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La guerre en Gaza : les radios locales réduites au silence

by Sara
Palestine

La guerre en Gaza : les radios locales réduites au silence

Depuis le début de la guerre israélienne contre la Gaza, suite à l’opération « Tempête d’Al-Aqsa » du 7 octobre 2023, les voix des radios locales de Gaza se sont tues. Madelin Shaklia, animatrice d’une émission matinale sur une station locale, évoque son chagrin d’être coupée de ses auditeurs. Depuis cinq ans, elle animait son programme « Sur la table du matin », mais la destruction des stations de radio et le manque d’électricité et de carburant l’ont contrainte au silence.

Elle souligne que le 13 février, journée mondiale de la radio reconnue par l’ONU, sera une journée triste, car la guerre a fait disparaître ces plateformes qui exprimaient les préoccupations quotidiennes des citoyens de Gaza.

Madelin Shaklia a lancé le podcast de la tente avec des moyens modestes pour compenser son absence à la radio.

Des événements tragiques

Active dans le domaine de la radio depuis 14 ans, Madelin a commencé avec le programme « En pleine lumière » sur la station « Alwan ». Elle a ensuite animé son programme matinal sur « Zaman », où elle recevait des personnalités influentes pour discuter des enjeux communautaires. Malgré les grandes préoccupations de Gaza, elle cherchait à transmettre de l’espoir et de la positivité.

Le conflit l’a forcée à fuir avec sa famille vers le sud de la bande de Gaza, et son émission matinale a disparu, tout comme les simples salutations du matin. Elle raconte que les matins étaient marqués par la peur et la violence.

Dans les premiers jours de la guerre, elle a perdu sa nièce de quatre mois, Yumna, tuée par un missile qui a frappé leur maison. Dix jours plus tard, sa sœur, Meram, une jeune mariée, a également été tuée. Madelin a appris cette nouvelle tragique après une coupure de communication prolongée, sans jamais avoir eu l’occasion de dire adieu à sa sœur.

Le Dr. Tahseen Al-Ashtal souligne que la guerre israélienne a mis les journalistes palestiniens en danger.

Passion pour la radio

Malgré cette réalité douloureuse, Madelin confie : « Le microphone ne m’a jamais quittée de l’esprit ». Elle éprouve un grand désir de retrouver ses auditeurs, bien qu’elle sache que cela ne sera pas facile. La destruction massive des stations et les restrictions à l’importation de matériel de diffusion compliquent son retour.

Le Dr. Tahseen Al-Ashtal, vice-président du Syndicat des journalistes palestiniens, indique que l’occupation a détruit 25 stations locales à Gaza, laissant de nombreux journalistes sans emploi.

Pour Madelin, la radio représente bien plus qu’un simple emploi ; c’est un moyen de toucher le cœur des gens. Dans un contexte où Gaza subit de nombreuses crises, les radios locales étaient essentielles pour informer la population et donner une voix à leurs préoccupations.

Initiatives dans l’adversité

Inspirée par son expérience de déplacement, Madelin a lancé un podcast intitulé « Podcast de la tente », malgré de nombreuses difficultés. Elle a produit quatre épisodes avec l’aide de bénévoles, en enregistrant depuis une tente dans la cour de l’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah.

Le podcast a été créé dans un contexte de peur intense, alors que les journalistes et les abris pour déplacés étaient directement ciblés par des frappes aériennes.

Le Dr. Al-Ashtal souligne que pendant cette guerre, plus de 200 journalistes ont perdu la vie, dont des animateurs de radio.

La voix des radios de l’extérieur

Alors que les radios locales de Gaza se taisaient, celles de la Cisjordanie continuaient de diffuser, devenant une source d’information essentielle. La chaîne Al Jazeera, par le biais de la station « Arouba » de Hébron, a atteint un large public grâce à sa couverture continue des événements en cours.

Cependant, le service a été suspendu suite à une décision judiciaire émanant de l’Autorité palestinienne, qui a fermé le bureau de la chaîne à Ramallah.

Malgré cela, des programmes locaux, tels que « Lamma Sabah » et « Hadith Al-Nas », ont continué à faire entendre la voix de Gaza. Le journaliste Abdullah Al-Maghari, qui anime l’un de ces programmes, a fait preuve de détermination en continuant à transmettre des nouvelles depuis des lieux de désastre.

Un symbole d’espoir

Pour Mohammed Yassine, directeur du Forum des journalistes palestiniens, Al Jazeera représentait une « lueur d’espoir » pour les Gazaouis, fournissant des informations cruciales sur les événements. Il explique que la présence de la chaîne a permis de briser l’isolement imposé par l’occupation, alors même que les médias locaux étaient systématiquement détruits.

source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/2/13/%d8%a7%d9%84%d9%8a%d9%88%d9%85-%d8%a7%d9%84%d8%b9%d8%a7%d9%84%d9%85%d9%8a-%d9%84%d9%84%d8%a5%d8%b0%d8%a7%d8%b9%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d8%ad%d8%b1%d8%a8-%d8%aa%d8%ba%d8%aa%d8%a7%d9%84

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