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Rogel Alpher, dans un article publié par le quotidien Haaretz, met en garde contre la diffusion du kahanisme en Israël. Selon lui, même si le président américain Donald Trump parvenait à imposer son plan pour mettre fin à la guerre à Gaza, cela ne suffirait pas à sauver Israël d’une idéologie d’extrême droite désormais enracinée chez des dirigeants politiques et chez des éléments radicaux.
Du courant marginal à une doctrine influente
Le kahanisme, associé au rabbin nationaliste et extrémiste Meir Kahane, promeut la supériorité juive, le rejet du droit à l’existence palestinien et la justification de la violence au nom de la pureté nationale. Autrefois courant marginal et interdit, cette idéologie s’est progressivement installée dans le discours public et les pratiques gouvernementales.
Selon Alpher, ce glissement a transformé une doctrine politique faible et persécutée en une influence largement répandue et légitimée dans les médias et la sphère publique.
Les limites du plan américain
Les opposants au gouvernement israélien espèrent que l’intervention de Trump sauverait le pays de lui‑même. Pour Alpher, il s’agit d’une illusion déconnectée de la réalité.
Même si le président américain réussissait à contraindre le Premier ministre Benjamin Netanyahu à signer le plan ou à appliquer certaines de ses premières mesures, cela ne changerait pas la nature du régime ni l’idéologie qui le pilote.
Alpher identifie plusieurs effets transitoires possibles du plan américain :
- Empêcher temporairement le gouvernement d’abandonner ses otages.
- Limiter, à court terme, une occupation totale du territoire de Gaza ou la poursuite systématique des frappes contre les civils.
- Éviter, pour l’instant, une annexion de la Cisjordanie.
Pour autant, ces mesures resteraient superficielles et ne toucheraient pas à l’essentiel idéologique qui oriente les politiques actuelles.
Déshumanisation et climat médiatique
Alpher souligne que la déshumanisation des Palestiniens fait désormais partie du climat médiatique israélien. Ce contexte permet, selon lui, de légitimer des violences massives contre des civils, jusqu’à des actes assimilables à une logique d’extermination.
Il pointe également la « tolérance implicite » envers le système d’apartheid en Cisjordanie et l’acceptation sociale de la violence des colons comme éléments normalisés du raisonnement collectif israélien.
Une doctrine qui nourrit l’armée et les colons
Selon l’auteur, une forme d’« orthodoxie religieuse radicale » s’est répandue et influence autant les soldats que les colons. Cette idéologie encourage des comportements qui peuvent conduire à des crimes de guerre et au mépris de la vie d’autrui.
Alpher estime que ce courant creuse l’écart entre Israël et l’Occident, à l’exception, dit‑il, des partisans de Trump aux États‑Unis, qu’il compare à des fascistes croyant que leur président est un « messager ».
Pourquoi Trump ne suffira pas
Pour Alpher, Trump n’est pas en mesure de « sauver » Israël de lui‑même. Il affirme que le président américain partage, en partie, l’esprit du kahanisme et qu’il n’est pas moralement supérieur aux partisans de cette idéologie.
Il ajoute que les motivations de Trump pour mettre fin à la guerre relèvent davantage de troubles de la personnalité et d’intérêts économiques que d’une quête éthique.
Ce qui reste à changer
Alpher conclut que la libération des otages ou l’arrêt des hostilités ne suffiront pas à opérer une réparation morale profonde en Israël. Un véritable changement, selon lui, exige d’arracher le kahanisme à ses racines dans la société et la politique israéliennes.
Sans un tel bouleversement idéologique, l’auteur craint que le pays continue à croire qu’il ne peut pas se passer de cette doctrine extrémiste.