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La rencontre d’Astana bouleverse-t-elle l’ordre mondial?
La 24ème sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai a pris fin jeudi dans la capitale kazakhe, Astana, avec la signature d’une déclaration définissant les orientations principales de développement de l’organisation et de coopération entre ses membres.
Le sommet a adopté ce qu’il a appelé l’initiative « Unité mondiale pour la paix juste, la concorde et le développement », qui indique l’intention de l’organisation de créer les conditions propices au renforcement de la sécurité et de l’ordre international, invitant également les pays du monde à y adhérer.
Les membres participants ont souligné dans leur déclaration finale qu’ils ne prendraient aucune décision visant à interférer dans les affaires intérieures ou en contradiction avec le droit international, et qu’ils prendraient des mesures pour empêcher toute activité allant à l’encontre des principes de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.
Une réunion étendue entre la Russie et la Chine sous la présidence de Poutine et Xi en marge du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai à Astana (Reuters)
Un monde multipolaire
La déclaration finale a souligné la nécessité d’accroître l’influence de l’Organisation de coopération de Shanghai en tant que l’une des principales associations dans un monde multipolaire, et de prendre les mesures nécessaires pour éliminer les conditions favorisant le terrorisme et l’extrémisme, renforcer les efforts conjoints pour prévenir la propagation des idéologies extrémistes, tout en condamnant fermement tout acte portant atteinte à la souveraineté des États et à l’intégrité de leurs territoires.
Elle a appelé à une réforme globale des Nations unies pour assurer la représentation des pays en développement, ainsi qu’à s’opposer aux sanctions unilatérales et aux restrictions commerciales qui sapent le système commercial multilatéral.
Concernant le « conflit israélo-palestinien », la déclaration a exprimé la préoccupation des États membres face à l’aggravation de ce conflit et a vivement condamné les actes ayant causé la mort de nombreux civils et la situation humanitaire critique dans la bande de Gaza.
Elle a mis en garde contre le renforcement unilatéral du système de défense antimissile mondial, soulignant son impact négatif sur la sécurité internationale, appelant au maintien de l’espace libre d’armes et à la nécessité de conclure un traité international contraignant pour empêcher une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique.
Nouveau membre et rencontres bilatérales
Parmi les événements importants de ce sommet, on compte l’approbation de l’adhésion du Bélarus à l’organisation, portant ainsi le nombre de membres à 10.
En marge du sommet, l’émir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani, a discuté avec le président russe Vladimir Poutine de la situation à Gaza, ainsi que des moyens de renforcer les relations bilatérales. Poutine a invité l’émir Tamim à visiter la Russie.
Le Qatar est un « partenaire de dialogue » au sein de l’organisation, aux côtés de la Turquie, de l’Azerbaïdjan, de l’Arménie, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, des Émirats arabes unis, de Bahreïn, du Koweït, des Maldives, de la Birmanie, du Népal, du Cambodge et du Sri Lanka.
Alexander Kunkov, professeur associé au département de sciences politiques de l’université financière du gouvernement russe, a déclaré que l’Organisation de coopération de Shanghai a un énorme potentiel de développement, de plus en plus de pays exprimant leur volonté de la rejoindre.
Un objectif ambitieux
Kunkov a noté que le sommet a renforcé le positionnement de l’Organisation de coopération de Shanghai dans le domaine économique, tout en rassemblant un nombre croissant de participants en Asie, devenant ainsi un poids équivalent aux organisations occidentales. La Russie a joué un rôle moteur dans la construction d’un dialogue multipartite entre les participants à l’organisation, dissipant -selon lui- les mythes sur l’isolement international de Moscou.
De son côté, l’analyste politique Sergueï Persanov a souligné que le sommet a marqué une avancée significative dans la consolidation de l’orientation russe « vers l’Est » et a montré que le changement du système mondial dominé par l’Occident est un objectif ambitieux qui doit être poursuivi. Il a décrit l’adhésion du Bélarus à l’organisation comme un exemple de la victoire du côté russe et personnellement du président Poutine qui a défendu l’initiative d’intégrer Minsk.
Il a décrit la déclaration d’Astana comme un « document important » qui sera étudié dans les centres de recherche occidentaux, car selon ce document, l’Asie centrale deviendra le berceau de l’Organisation de coopération de Shanghai, et de là, « les rayons du système mondial basé sur l’Eurasie se propageront », renforçant ainsi un nouveau pôle que l’Occident devra prendre en considération tôt ou tard.