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La mode au Vatican : les tailleurs romains en émoi avant le conclave

by Sara
La mode au Vatican : les tailleurs romains en émoi avant le conclave
Italie

Pour les princes de l’Église catholique, appelés cardinaux, le conclave ne se résume pas simplement à l’élection d’un pape. C’est aussi l’occasion de renouveler leur garde-robe.

Ces derniers jours, de nombreux prélats ont visité les célèbres tailleurs du centre de Rome pour découvrir et acquérir des habits ecclésiastiques raffinés, souvent introuvables ailleurs.

La famille Gammarelli, dont les artisans confectionnent des vêtements pour les papes depuis un siècle et habillent prêtres, évêques et cardinaux depuis le XVIIIe siècle, est l’une des marques les plus prisées.

Cependant, Stefano Gammarelli, sixième génération à la tête de la maison, a expliqué que ses tailleurs sur mesure ne prépareront pas encore les vêtements du prochain pape. Cette année, le Vatican a informé la famille qu’il utiliserait les soutanes des élections précédentes — une décision perçue par certains comme un hommage à François, soucieux de l’environnement et de la réduction des déchets, décédé le 21 avril.

« Nous espérons pouvoir servir lors du prochain conclave », a confié M. Gammarelli.

Comme lors des conclaves précédents, avant d’apprendre que leurs services ne seraient pas requis, les tailleurs de Gammarelli avaient pris les mesures des cardinaux fidèles à leur atelier et confectionné des soutanes pour ceux qu’ils pensaient susceptibles d’être élus.

Quand un cardinal n’a pas rendu visite à un tailleur depuis un certain temps, ils consultent souvent internet pour estimer si le prélat a pris ou perdu du poids. « Nous prenons toutes les mesures, faisons les calculs pour être précis, puis nous croisons les doigts pour une aide divine », a précisé Stefano Gammarelli.

Cependant, cette méthode n’est pas toujours infaillible.

Lors de l’élection du pape Jean XXIII en 1958, des milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre ignoraient probablement que le nouveau pontife se tenait sur la terrasse de la basilique avec une soutane coupée en deux à l’arrière. « Quelqu’un lui avait fourni une mauvaise taille », a raconté Gammarelli.

Dans les années précédentes, les tailleurs préparaient plusieurs soutanes de différentes tailles (petite, moyenne et grande), espérant que le nouveau pape ne serait pas un XL.

Raniero Mancinelli, un autre tailleur qui habille les papes depuis plus de 70 ans, n’a pas non plus reçu de commande pour confectionner la soutane du jour historique. Néanmoins, fidèle à la tradition, il a préparé les vêtements papaux.

Lorsqu’un nouveau pape apparaît sur le balcon de la basilique Saint-Pierre, il porte une jupe en laine légère cousue main, une robe blanche, une ceinture en soie et un zucchetto blanc — ou calotte — qui est rouge pour les cardinaux, violet pour les évêques et noir pour les prêtres. Le zucchetto blanc est très recherché en raison d’une vieille coutume : offrir au pape élu une nouvelle calotte en échange de celle qu’il porte.

Bien que les variations de style soient limitées, chaque pape a exprimé ses préférences personnelles. « Le pape François se contentait d’une laine légère et économique. Benoît XVI privilégiait un tissu plus élégant, entre laine et soie », a expliqué Mancinelli.

Benoît XVI, prédécesseur immédiat de François, a marqué les esprits par son style. En 2007, il figurait même dans la liste des hommes les mieux habillés d’Esquire. Ses chaussures rouges ont suscité l’attention des observateurs de mode, et le Vatican avait dû démentir les rumeurs prétendant qu’elles étaient conçues par Prada.

Le pape allemand, passionné d’histoire, croyait que renforcer l’Église passait par la fidélisation de ses croyants les plus fervents. Il aimait raviver les traditions vestimentaires papales anciennes.

Cela se manifestait notamment par les chaussures rouges, une chasuble « fiddleback » datant des XVIe et XVIIe siècles, et le camauro — une coiffe en velours rouge bordée d’hermine, appelée aussi « chapeau de Saint » — qui n’avait pas été portée depuis des décennies.

En 2013, l’élection de François a marqué un changement de style. Jésuite engagé dans l’action, François prônait une Église dans la rue, portée par les actes plutôt que les mots. À l’inverse, Benoît XVI exprimait à travers ses habits son désir d’une Église plus pure, fidèle à ses racines, quitte à exclure certains, selon Carol Richardson, historienne de l’art et spécialiste ecclésiastique à l’Université d’Édimbourg.

« François a modifié le ton de la papauté par ses vêtements », a-t-elle observé. « Rien n’était dissimulé dans sa tenue, tandis que Benoît XVI semblait vouloir rappeler à tous une Église plus rigoureuse et traditionnelle. »

source:https://www.aljazeera.com/features/2025/5/8/vatican-fashion-romes-tailors-abuzz-over-prospect-of-new-pope

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