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Le phénomène des kidultes, ces adultes qui assument leurs passions pour les jeux et les maquettes, gagne du terrain en France. Des chiffres émanant de Circana indiquent que ce marché représente 36 % des ventes de jeux et jouets, avec une croissance de 22 % sur un an. Des témoignages recueillis dans plusieurs régions illustrent une évolution des codes sociaux et une approche plus ouverte des loisirs liés à l’enfance. Parmi les personnes citées figurent François, Nandita, Valérie, Benoît, Lothaire et Yannick, qui racontent comment le jeu peut durer au-delà de l’enfance.

Le phénomène des kidultes en France
Le mot kidultes décrit ces adultes qui prolongent des loisirs traditionnellement associés à l’enfance, comme les jeux de société, les maquettes ou les collections de cartes. En France, ce phénomène est à la fois sociologique et économique: des témoignages dessinent des profils variés et un intérêt croissant pour des activités autrefois jugées « enfantines ».
C’est sur les maquettes de bateaux que François, 74 ans, réside au Bonhomme (Haut-Rhin). Il résume cette dynamique: « Pour Noël, je me suis même acheté la maquette du “Soleil Royal” », annonce-t-il fièrement.
À Contamine-Sarzin (Haute-Savoie), Nandita, 52 ans, craque pour les kits de maisons miniatures à construire. « Me retrouver dans un magasin de jouets à 52 ans m’a fait bizarre. Comme quoi, il n’y a pas d‘âge pour jouer ! », commente-t-elle.
Témoignages régionaux: Haute-Savoie, Bas-Rhin, Isère, Moselle et Vosges
Valérie, 57 ans, de Strasbourg (Bas-Rhin), collectionne les jeux de société: « Je joue volontiers à “Catan”, “Love Letter” “Colt Express”, “Mycelia”, “Coffee Rush”, “Bomb Buster”, “Pillards de la mer du Nord” ou aux “Aventuriers du Rail”. Je n’ai pas besoin de l’excuse des enfants pour jouer », s’amuse-t-elle.
Collectionneur aussi, Benoît, 30 ans, de La Tronche (Isère), est fan de cartes Pokémon depuis son enfance. « Adulte, je suis devenu un chasseur des objets et cartes les plus rares. Je gagne assez bien ma vie, ce qui fait de moi un privilégié puisque cela me permet d’étoffer ma collection quotidiennement », explique-t-il.
Quant à Lothaire, 25 ans, de Metz (Moselle), il est adepte des figurines de guerre Warhammer. « Pour moi, c’est bien plus qu’un simple jouet. C’est un univers complet, avec ses armées, sa stratégie et surtout une dimension artistique. Monter, peindre et personnaliser mes figurines est devenu une vraie passion. Je n’ai pas l’impression d’acheter des jouets, mais de faire vivre un univers miniature. Et je pense qu’être adulte, c’est justement pouvoir choisir ses passions sans se poser de limites », raconte-t-il, sans craindre le regard des autres.
Pour certains adultes, acheter des jouets, c’est aussi combler des envies d’enfance. « Je suis issu d’une fratrie de cinq enfants et mes parents n’étaient pas riches. Maintenant que je suis posé socialement et financièrement, je m’offre les jeux que je n’avais pas pu avoir enfant. Né fin des années 70, j’ai baigné dans le monde des petites voitures Majorette. Aujourd’hui, j’en ai 250 », confie Yannick, 47 ans, de Thaon-les-Vosges (Vosges).
Marché et signification sociale
Selon Circana, le marché des “kidultes” représente 36 % des ventes de jeux et jouets, avec une croissance de 22 % en un an. Pour les participants, acheter des jouets et des maquettes est aussi une façon de retrouver des plaisirs d’enfance et de les partager sans retomber dans le regard des autres.
Des témoignages convergent pour montrer que ce phénomène ne se limite pas à quelques passionnés: il s’inscrit dans une réalité culturelle et économique plus large, où les loisirs ne sont plus uniquement l’apanage des plus jeunes et où la frontière entre jeu et collection devient plus floue.