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La mémoire d’une attaque aérienne sur le train de Noël à Wierden

by Sara
Pays-Bas

Les habitants de Wierden se souviennent encore avec précision de l’attaque aérienne qui a frappé un train le matin du premier jour de Noël en 1944. Cet événement tragique a profondément marqué la mémoire collective, surtout celle des centaines de travailleurs forcés qui ont tenté de se mettre à l’abri après la fusillade.

Une journée tragique

Jan Janssen, âgé de 92 ans, se remémore ces instants : « Je vois soudain une aile d’avion passer devant la fenêtre et une traînée de feu se diriger vers les voies. » Janssen fait partie des Wierdenaren qui ont aidé à cacher certains passagers du train touché.

En septembre 1944, le gouvernement néerlandais annonçait depuis Londres une grève ferroviaire massive, visant à empêcher l’occupant allemand d’exploiter les chemins de fer et le personnel néerlandais. Les trains en circulation étaient souvent attaqués par des chasseurs alliés.

C’est ce qui est arrivé au train qui, le 25 décembre 1944, avait quitté Kampen et atteignait Wierden vers 9 heures du matin.

Des razzias et des victimes

Les pilotes britanniques ignoraient que ce train ne transportait pas de troupes ennemies ou de matériel de guerre. À bord se trouvaient environ 1400 hommes de Goeree-Overflakkee et Schouwen-Duiveland, capturés lors de razzias dans leurs villages, transportés à Amsterdam, puis embarqués dans ce train pour être envoyés en Allemagne afin de réparer les infrastructures détruites.

Lorsque le train s’est arrêté à Wierden, il a été mitraillé de tous côtés. Quatre hommes ont perdu la vie sur le coup, tandis que plusieurs dizaines ont été blessés. Près de 200 hommes ont réussi à s’échapper en se mêlant aux fidèles d’une église voisine. Les paroissiens ont rapidement réagi, cachant les fuyards dans leurs maisons, notamment dans des greniers et des sous-sols.

Des moments de solidarité

Dans leur maison de la rue Appelhof, Janssen et son père ont vu arriver deux hommes, les frères Springvloet Dubbeld, trempés et nerveux, mais ils les ont accueillis. « Mon père a fait quelque chose que je considère aujourd’hui comme imprudent », raconte Janssen. « Il a fermé les rideaux en plein jour. »

La situation a bien tourné pour eux. Les frères sont restés cachés chez Janssen pendant le reste de ce jour de Noël, participant au repas familial. « Nous avons probablement mangé du lapin », se souvient Janssen.

Un refuge temporaire

Jo ten Cate-Breij, âgée de 94 ans, se rappelle d’un jeune homme qui est également arrivé, ayant sauté du train. Épuisé et désorienté, il a été réconforté avec un café et a été caché dans le grenier, puisque la maison était remplie.

Les autorités allemandes ont arrêté plus de mille passagers du train, les emprisonnant quelques heures dans une usine textile avant de les transférer vers une autre destination en Allemagne. Certaines personnes ont réussi à s’échapper lors du trajet entre l’usine et la gare.

Un destin tragique

Le jeune homme caché chez Ten Cate-Breij est resté dans le grenier jusqu’au 5 février 1945. S’il a échappé à une inspection allemande, il a finalement pu rentrer chez lui à vélo en février 1945.

Les frères Springvloet Dubbeld ont été réunis avec un troisième frère, tous trois trouvant refuge dans un lieu sûr à Ypelo. Cependant, leur destin a pris un tournant tragique. Peu avant la libération de Wierden, le 4 avril, un projectile V1 a explosé, tuant deux des frères alors qu’ils essayaient de le désamorcer. Cinq jours plus tard, Wierden était enfin libéré.

Attaque Aérienne | Wierden | Deuxième Guerre Mondiale | Mémoire Historique | Pays-bas

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