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Cette semaine, Nathalie Iannetta nous emmène dans une usine à médailles d’or… Celle du biathlon français ! Déjà cinq médailles d’or aux Mondiaux de Lenzherheid en Suisse, et dix si l’on compte les médailles d’argent et de bronze. Les Bleus, hommes et femmes, sont en train d’assommer la planète biathlon. Comme l’an dernier, où l’équipe de France avait surperformé à Nove Mesto en devançant même la Norvège, finissant la meilleure nation du monde avec six titres et treize médailles au total. Cette année, il reste deux jours d’épreuves et quatre courses, et les tricolores semblent partis pour faire le back to back… À un an des jeux en Italie, on n’en est plus au stade des promesses, mais bien à celui des records…
Comment expliquer de telles performances ?
Par une formation modèle. Un nombre infime de licenciés qui devient une fabrique à champions. Plusieurs explications à ce succès Made in France. D’abord, des territoires : Le Jura, la Savoie, mais aussi les Pyrénées offrent des kilomètres de piste de fond à des jeunes qui s’attaquent sur des spatules fines aux pistes enneigées pleines de sapins. On ne naît pas biathlètes… On le devient ! Ces fondeurs, très vite, sont initiés au tir grâce à des activités ludiques, par des coachs souvent anciens biathlètes de haut niveau. Vers 14-15 ans, les plus rapides et adroits entrent dans les pôles d’excellence. Un ratio réservoir/talents imbattable.
Filles comme garçons bénéficient de professeurs de ski nordique, mais aussi de maîtres en tir sportif. Jean Pierre Amate, par exemple, champion olympique de tir à la carabine aux jeux d’été à Atlanta, partage très vite son savoir-faire et son œil avec des skieurs. Résultat : les Français, déjà très performants au ski, deviennent des tireurs hors pair. C’est avec précision et vitesse sur le pas de tir que se fait la différence pour un podium. Débouler dans le stand, observer en une fraction de seconde le sens du vent dans les fanions, debout ou couchés, soulever le clapet et blanchir la cible. Aujourd’hui, ils réalisent cela en moins de 19 secondes avant de repartir. Les Bleus ont franchi un palier.
Une histoire de transmission
C’est aussi une histoire de générations hors norme. Chez les garçons, Quentin Fillon Maillet, Emilien Jacquelin et Eric Perrot maîtrisent à la perfection, en équipe ou en individuel, cet art de la glisse et du tir. Chez les femmes, c’est l’explosion de Lou JeanMonnot dans le sillage des stars Julia Simon et Justine Braizaz Bouchet. Derrière elles, les jeunes étoiles montent déjà comme Océane Michelon et Jeanne Richard.
Mais vous l’avez dit, une génération n’est jamais spontanée. En biathlon, moins qu’ailleurs. Elles sont toutes depuis 30 ans les héritières des précédentes. Tout commence avec la team féminine Beausyre, Burlet, Briand Niogret, premières championnes du monde par équipe en 1993. Chez les hommes, l’avènement de Raphaël Poirée à la même époque a changé la donne. Son palmarès rivalise avec les maîtres norvégiens, avec notamment huit titres de champions du monde. En 2004 à Oberhof, il s’adjuge tous les podiums de ces mondiaux avec son épouse, la Norvégienne Liv Grete.
Le biathlon, une affaire de famille
Parler de biathlon, c’est souvent parler de famille. Demandez aux frères Boe, les immenses Tarjei et surtout Johannes, et aux Fourcade. Simon, l’aîné, l’idole du petit Martin, qui dans une terrible douleur familiale, deviendra meilleur que son frère. Meilleur que tous les autres. Fourcade a tout gagné méthodiquement. En plus de son talent et de sa puissance, il a mis son intelligence et son intuition au service de son sport. Convaincu du côté spectaculaire du biathlon, c’est lui qui a convaincu la chaîne l’Équipe de retransmettre en clair la saison toute entière. Pari gagné ! Aujourd’hui, les audiences déchirent et le public adhère, des heures durant.
La recette parfaite du succès en somme : une formation au top, des stars qui performent et font rêver, même dans les vallées aujourd’hui. Trente ans d’une usine à médailles qui n’est pas prête de fermer.
