour établir que le glyphosate avait bien été utilisé par la mère, notamment en raison de l’absence de factures ou de pièces attestant de l’achat du produit au moment présumé. Les photographies de bidons de Glyper, produites par la famille, ne correspondaient pas matériellement au produit acheté en 2005, étant distribué par une autre société.
Les implications du jugement
Ce jugement marque une étape importante dans l’affaire, mais la famille de Théo a annoncé qu’elle allait faire appel. Le cabinet d’avocats a déclaré : « Ce dossier mérite d’être soumis à la Cour d’appel ». Toutefois, Bayer a pris acte du verdict en précisant qu’aucune responsabilité n’a été retenue à l’encontre du groupe, dans un contexte où il fait face à de nombreux litiges liés à ce produit. La société souligne également que cette décision intervient après plus de sept années de procédure, dans une situation humaine douloureuse.
Le glyphosate, classé en 2015 comme « cancérogène probable » par l’OMS, reste au cœur de débats concernant sa sécurité. En 2022, le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides a reconnu un lien potentiel entre le pesticide et la maladie de Théo, la première reconnaissance à l’échelle mondiale d’un possible lien entre glyphosate et malformations prénatales. Pourtant, en 2023, l’Union européenne a renouvelé son autorisation pour dix ans, malgré ces controverses.