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À Kiev, la contestation contre la nouvelle réforme anticorruption en Ukraine bat son plein, révélant une opposition fervente dans un contexte politique tendu. Plusieurs milliers de manifestants, pour la majorité jeunes, se sont rassemblés devant un théâtre de la capitale ukrainienne pour demander au président Volodymyr Zelensky de veto la loi adoptée récemment par le Parlement. Cette législation suscite de vives inquiétudes, notamment quant à son impact sur l’indépendance des institutions anticorruption, essentielles à la crédibilité du pays sur la scène européenne.
Une réforme contestée au cœur de la scène politique ukrainienne
La loi en question place le Bureau national anticorruption (Nabu) et le parquet spécialisé anticorruption (SAP) directement sous l’autorité du procureur général, nommé par le président Zelensky. Ce dispositif est perçu par ses détracteurs comme un risque de concentration des pouvoirs et une menace pour l’indépendance des acteurs de la lutte contre la corruption. Plusieurs manifestants, dont la jeune activiste Anya Kutsevol, dénoncent un recul de plusieurs années dans les efforts de réforme, qui pourrait compromettre l’intégration européenne de l’Ukraine.
Malgré la pression populaire et les inquiétudes de la communauté internationale, notamment de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui a exigé des clarifications, Zelensky a annoncé qu’il déposerait un nouveau projet visant à préserver l’indépendance des organes de lutte contre la corruption. La réplique européenne souligne l’importance de cette réforme pour la crédibilité du pays sur la voie de l’adhésion à l’Union européenne.
Des enjeux historiques et géopolitiques
Les manifestations à Kiev interviennent dans un contexte où l’Ukraine a connu une trajectoire politique marquée par la révolution de Maïdan en 2014, qui a conduit à la chute du président Viktor Ianoukovitch et à une volonté claire de rapprochement avec l’Europe. Ce mouvement, renforcé par la destitution du pouvoir pro-russe, a été suivi par l’annexion de la Crimée par Moscou et par une guerre dans l’Est du pays, alimentée par la Russie et ses séparatistes soutenus. La réforme des institutions anticorruption représente donc aussi une étape symbolique dans la poursuite de cette orientation pro-européenne, face aux pressions de Moscou.
La Russie n’a pas manqué de réagir, Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, déclarant qu’il existe « beaucoup de corruption » en Ukraine et laissant entendre que ces tensions internes pourraient être exploitées par Moscou. Un manifestant, Yevgen Popovychenko, évoque cette crainte, en brandissant une banderole « Ne me ramenez pas à Maïdan », rappelant la période de contestation de 2014 où il était déjà dans la rue à 21 ans.
Une jeunesse engagée et un appel à l’Europe
Les jeunes manifestants, comme Anya Kutsevol, nés après le Maïdan, sont nombreux à s’impliquer pour défendre la démocratie et l’intégrité du processus de réforme. Pour eux, le combat contre la corruption est aussi une lutte pour l’indépendance et l’affirmation de leur identité européenne. La révolte de Kiev témoigne d’un désir profond d’éviter un retour en arrière, face à une insécurité politique que certains craignent exploitable par des forces extérieures.