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Julia* a traversé un véritable cauchemar au Québec. Enlevée par son ex-conjoint jaloux, elle a été contrainte de piéger son meilleur ami dans une situation meurtrière. Malgré le danger, elle a tout tenté pour le sauver, allant jusqu’à essayer de désarmer les assassins. Ces derniers ont été condamnés jeudi à la prison à vie pour le meurtre brutal et gratuit de Youcef Khelil.
Un drame motivé par la jalousie et le contrôle
Le juge Steve Baribeau a souligné avec fermeté lors de l’audience au palais de justice de Joliette que Julia avait pleinement le droit de mettre fin à sa relation avec Alexandre Durand Artiles. « Rien ! Absolument rien ne justifie qu’il ait réagi à ce choix par la violence ! », a-t-il affirmé, décrivant ce geste comme un acte ignoble résultant d’une logique de domination et de contrôle.
Les parents de Youcef Khelil ont livré des témoignages poignants, rendant hommage à leur fils décrit comme un jeune homme au grand cœur, promis à un brillant avenir. Sa mère a rappelé qu’ »il était un messager du bonheur » qui brisait les stéréotypes par sa gentillesse. « Notre vie a été détruite », a confié son père, brisé par la tragédie.
Condamnation des coupables
Alexandre Durand Artiles, 22 ans, et Raymond Félix Bakodok, 24 ans, ont plaidé coupables au meurtre au second degré. Initialement prévus pour un procès devant jury, ils ont finalement été condamnés à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 13 ans pour Durand Artiles, et avant 12 ans pour Bakodok, sur une suggestion commune des parties.
Le récit du kidnapping et du meurtre
Ce drame est enraciné dans une histoire de jalousie et de refus d’acceptation de rupture. Alexandre Durand Artiles n’acceptait pas la séparation survenue en mars 2023 et se considérait toujours en couple avec Julia, refusant de croire que Youcef Khelil n’était que son meilleur ami. Prêt à tout, il avait la volonté de « tuer pour elle ».
Le 24 mars 2023 : la nuit fatidique
Ce soir-là, Julia est au mini-golf avec des amis, dont Youcef. Furieux qu’elle refuse de passer la soirée avec lui, Durand-Artiles la harcèle par des messages et appels. Vers 3 h 15 du matin, il la menace de « faire du bruit » si elle ne le rejoint pas, en lui envoyant l’adresse de Youcef.
Lorsqu’elle se gare, Durand-Artiles lui ordonne de sortir de la voiture, arme à feu en main. Malgré ses refus, elle finit par obtempérer sous la menace, avant d’être contrainte de monter dans la voiture, le pistolet pressé contre ses côtes.
Selon les auteurs, « si tu avais répondu, rien de tout cela ne serait arrivé ». Bakodok ajoute même qu’une femme ne doit pas faire d’activités avec un autre garçon que son copain.
Le piège fatal
Les ravisseurs se rendent devant la maison familiale de Youcef à Repentigny. Durand-Artiles force Julia à appeler Youcef, qui refuse d’abord obstinément. Sous la menace, Julia appelle la victime en larmes, lui demandant de sortir. En secret, elle lui envoie un message pour rester à l’intérieur en écrivant : « Alex est fou ».
Coincé chez lui, Youcef contacte le 911. Dans la voiture, Durand-Artiles arme l’arme puis la passe à Bakodok, qui tire par la fenêtre, touchant Youcef en plein cœur. La famille dormait à quelques mètres.
Le calvaire de Julia se poursuit : les ravisseurs la menacent de brûler la maison si elle parle. Au centre-ville de Montréal, elle tente deux fois de s’enfuir, mais est reprise. Finalement, Durand-Artiles la laisse partir.
Une victime incomprise et accusée à tort
Depuis le drame, Julia fait face à des accusations injustes au sein de son entourage, beaucoup la tenant responsable sans connaître la vérité. Pourtant, elle a livré un combat héroïque pour sauver son ami, même en essayant de saisir l’arme des assaillants.
Elle a témoigné : « Beaucoup de gens me traitent de meurtrière. Mais j’ai livré le plus grand combat de ma vie pour le sauver. J’ai tout fait pour sauver Youcef. J’ai tenté de prendre l’arme. Je leur ai dit que s’il voulait tirer sur quelqu’un, j’étais là. »
Le juge Steve Baribeau a réaffirmé : « Vous n’avez rien à voir là-dedans. Les deux personnes responsables sont là », en désignant les assassins.
Hommage à Youcef et message d’espoir
À la barre, Julia a rendu un hommage touchant à Youcef, qu’elle qualifie « d’ange gardien » de sa vie. Elle l’a décrit comme une personne marquée par sa gentillesse, sa bienveillance, sa sagesse, son ambition et sa capacité à rester calme face aux difficultés.
Sereine malgré la douleur, elle a livré un message d’espoir : « Il est possible de trouver la lumière au bout du tunnel. »
Le juge a conclu en rappelant que ce meurtre gratuit et irréfléchi a brisé une famille et laissé des séquelles profondes chez Julia, marquée à vie par ce traumatisme. « Youcef n’a rien vu venir. Il n’a eu aucune chance. Il avait le droit de vivre. Il ne méritait pas de mourir. »