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La menace du photopollution sur nos villes est inimaginable
Une nouvelle étude met en garde contre la pollution lumineuse qui perturbe les écosystèmes à travers le monde, avec des effets particulièrement profonds sur les plantes qui dépendent de la lumière pour la photosynthèse.
Les scientifiques savent que l’éclairage industriel non naturel utilisé la nuit a des impacts clairs sur les animaux, les insectes, les plantes et même sur la santé humaine. Une étude publiée le 5 août dans la revue Frontiers in Plant Science a révélé que l’exposition des plantes à de hauts niveaux de lumière artificielle la nuit rend les feuilles des arbres plus rigides, les rendant plus difficiles à consommer pour les insectes, ce qui menace les chaînes alimentaires urbaines et, par conséquent, affecte l’écosystème dans son ensemble.
Une croissance urbaine incontrôlée
Le co-auteur de l’étude, Shuang Chang, chercheur en sciences environnementales à l’Académie chinoise des sciences, souligne que l’accélération de l’urbanisation et l’absence de normes de durabilité environnementale dans les nouvelles villes ont transformé les nuits urbaines en journées lumineuses qui mettent en péril la vie végétale et sauvage.
Chang explique que les organismes vivants sur terre, comme les plantes et les animaux, possèdent des informations codées dans leur ADN concernant les rythmes de vie jour/nuit. Il ajoute que les plantes et les animaux dépendent du cycle journalier de la terre pour réguler des comportements essentiels à la survie, tels que la reproduction, la nutrition, et la protection contre les prédateurs. Cependant, cette dynamique a été radicalement perturbée par l’éclairage nocturne.
Les chercheurs ont observé que, comparées aux écosystèmes naturels sans pollution lumineuse, les feuilles des arbres dans la plupart des écosystèmes urbains montrent généralement peu de signes de dommages causés par les insectes. Dans cette étude, ils démontrent que, pour deux des espèces d’arbres les plus courantes à Pékin, la lumière artificielle la nuit augmente la rigidité des feuilles et diminue le niveau de consommation par les insectes.
Les effets de la lumière artificielle
La lumière émise par les lampadaires a eu un effet marqué sur les feuilles des arbres testés. Les auteurs ont analysé deux espèces courantes d’arbres de rue à Pékin : le « chauffage japonais » et le « frêne vert », dont les premières ont des feuilles plus petites et plus tendres, que les insectes préfèrent consommer.
Les chercheurs pensent que les plantes exposées à de hauts niveaux de lumière artificielle se concentrent davantage sur la défense que sur la croissance, ce qui signifie que leurs feuilles deviennent plus rigides, contenant davantage de composés chimiques de défense.
Ils ont identifié 30 sites échantillonnés le long des routes éclairées par des lumières de rue pendant toute la nuit, mesurant l’intensité lumineuse à chaque site et évaluant les caractéristiques des feuilles en termes de rigidité.
Les chercheurs ont examiné environ 5500 feuilles pour des propriétés telles que la taille, la rigidité, la teneur en eau, le niveau de nutriments et les défenses chimiques, selon un communiqué de presse sur le site de la revue. Les résultats montrent que la lumière artificielle a augmenté la luminosité nocturne d’environ 10%.
De plus, Chang précise que les feuilles exemptes de ravageurs pourraient être une source de confort pour les humains, mais pas pour les insectes, puisque la consommation de plantes est un processus écologique naturel nécessaire à la biodiversité.
Selon le chercheur, l’exposition nocturne des arbres à la lumière artificielle pourrait prolonger leur période de photosynthèse, entraînant une baisse de la consommation par les herbivores, ce qui pourrait également réduire la diversité des insectes herbivores ainsi que celle des insectes prédateurs et des oiseaux insectivores.