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La gauche face au gouvernement Barnier : tensions et réflexions
Pour récupérer l’électorat de gauche modérée perdu en 2017, les socialistes tentent de se démarquer tout en restant sous l’influence de Jean-Luc Mélenchon, note Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».
Le 21 septembre, la gauche s’est présentée comme unie et en colère à l’annonce de la composition du gouvernement Barnier. Le verdict a été sans appel : censure immédiate et aucune négociation. Pour le président de la République, la dissolution apparaît comme une tragédie se déroulant jour après jour. Son objectif initial, lors du soir du 9 juin, était de parachever le projet engagé en 2017 : démanteler la gauche pour élargir le centre, suite aux tensions apparues durant la campagne des élections européennes entre le camp Glucksmann et les mélenchonistes. Cependant, paradoxalement, l’unité de la gauche semble s’être renforcée, malgré les fissures qui ont affecté la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) depuis deux ans.
Une gauche mobilisée contre le Rassemblement national
Ce renouveau de la gauche s’est d’abord cristallisé autour de la lutte contre le Rassemblement national, dont la menace est indéniable. Par la suite, elle s’est dirigée contre Emmanuel Macron et sa manière de gouverner, alors que ce dernier s’efforce de gérer la défaite de son camp aux élections législatives et de rétablir un certain ordre dans le chaos qu’il a engendré. Son refus de désigner un premier ministre issu du Nouveau Front populaire (NFP), arguant d’une censure immédiate, a engendré un sentiment d’injustice parmi l’électorat de gauche, alimentant une incompréhension démocratique persistante.
Les réactions des représentants de la gauche
La réaction des membres du NFP, y compris des figures plus modérées, a été marquée par la colère face à la formation du gouvernement minoritaire de Michel Barnier : une alliance de partis défaits, penchée davantage vers la droite, dont Les Républicains se sont même exemptés du front républicain. François Hollande, ancien président de la République, n’a pas manqué de faire entendre son indignation : _« On devait avoir un changement, on a la Restauration. »_ De son côté, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, a dénoncé un _« bras d’honneur à la démocratie. »_
Vers une rupture dans le paysage politique ?
Il est important de noter qu’il existe une part de mauvaise foi dans cette mise en scène, que certains qualifient d’_« arnaque démocratique. »_ Dans leur indignation, les socialistes oublient de reconnaître que, si ils avaient réellement soutenu la candidature de Bernard Cazeneuve, celle de Michel Barnier n’aurait peut-être pas vu le jour. De plus, si une partie de la gauche dite « de gouvernement » avait été ouverte à l’idée de gouverner, le retour au pouvoir de la droite conservatrice aurait pu être évité, tout comme une culture du compromis, essentielle dans une Assemblée nationale sans majorité.
Ainsi, la situation actuelle soulève des questions cruciales sur l’avenir politique de la France et la capacité de la gauche à se réinventer, face à un gouvernement Barnier qui s’affirme dans un contexte de tensions internes et de fractures idéologiques.