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La CPI accorde une échappatoire à Netanyahou, selon un juriste
Paris – Le juriste en droit international et directeur de la section Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’organisation « Avocats Sans Frontières », Abdul Majid Merari, a déclaré que les décisions de la Cour pénale internationale (CPI) n’ont pas été en faveur du peuple palestinien, car elles ont accordé une fenêtre légale de survie au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et à l’ancien ministre de la Défense Yoav Galant.
Une analyse approfondie de la situation palestinienne
Dans une interview exclusive accordée à Al Jazeera, Merari, d’origine marocaine, a souligné que la question palestinienne bénéficie d’un large soutien populaire à l’échelle mondiale et au sein de la société civile en France et en Europe. Il a également affirmé que la bataille juridique devant les tribunaux internationaux n’est pas encore terminée.
Des avocats internationaux ont déposé une plainte officielle auprès de la CPI, vendredi dernier, contre le chef de l’unité « Coordination des activités gouvernementales israéliennes dans les territoires palestiniens », Ghassan Aliyan, et le général Elad Goren, chef de l’unité des efforts humanitaires civils dans la Gaza, pour leur supervision directe de l’application d’une politique de blocus sévère sur la bande de Gaza.
Le recours à la famine comme arme de guerre
La plainte inclut des accusations concernant l’utilisation de la famine comme arme de guerre, un élément constitutif de génocide qui pourrait constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, visant à détruire un groupe national, ethnique ou racial en tout ou en partie, selon le Statut de Rome.
Merari a déclaré à Al Jazeera que « la plainte a été transférée à la section des enquêtes de la CPI, ce qui constitue un pas très important et un signal positif de la part du tribunal indiquant son intention d’ouvrir une enquête et je pense qu’il ne sera pas difficile de condamner Israël dans cette affaire car les preuves sont complètes ».
Il a ajouté que le général Aliyan a joué un rôle clé dans la mise en œuvre d’une politique de privation délibérée visant les civils dans la bande de Gaza depuis le début des hostilités en octobre 2023, en imposant des restrictions complètes sur les ressources essentielles, telles que l’eau, la nourriture et l’électricité, tout en interdisant l’entrée d’aides humanitaires, ce qui a conduit à une famine généralisée dans la Gaza assiégée.
Les menaces pesant sur les juges et l’équipe légale
Bien que des menaces aient été rapportées à l’encontre des juges de la Cour à La Haye, Merari a confirmé que les membres de l’équipe juridique avaient subi le même sort, y compris la réception de messages de menace et le vol de données personnelles et d’informations sur l’équipe au sein de la CPI.
Le dossier des prisonniers palestiniens
Merari a expliqué que la lutte avec l’équipe légale, dirigée par l’avocat français décédé Gilles Duvert, a débuté lors de la première réunion de l’équipe juridique en 2008 avec le procureur de la CPI de l’époque, Luis Moreno-Ocampo, jusqu’en 2014 avec l’arrivée de l’ancienne procureure Fatou Bensouda, qui était à l’origine de la décision du 5 février 2021, approuvée par la chambre préliminaire.
Ce jugement stipule que la compétence territoriale de la Cour concernant la situation en Palestine, qui est un État partie au Statut de Rome, inclut les territoires occupés par Israël depuis 1967, notamment Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.
L’urgence d’inclure le dossier des prisonniers
En soulignant l’importance du dossier des prisonniers, Merari a appelé l’Autorité palestinienne à intégrer ce dossier dans la CPI, affirmant que « le moment est venu d’introduire le dossier des prisonniers et que l’Autorité palestinienne doit être en tête de ce processus, car elle est un État membre de la Cour, et l’équipe juridique a exprimé sa pleine disposition à soumettre cette plainte ».
Par ailleurs, le juriste a indiqué qu’Israël s’obstine à désigner les Palestiniens détenus dans ses prisons comme des « détentionnaires » plutôt que comme des « prisonniers » pour éviter qu’ils ne soient protégés par la Convention de Genève.
Les mémoires de l’arrestation
L’émission de mandats d’arrêt est un événement historique, mais la décision de la CPI a laissé une échappatoire légale pour Benjamin Netanyahou et Yoav Galant, tout en serrant la vis autour des dirigeants palestiniens.
Merari a précisé que « la Cour s’est fondée sur des accusations sur la période allant du 8 octobre 2023 au 20 mai 2024, ce qui signifie qu’elle efface complètement ce qui a été commis depuis la signature de l’Autorité palestinienne en donnant compétence à la Cour en 2014. »
En lisant correctement le contenu de ces mémoires, je n’hésiterais pas à dire que la CPI a peut-être gagné pour Israël et n’a pas gagné pour le peuple palestinien.
Perspectives d’avenir
Il convient de rappeler que la CPI a accepté la demande du procureur Kareem Khan, depuis mai dernier, d’émettre des mandats d’arrêt en novembre dernier pour des crimes de guerre pouvant s’apparenter à un génocide.
Concernant l’évolution de la position de l’actuel procureur Kareem Khan, Merari estime que ses réalisations n’atteignent pas celles de Bensouda, ajoutant que « le procureur a traité avec prudence les qualifications juridiques de plusieurs accusations portées contre la résistance palestinienne et les responsables israéliens pour ne pas se mettre dans une position délicate avec Israël ».
En conséquence, Merari s’attend à ce que l’équipe juridique rencontre des difficultés lors des prochaines plaidoiries devant la CPI, car « elle se trouvera entourée par plusieurs qualifications juridiques établies par la chambre préliminaire précédemment, qui sont des procédures qui ne peuvent pas être renversées car la décision est définitive ».
Dans ce contexte, il exprime des regrets face à la démission du juge libanais Nawaf Salam de la présidence de la Cour internationale de justice, car « les décisions de cette Cour mettent la CPI dans une position embarrassante », tout en s’interrogeant sur l’avenir de la question palestinienne au sein de la justice internationale après le départ de Salam.