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Un tribunal fédéral des États-Unis a ordonné la restauration du dossier étudiant de Rumeysa Ozturk dans la base de données SEVIS, a annoncé la justice lundi. Cette décision survient quelques mois après la libération de l’étudiante de doctorat, détenue par les services d’immigration après avoir pris position contre la guerre d’Israël à Gaza.
Décision judiciaire intérimaire
La juge du district des États-Unis, Denise Casper, a rendu une décision intérimaire exigeant que l’administration du président Donald Trump remette le nom de Mme Ozturk dans le système d’information des étudiants étrangers géré par ICE, connu sous le nom de SEVIS.
Selon ses avocats, la réintégration de ce dossier permettra à Rumeysa Ozturk de reprendre des activités liées à ses études, notamment travailler et participer à des recherches en lien avec son programme doctoral.
Réactions de Rumeysa Ozturk
Dans une déclaration, Ozturk a affirmé que son dossier étudiant avait été « annulé illégalement » parce qu’elle avait co-signé un éditorial plaidant « pour la dignité et l’humanité égales pour tous ». Elle s’est dite soulagée que, « après huit longs mois, ce dossier soit enfin rétabli ».
Ozturk a ajouté que cette épreuve — commencée par une arrestation qu’elle qualifie d’illégale et 45 jours de détention dans une prison privée d’ICE en Louisiane — l’avait rapprochée de tous ceux dont les droits à l’éducation sont niés, « en particulier à Gaza ».
Contexte de l’arrestation
Originaire de Turquie et venue aux États-Unis en tant que boursière Fulbright, Rumeysa Ozturk étudie le développement de l’enfant et les médias à l’université Tufts, près de Boston.
Elle a été placée en détention le 25 mars, après que son visa étudiant eut été révoqué dans le cadre d’une vaste campagne menée par l’administration visant des étudiants ayant critiqué la guerre menée par Israël à Gaza.
Le gouvernement américain a justifié la révocation de son visa en affirmant qu’elle avait « pris part à des activités en soutien au Hamas, une organisation terroriste étrangère ». Mme Ozturk et ses soutiens contestent fermement cette accusation.
Publication et manifestations étudiantes
Le 26 mars 2024, Ozturk et trois autres étudiants de Tufts ont co-signé un article dans le journal étudiant Tufts Daily appelant l’université à adopter des résolutions reconnaissant « le génocide palestinien » et à divulguer puis désinvestir ses placements liés à des entreprises avec des liens directs ou indirects avec Israël.
Parallèlement, de nombreuses universités ont pris des mesures répressives contre les manifestations étudiantes, notamment l’occupation de campus comme celle de l’université Columbia à New York.
Ozturk a déploré la perte de savoirs précieux causée, selon elle, par la peur généralisée de représailles au sein du milieu académique.
Réactions des organisations de défense des droits
Jessie Rossman, directrice juridique de l’American Civil Liberties Union (ACLU) du Massachusetts, qui représente Ozturk, a salué la décision et exprimé sa gratitude pour la réintégration du dossier après des mois de traitement « illégal et injuste ».
Rossman a rappelé que Mme Ozturk est venue dans l’État comme chercheuse et que l’ensemble de la communauté académique bénéficie de sa pleine participation à son programme doctoral.
Cas connexes et situation persistante
Plusieurs étudiants arrêtés dans le cadre de la même campagne ont depuis été relâchés, mais certains continuent de faire face à des difficultés juridiques liées à leur statut migratoire.
- Des étudiants poursuivent des démarches judiciaires pour contester des décisions d’expulsion ou la révocation de visas.
- Des cas comme celui de Mahmoud Khalil, ancien étudiant de Columbia, et de Leqaa Kordia, toujours détenue selon des organisations de défense des droits, illustrent la persistance des enjeux.
Amnesty International a notamment signalé que Leqaa Kordia, arrêtée le 13 mars, restait en détention administrative des mois plus tard.