La justice colombienne a levé l’assignation à résidence d’Álvaro Uribe, ex-président de 2002 à 2010, une décision survenue après des années de rebondissements dans une affaire où ses liens présumés avec des milices et son influence politique ont nourri le débat public.
Assignation à résidence d’Álvaro Uribe levée : les faits
La Cour supérieure de Bogota a jugé que les « critères » de la juge pour « justifier la nécessité » de l’assignation à résidence « étaient vagues, indéterminés et imprécis ». Cette appréciation a conduit à une remise en question du dispositif et à l’ouverture d’un nouveau regard sur le sort réservé à l’ancien président.
«Merci à Dieu, merci à tous mes compatriotes pour leurs marques de solidarité», s’est réjoui l’ancien président sur le réseau social X, «je consacrerai chaque minute de ma liberté à la liberté de la Colombie».
Le président actuel, Gustavo Petro, a de son côté soulevé des interrogations quant à une possible ingérence des États-Unis dans l’affaire Uribe et a dénoncé une «énorme» pression exercée sur la justice.
«L’enquête a connu de nombreux rebondissements» et, par le passé, plusieurs procureurs généraux ont tenté de classer l’affaire. Uribe avait aussi accusé en 2012 le sénateur Ivan Cepeda d’avoir ourdi un complot pour le lier à tort à des groupes paramilitaires, une piste qui a été jugée sans poursuites contre Cepeda par la Cour suprême mais a alimenté une longue série de procédures et d’allégations autour de ses liens avec des réseaux extrémistes.
Uribe demeure une figure clé de la scène politique en Colombie, où il exerce une grande influence sur la droite, reléguée dans l’opposition depuis que Gustavo Petro a pris ses fonctions en 2022.
Réactions et contexte politique
Des réactions diverses se sont exprimées après l’annonce, reflétant les clivages de la scène politique colombienne autour de l’ancien chef de l’État.
«Je ne comprends pas comment Uribe peut être libre (…) Est-ce cela la justice ?», a déclaré le président de gauche Gustavo Petro lors d’une réunion avec ses ministres retransmise à la télévision, qualifiant la situation d’éclairage sur les tensions entre justice et pouvoir.
La position américaine a également été évoquée, avec des inquiétudes exprimées quant à une possible ingérence, alors que l’alliance historique entre Uribe et Washington a été un sujet récurrent dans les débats publics sur le rôle de la politique étrangère dans le processus judiciaire.
En dépit des controverses, Uribe demeure une figure clé de la scène politique colombienne, et les observateurs remarkent que son influence persiste dans la droite, même si le paysage politique a évolué depuis l’arrivée au pouvoir de Gustavo Petro en 2022.