Home Actualité La faim déchirante à Gaza : une mère lutte pour nourrir sa famille

La faim déchirante à Gaza : une mère lutte pour nourrir sa famille

by Sara
La faim déchirante à Gaza : une mère lutte pour nourrir sa famille
Gaza, Palestine

À Gaza, la faim est une réalité insoutenable qui s’aggrave chaque jour. L’expression arabe « Il n’y a pas de son plus fort que celui de la faim » prend ici tout son sens. Les bombes et les conflits laissent place à une guerre silencieuse, plus cruelle encore : celle de la faim.

Depuis quatre mois, ma famille n’a pas connu de repas complet. Nous sommes privés des besoins humains les plus fondamentaux, selon la pyramide de Maslow. Mes journées tournent uniquement autour de cette lutte incessante contre le manque de nourriture.

Je reçois sans cesse des appels désespérés de femmes rencontrées dans les camps de réfugiés, pleurant, me demandant de l’aide, un kilo de farine, quoi que ce soit. Cette phrase revient sans cesse à mes oreilles : « Nous n’avons pas mangé depuis plusieurs jours. » Cette réalité n’est plus un choc, mais une dure vérité.

Un deuxième anniversaire marqué par la pénurie

Ce matin, mon fils Iyas a demandé un verre de lait pour son deuxième anniversaire. Pendant cette guerre, ses premiers pas dans la vie sont marqués par la privation. L’année dernière, j’avais écrit un article pour son anniversaire, me rappelant qu’alors, au moins, il y avait encore quelque chose à manger.

Aujourd’hui, la simple demande de lait me plonge dans un tourbillon d’angoisse. Nous avons déjà enterré en silence tout ce qui restait de lait, de riz, de sucre, de boulgour ou de fèves. Il ne reste que quelques sacs de pâtes, un peu de lentilles, et une maigre quantité de farine, notre précieux « or blanc », à rationner pour nous nourrir au mieux.

Chaque tasse de farine ajoutée à la pâte semble lourde. Je me persuade d’en mettre juste un peu, espérant étirer cette maigre réserve. Mais je sais bien que c’est insuffisant pour calmer la faim qui nous tenaille.

Un rituel matinal devenu sacré

Autrefois, je détestais préparer le pain le matin, ce travail long et pénible qui m’était imposé par la guerre. Je rêvais de pouvoir simplement l’acheter au boulanger. Désormais, ce rituel est devenu précieux. Des milliers de Gazaouis souhaiteraient pouvoir pétrir comme moi à l’infini. Moi, je façonne la pâte avec soin, coupe les pains, puis mon mari les enfourne dans le four communal de terre cuite, sous un soleil brûlant.

Ce petit pain tiède que nous obtenons est un luxe, un trésor. Ce rituel, qui peut sembler misérable, est devenu un rêve lointain pour des centaines de milliers de personnes. Nous sommes nombreux à mourir de faim chaque jour. Que nous réserve encore cette guerre interminable ?

Le dernier défi d’Iyas

Il y a deux semaines, alors que je calculais comment faire durer nos dernières réserves de farine, un autre défi s’est présenté : apprendre à Iyas à utiliser les toilettes. Les couches étaient épuisées. Mon mari a cherché partout, sans succès.

  • Pas de couches.
  • Plus de lait pour bébé.
  • Rien du tout.

La guerre a imposé à mon enfant une enfance rude et étrange, privée d’éléments essentiels comme les œufs, le lait frais, les légumes ou les fruits. Malgré une santé fragile, j’ai continué l’allaitement maternel, mais cette situation est intenable.

Le réveil d’Iyas face à la peur des toilettes et les accidents au quotidien sont une source de fatigue intense. Nous avons mis deux jours à trouver un petit siège adapté, mais chaque séance est une épreuve, tant pour lui que pour moi. Pourquoi devons-nous, ici, vivre cette situation impossible, sous une pression psychologique énorme ?

Mes nuits sont hantées par la peur du lendemain, de la nourriture, de la sécurité. Quand l’ordre d’évacuation est arrivé à Deir al-Balah, la peur s’est intensifiée. Le danger se rapproche avec l’avance des chars israéliens.

Une vie brisée par la faim et la guerre

Affamée et sans couches, j’élève la voix sur mon enfant effrayé, alors que les bombardements grondent autour de nous. Pourquoi devons-nous vivre ainsi, nos vies détruites un peu plus chaque jour ?

Beaucoup ont dû recourir à la mendicité. Certains sont morts pour un morceau de pain ou une poignée de farine. D’autres restent chez eux, attendant l’arrivée des chars. Et une multitude, comme moi, attend simplement de rejoindre les rangs des affamés, sans savoir ce que sera la fin.

On prétend que le temps à Gaza est fait de sang. Aujourd’hui, il est fait de sang, de larmes et de faim.

source:https://www.aljazeera.net/culture/2025/8/4/%d8%b7%d8%ad%d9%8a%d9%86-%d9%88%d9%86%d8%a7%d8%b1-%d9%88%d8%ae%d9%88%d9%81-%d9%88%d8%a3%d9%86%d8%a7-%d8%a3%d8%ad%d8%a7%d9%88%d9%84-%d8%a3%d9%86-%d8%a3%d9%83%d9%88%d9%86-%d8%a3%d9%85%d8%a7

You may also like

Leave a Comment


Droits d’auteur © 2024 – onemedia.fr – Tous droits réservés