Table of Contents
Le Parti libéral du Canada (PLC) a récemment connu un succès majeur au Québec, remportant 44 sièges lors des dernières élections fédérales, un exploit comparable seulement à la vague orange de 2011. Pourtant, ce triomphe politique suscite un sentiment amer, car il masque une histoire longue et conflictuelle entre le PLC et la province québécoise, marquée par des actes de rupture et de marginalisation.
Une histoire de promesses trahies et de fractures
Depuis plus d’un siècle, le Parti libéral fédéral a souvent pris des décisions qui ont creusé un fossé avec le Québec. En 1940, Mackenzie King rassurait les Québécois en promettant de ne pas imposer la conscription, mais il revient sur sa parole en 1944, provoquant une fracture durable avec la province. Ce refus massif du Québec face à la conscription est un épisode fondateur des tensions entre les deux entités.
En 1970, sous Pierre Elliott Trudeau, la Loi sur les mesures de guerre est adoptée. L’armée est déployée à Montréal et des centaines de personnes sont arrêtées sans mandat, suspendant brutalement les libertés civiles. Ce traumatisme reste profondément ancré dans la mémoire collective québécoise.
Le rapatriement unilatéral de la Constitution et ses conséquences
Lors du référendum de 1980 sur la souveraineté, Pierre Elliott Trudeau promettait de renouveler la fédération canadienne en cas de victoire du Non. Malgré un Non à 60 %, il rapatrie en 1982 la Constitution sans l’accord du Québec, excluant le gouvernement Lévesque dans ce qui sera appelé la nuit des longs couteaux. Depuis, la province n’a jamais signé la Constitution canadienne, illustrant un profond désaccord institutionnel.
Scandales et lois controversées sous le Parti libéral
Le tournant des années 2000 ne redore pas l’image du PLC au Québec. En 2000, sous Jean Chrétien, la Loi sur la clarté référendaire est adoptée, limitant le droit du Québec à décider seul de son avenir politique. En 2004, le scandale des commandites éclate, révélant un détournement massif de fonds publics destinés à promouvoir le fédéralisme sans transparence, ce qui choque profondément l’opinion publique québécoise.
Plus récemment, sous Justin Trudeau, Ottawa a montré son opposition à la Loi sur la laïcité de l’État en promettant de soutenir les contestations judiciaires contre cette loi votée démocratiquement par l’Assemblée nationale du Québec. De même, Mark Carney a annoncé qu’Ottawa interviendra si la loi 96 sur la protection de la langue française est contestée devant les tribunaux, soulignant que, pour le Parti libéral, la volonté démocratique du Québec est subordonnée aux principes du multiculturalisme canadien.
Un triomphe politique au goût amer
Ce retour en force du PLC au Québec ne peut être dissocié de ce passé lourd de tensions et de trahisons. Il envoie un message inquiétant : malgré les années de mépris, d’ignorance et de trahison, rien ne semble compromettre la confiance des électeurs québécois envers ce parti. Ce phénomène soulève des interrogations sur la mémoire collective et la capacité de la société québécoise à pardonner ou oublier les blessures historiques.
Certains justifient ce choix par la nécessité d’éviter l’arrivée au pouvoir de Pierre Poilievre, mais cette stratégie risque de renforcer un danger plus profond. En récompensant ceux qui ont marginalisé le Québec, c’est la dignité historique et la souveraineté politique de la province qui s’érodent peu à peu.