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Les espaces agricoles connaissent un essor croissant au cœur des zones urbaines et péri-urbaines, offrant aux habitants des ressources alimentaires locales et d’autres bénéfices. Au centre des enjeux de transition écologique, les fermes urbaines se révèlent être des outils d’insertion économique tout en créant des liens sociaux. Les exemples de Grenoble, Montpellier et Lille illustrent bien cette dynamique.
Des projets en plein essor
La reconversion de friches temporaires, de démolitions ou de bâtiments vacants permet à l’agriculture urbaine de se développer dans les quartiers en renouvellement. Lors des Assises de la transition agroécologique tenues à Montpellier le 2 décembre, plusieurs métropoles ont partagé leurs bonnes pratiques, soutenues pour la plupart par l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU), qui a encouragé les initiatives d’agriculture urbaine via l’appel à projets « Quartiers fertiles ».
« L’appel à projet « Quartiers fertiles » a soutenu 98 projets dans 140 quartiers prioritaires de la ville pour un montant de 34 millions d’euros, mobilisant, aux côtés des collectivités, des associations, des collectifs d’habitants, des régies de quartier ou des maraîchers », indique Nicolas Le Roux, responsable du pôle Développement économique à l’ANRU. « Il s’agit de fermes urbaines, de jardins partagés ou pédagogiques incluant une composante de création d’emploi ou d’insertion, de permaculture, de toitures, de vergers ou de fermes en sous-sol… 75 à 80% des projets portent sur du maraîchage. »
Contrainte foncière
« L’agriculture urbaine doit être une brique au sein de projets de rénovation urbaine, ce qui ne va pas sans certaines difficultés, comme le foncier disponible, le temps de libération du foncier, ou de mauvaises surprises sur la qualité du sol », ajoute Nicolas Le Roux.
Grenoble, sensible à ce sujet depuis une dizaine d’années, subit une forte pression foncière. Bien que la ville ait déjà une ferme urbaine de maraîchage bio et quelques espaces gérés par les jardiniers de la Ville pour alimenter le self municipal, elle s’apprête à lancer cet hiver un projet « Quartiers fertiles » de maraîchage bio et d’agroforesterie sur un ancien terrain de rugby, porté par l’association Mille Feuilles.
« Monter des modèles professionnels viables est compliqué », témoigne Fanny Reymond, en charge des projets d’agriculture urbaine pour la Ville de Grenoble. « Nous allons également installer un espace-test pour une champignonnière. »
« Pas vocation à nourrir le quartier »
L’un des enjeux des fermes urbaines réside dans leur modèle économique. Nicolas Le Roux souligne : « C’est une question fondamentale, et nous avons fait le choix que ces projets d’agriculture urbaine n’aient pas vocation à nourrir le quartier ni même l’école de quartier, c’est impossible au regard des quantités produites. »
À Montpellier, le projet lauréat « Graines de Mosson » repose sur quatre axes. Justine Jullian, directrice innovation chez Altemed, explique : « Nous avions un parking inoccupé en sous-sol à la Paillade, le plus gros quartier QPV de Montpellier. Quartiers fertiles nous a offert l’opportunité de transformer tout le sous-sol, 1.000 m², en laboratoire d’agriculture urbaine. »
« Cultiver la ville pour nourrir le changement »
Les projets d’agriculture urbaine favorisent également le lien social et créent des dynamiques au sein des quartiers populaires. Nicolas Le Roux insiste : « Pour certaines villes, qui avaient bien d’autres priorités, « Quartiers fertiles » a servi de révélateur. Les bénéfices de ces projets incluent l’aspect alimentaire, mais aussi la sensibilisation à une bonne nutrition, la renaturation du quartier, les opportunités d’emploi et d’insertion, ainsi que le changement d’image du quartier. »
Zoé Brévière, chef de projet agriculture urbaine à Lille, évoque un quartier en rénovation urbaine avec un taux de logements sociaux très élevé. Deux réaménagements ont bénéficié de « Quartiers fertiles », avec des emplois d’insertion à la clé. « La ferme ne peut pas vivre de la vente de sa production et doit s’équilibrer avec des financements publics ou privés. Le volet social est important, avec des gens qui remettent un pied à l’étrier », conclut-elle.