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Un tweet d’Elon Musk, publié quelques jours avant Noël, a été perçu comme un véritable cadeau par le parti politique d’extrême droite allemand, Alternative für Deutschland (AfD). Ce message se résumait en six mots : « Seule l’AfD peut sauver l’Allemagne. » La dirigeante du parti, Alice Weidel, a d’abord pensé qu’il s’agissait d’une blague. En vérifiant la source, elle a confirmé qu’il provenait bien de @elonmusk. Elle a alors appelé un collaborateur pour qu’il puisse le voir également. Weidel se souvient : « J’ai presque failli tomber de ma chaise. »
Une montée en puissance inédite
Fondée en 2013 sur la promesse de réduire les dépenses, de fermer les frontières de l’Allemagne et d’abandonner l’Union européenne, l’AfD n’avait jamais reçu un tel soutien. Historiquement, le parti a toujours été marginalisé, occupant environ un dixième des sièges au Parlement sans aucun rôle au sein du gouvernement fédéral. Cependant, à l’approche des élections du 23 février, les sondages indiquent qu’il bénéficie du soutien d’environ un cinquième des électeurs. Les autres s’attendent plutôt à ce que l’AfD fasse honte à l’Allemagne plutôt qu’à la sauver.
Les critiques et la surveillance
Le principal service de renseignement du pays a qualifié certaines branches de l’AfD de groupes extrémistes et a placé plusieurs de ses dirigeants sous surveillance. Au Parlement européen, une alliance de groupes de droite a expulsé le parti l’année dernière pour radicalisme excessif. Un responsable de l’AfD avait même suggéré que la SS nazie « n’était pas composée que de criminels », tandis qu’un autre a qualifié l’Holocauste de simple « tache » dans l’histoire allemande.
Le soutien inattendu de l’administration Trump
En dépit de ces critiques, l’administration Trump a embrassé l’AfD. Mi-février, le vice-président J.D. Vance a rencontré Weidel lors de sa première visite officielle en Europe. Son principal objectif était de participer à la Conférence de sécurité de Munich, un rassemblement annuel de dirigeants du monde entier. L’AfD n’étant pas invitée, leur rencontre a eu lieu dans la cave du Westin Grand. Selon Weidel, le message de Vance représentait un « signal d’alarme » pour l’establishment allemand : les États-Unis ne permettraient plus à l’Europe d’exclure l’extrême droite de la politique.
Un soutien qui dérange
Lors de son discours à Munich, Vance a déclaré : « Exclure des gens du processus politique ne protège rien. En fait, c’est le moyen le plus sûr de détruire la démocratie. » Pour les principaux partis politiques européens, ce discours était choquant, certains y voyant une ingérence flagrante dans les élections allemandes, alors que l’AfD était projetée pour obtenir son meilleur résultat historique.
La perception de Weidel
Weidel a du mal à croire le soutien qu’elle reçoit. Dans son bureau étroit, entourée de livres et avec vue sur le Reichstag, elle déclare : « C’est incroyable. Un des plus grands moments pour nous. » Quand on lui demande pourquoi Trump soutiendrait l’AfD, elle suggère qu’il pourrait y avoir quelque chose de personnel, évoquant les racines allemandes de son grand-père.
Les enjeux de l’immigration
Le programme de l’AfD réclame la fermeture des frontières allemandes aux demandeurs d’asile et l’expulsion massive des immigrants, en particulier ceux venus du monde musulman. Ce discours, bien qu’impopulaire auprès de nombreux Allemands, trouve un écho favorable auprès d’une partie de la population qui se sent oubliée par les politiques traditionnelles.
Les tabous et la mémoire historique
Les mements du passé, notamment ceux relatifs à l’Holocauste, constituent des obstacles pour l’AfD. Le grand-père de Weidel était membre de la SS, ce qui pèse sur son héritage familial. Elle admet que cette histoire est difficile à accepter, mais elle a également exprimé un désir de « briser les tabous » qui entourent la discussion sur le passé, en particulier en ce qui concerne la souffrance allemande après la guerre.
Vers un avenir incertain
Les élections à venir pourraient voir l’AfD doubler le nombre de sièges qu’elle occupe actuellement au Parlement. Bien qu’il soit peu probable qu’elle rejoigne un gouvernement de coalition, la dynamique actuelle indique que la marge de manœuvre pour l’exclure se réduit. Pour Weidel, l’effondrement du « firewall » politique semble inévitable. Elle affiche une casquette rouge « Make Germany Great Again » dans son bureau, symbole de son soutien à l’administration Trump.