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La CEDH condamne la France pour la mort de Rémi Fraisse

by Sara
France

La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné jeudi la France pour la mort de Rémi Fraisse, un jeune militant écologiste tué en 2014 lors d’une opération de maintien de l’ordre autour du chantier du barrage de Sivens, dans le Tarn.

Une tragédie qui a bouleversé la France

La CEDH a rendu sa décision le 27 février, après une longue bataille judiciaire de dix ans. Rémi Fraisse, âgé de 21 ans, a perdu la vie à cause de l’explosion d’une grenade lancée par un gendarme alors que des tensions éclataient autour du chantier. La Cour a mis en lumière les nombreuses lacunes administratives et opérationnelles qui ont entouré cet événement tragique.

Une condamnation claire

Dans son arrêt de 56 pages, la CEDH a souligné que le « niveau de protection requis » pour éviter les risques liés à l’usage de forces potentiellement létales n’avait pas été respecté. Les défaillances dans la préparation et la conduite des opérations de gendarmerie ainsi que les « lacunes du cadre juridique et administratif » en place ont été clairement identifiées.

La France a été condamnée à verser entre 5 600 et 16 000 euros aux proches de Rémi Fraisse pour le « dommage moral » subi, alors que l’enquête française s’était terminée par un non-lieu, sans que quiconque n’ait été tenu responsable.

Des armes dangereuses

La CEDH a également noté que la France était le « seul pays » à recourir à des munitions aussi dangereuses pour des opérations de maintien de l’ordre, notamment les grenades offensives OF-F1. La Cour a décrit l’usage de ces armes comme « problématique », en raison de l’absence de cadre d’emploi rigoureux, d’une formation adéquate et de la nécessité de respecter une distance de sécurité.

Des défaillances dans la chaîne de commandement

Par ailleurs, la CEDH a pointé du doigt des défaillances dans la chaîne de commandement, notamment l’absence d’autorité civile sur le terrain. Le préfet du Tarn, Thierry Gentilhomme, avait délégué son autorité à un commandant qui avait quitté les lieux en début de soirée, laissant les gendarmes sans supervision adéquate.

Des conséquences à long terme

Patrice Spinosi, avocat de Jean-Pierre Fraisse, le père de la victime, a déclaré qu’il avait fallu plus de dix ans pour que la responsabilité de l’État français soit enfin reconnue. Arié Alimi, un autre avocat de la famille, a souligné que les membres du gouvernement de l’époque, qui avaient donné les ordres, portaient également la responsabilité de cette tragédie.

La CEDH a également été appelée à examiner la nature de l’enquête pénale, concluant qu’elle n’était pas entachée d’un manque d’indépendance ou d’impartialité, même si des soupçons de collusion avaient initialement pesé sur la gendarmerie locale.

Un appel à la mémoire

Le décès de Rémi Fraisse, qui était décrit par ses proches comme un jeune homme pacifiste, a laissé une empreinte indélébile. Des voix s’élèvent pour rappeler l’importance de ne pas oublier cette tragédie et d’agir pour éviter qu’elle ne se reproduise. Marine Tondelier, cheffe des écologistes, a partagé un message poignant sur les réseaux sociaux, affirmant : « Tu vois Rémi, on n’a pas lâché. On continue à penser à toi. Tu nous manques. »

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source:https://www.france24.com/fr/france/20250228-mort-r%C3%A9mi-fraisse-cedh-condamnation-france-apr%C3%A8s-dix-ans-bataille-judiciaire-sivens-justice-gendarmerie-grenade

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