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Dans la bande de Gaza, les protestations anti-Hamas se multiplient, signe que l’emprise du mouvement islamiste sur ce territoire cerné par le conflit israélo-palestinien commence à s’affaiblir après près de vingt ans de contrôle.
Une contestation croissante dans les rues de Gaza
Le message est clair et récurrent dans les vidéos diffusées sur Telegram : « Dehors ! Dehors ! Dehors ! » L’appel à la fin du règne de Hamas se fait de plus en plus entendre dans les rues dévastées de Gaza, où de nombreux Palestiniens expriment ouvertement leur défiance envers le groupe armé qui dirige depuis 2007.
Les habitants tiennent Hamas pour responsable de la pire crise humanitaire que connaît la région depuis plus de 70 ans. Dans des manifestations, des slogans tels que « Hamas est une ordure » résonnent, portés par une population exaspérée et meurtrie.
Des voix critiques malgré les dangers
Moumen al-Natour, avocat à Gaza et ancien prisonnier politique, est l’un des critiques les plus virulents de Hamas. Depuis les décombres de sa ville, il dénonce l’amalgame mondial entre Gaza et Hamas et appelle à la fin de la domination du groupe.
« Le monde pense que Gaza, c’est Hamas et que Hamas, c’est Gaza. Nous n’avons pas choisi Hamas, qui s’entête à gouverner Gaza en liant notre destin au sien. Hamas doit reculer », affirme-t-il.
Malgré la répression, Moumen poursuit son combat, écrivant notamment une tribune pour le Washington Post où il associe le soutien à Hamas à la mort des Palestiniens, non à leur liberté.
Répression et violences contre les opposants
La contestation est dangereuse. Hamas n’a jamais toléré la dissidence, et les militants sont souvent victimes de représailles violentes.
En mars, Oday al-Rubai, 22 ans, a été enlevé par des hommes armés à Gaza avant que son corps ne soit découvert avec des blessures terribles. Le décès, qualifié d’exécution extrajudiciaire par la Commission palestinienne indépendante des droits de l’homme, a suscité l’indignation et les accusations directes contre Hamas.
Peu avant sa mort, Oday avait posté une vidéo effrayée où il exprimait sa crainte d’être ciblé par les militants du groupe. Sa famille a exigé justice lors de ses funérailles, où la colère contre Hamas s’est une nouvelle fois manifestée.
Un pouvoir de plus en plus contesté
Parmi les figures de la contestation, Amin Abed, rescapé d’une violente agression par des militants masqués l’été dernier, reste engagé dans la lutte contre Hamas depuis Dubaï. Il témoigne du déclin progressif du pouvoir du groupe.
« Le pouvoir de Hamas commence à s’effriter. Il continue de cibler activistes et civils pour semer la peur, mais ce n’est plus comme avant », explique-t-il.
Des habitants qui défient les militants
À Beit Lahiya, au nord de la bande de Gaza, la contestation contre Hamas est particulièrement visible. Des habitants ont empêché des combattants du groupe de lancer des roquettes depuis des habitations, comme celle d’un vieil homme, Jamal al-Maznan, qui a refusé d’ouvrir sa maison aux militants.
Les affrontements qui ont suivi ont blessé plusieurs personnes, mais les protestataires ont réussi à chasser les militants, leur demandant de ne plus utiliser leurs armes destructrices dans leurs quartiers.
Une colère partagée entre Hamas et Israël
Alors que les combats avec Israël reprennent et que les frappes aériennes redoublent, les civils de Gaza se retrouvent une nouvelle fois plongés dans l’horreur. Certains perdent leur peur de Hamas et osent défier le mouvement, malgré les risques.
Pour Amin Abed, la responsabilité de la catastrophe que traverse Gaza est partagée, ce qui le pousse à comparer la situation à un choix entre « le choléra et la peste ».
Ce mouvement de protestation, bien que limité, illustre que le contrôle quasi total de Hamas sur la bande de Gaza commence à se fissurer après deux décennies de pouvoir autoritaire.