Laurent Désiré Kabila a marqué de manière indélébile l’histoire de la République démocratique du Congo (RDC), anciennement connue sous le nom de Zaïre. Il s’est imposé comme l’un des plus farouches opposants au régime autoritaire du président Mobutu Sese Seko, qui avait pris le pouvoir en 1965 et l’a conservé jusqu’en 1997. Sous son règne, Mobutu monopolisa les richesses du pays issues des mines d’or, d’argent et autres métaux précieux, baptisant son pays « Zaïre » et établissant un système dictatorial qui profitait essentiellement à son enrichissement personnel, laissant la majorité de la population dans une pauvreté extrême.
Depuis les années 1960, Kabila s’engagea politiquement en défendant des idéaux de justice sociale et de démocratie. Il réussit à rallier de larges couches d’une population mécontente de la corruption et de la répression du régime de Mobutu. Cependant, ses actions militaires contre le pouvoir ne commencèrent véritablement qu’à la fin des années 1980 et au début des années 1990, période marquée par la guerre au Rwanda en 1994 et le déplacement massif de réfugiés vers l’est du Congo, ce qui complexifia davantage les conflits régionaux et internes.
Kabila prit alors la tête d’un mouvement armé au sein d’une alliance plus large appelée l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération, soutenue par le Rwanda et l’Ouganda. Cette coalition visait à renverser Mobutu, perçu comme une menace sécuritaire et politique. En 1997, cette alliance parvint à chasser Mobutu, contraint à fuir d’abord au Togo, puis au Maroc où il mourut peu après d’une maladie.
Laurent Kabila rebaptisa le pays République démocratique du Congo et en devint le président. Son mandat fut néanmoins entaché de controverses, notamment des violations graves des droits humains, comprenant des exécutions extrajudiciaires, la répression des opposants, et la suppression de certaines protections constitutionnelles des libertés politiques.
Le choix de son fils, Joseph Kabila, comme vice-président suscita aussi une vague de critiques au niveau national et international, perçue comme une tentative de dynastie familiale.
Le 16 janvier 2001, Laurent Kabila fut assassiné par le colonel Kayembe, alors vice-ministre de la Défense, qui avait été récemment limogé avec d’autres officiers en raison de désaccords liés à la guerre civile et aux conflits armés dans l’est du pays, notamment dans les régions riches en ressources naturelles.
Après l’assassinat de son père, Joseph Kabila prit les rênes du pays et gouverna pendant plus de vingt ans. Son règne fut marqué par un renforcement du pouvoir central et des tentatives limitées de réformes. Cependant, il fit face à de nombreuses critiques concernant la corruption, les violations des droits humains, le monopole du pouvoir, ainsi que le report des élections et la conservation du pouvoir hors des échéances prévues.
En janvier 2019, sous la pression populaire et internationale croissante, Joseph Kabila annonça sa démission et transféra pacifiquement le pouvoir au président nouvellement élu, un acte rare dans l’histoire politique de la RDC.
Joseph Kabila, ancien président de la RDC, a hérité du pouvoir après l’assassinat de son père (Reuters).
Malgré sa sortie officielle du pouvoir, Joseph Kabila continue d’exercer une influence politique importante. Il mène actuellement des actions et des consultations à l’intérieur comme à l’extérieur du pays pour renforcer son poids politique, notamment par le biais du parti Union pour la Démocratie et le Progrès Social. Ce contexte intervient dans un climat politique tendu, avec un avenir incertain pour la démocratie congolaise.
L’impact de Laurent Désiré Kabila et de son fils Joseph demeure palpable dans l’épopée politique de la République démocratique du Congo. Leur période de pouvoir représente une époque complexe, mêlant résistance contre l’ancien régime autoritaire et tentatives de reconstruction étatique. Néanmoins, leur gouvernance fut également marquée par des luttes intestines et des violations des droits fondamentaux, influant sur la stabilité et le développement démocratique du pays. Leur héritage reste un sujet de débat continu, tant au sein de la RDC qu’à l’international.