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Laurent Gaudé explore l’espoir dans une dystopie moderne : Zem

by Sara
France

Laurent Gaudé explore, avec Zem, une dystopie qui mêle polar et science‑fiction pour questionner notre présent : Laurent Gaudé, Zem, dystopie, actualités, littérature française sont au cœur de ce deuxième volet qui laisse place, cette fois, à un souffle d’espoir.

Laurent Gaudé et Zem : une dystopie ancrée dans nos actualités

Après Chien 51 (Actes Sud, 2022), Laurent Gaudé poursuit son diptyque avec Zem, qui paraît mercredi 20 août aux éditions Actes Sud. L’auteur y reprend le personnage de Zem Sparak, policier de la zone 3 de Magnapole, dont le retour constitue l’axe central du récit. Trente ans d’exil séparent désormais le héros de sa Grèce natale ; comme Ulysse, il revient sans savoir ce qui l’attend, animé par l’espoir de retrouver celle qu’il aime.

On retrouve la relation brisée entre Sparak et Salia : trois ans après l’avoir sauvé d’une overdose d’Okios, Salia a vu leur amitié s’effriter. Sparak, qui a quitté la police, est devenu garde du corps de Barsok, homme politique lié à GoldTex, la multinationale qui gouverne Magnapole. Barsok promet de grands projets et des « Grands travaux » : « Ça va être énorme », assure-t‑il dans le roman.

La fête censée célébrer la fin des Grands travaux tourne au drame et réunit à nouveau Sparak et Salia. Leur enquête les mène aux portes d’un dispositif imaginé par GoldTex pour répondre aux besoins énergétiques de Magnapole dans les décennies à venir. Cette quête les ramène aussi physiquement et symboliquement chez Sparak, en Grèce, pays quitté après une trahison.

Couverture du roman Zem de Laurent Gaudé
(EDITIONS ACTES SUD)

Thèmes : pouvoir, technologie et retour aux origines

Zem articule plusieurs motifs contemporains : pouvoir aux mains de multinationales, exploitation des plus faibles, intelligence artificielle, hausse des températures, pollution, dôme climatique, ensemencement des nuages ou chasse aux icebergs. La société fictionnelle de Magnapole ressemble à une version amplifiée de nos dérives actuelles. Selon l’auteur, « Zem ne fait que tout réunir, tout concentrer pour nous tendre un miroir déformant et – je l’espère – nous alerter ». Cette phrase est prononcée par l’écrivain, poète et dramaturge qui poursuit, ici, son travail de mise en regard du présent.

Contrairement à Chien 51, plus sombre et sans issue, Zem ouvre une brèche vers la lumière : le roman évoque la possibilité d’une résistance, d’un retour à la raison après la folie humaine. Le personnage principal « se débarrasse de la honte », retrouve sa terre et son histoire, et se demande s’il faut « renommer le monde ? Reprendre les vieux noms », ou « tout effacer ? » Ces interrogations traversent le récit sans y apporter de solution imposée.

Liens avec l’œuvre antérieure et réception

Laurent Gaudé a souvent puisé dans le présent ou le passé pour nourrir son œuvre : Eldorado (2006) abordait le sort des migrants, Danser les ombres rendait hommage à Haïti après le séisme de 2010, et Nous l’Europe, banquet des peuples a redonné la parole aux victimes des attentats du 13 novembre lors de sa représentation. Le diptyque entamé avec Chien 51 se prolonge donc logiquement par Zem, qui propose une tonalité plus ouverte vers l’espoir.

Du côté des adaptations, Chien 51 sera porté à l’écran par Cédric Jimenez ; l’adaptation « sortira le 15 octobre ». Les lecteurs pourront ainsi confronter l’univers romanesque à sa transposition cinématographique.

Extrait et édition

« Dire à ces pentes, ces roches, ce silence caressé par le vent, que Magnapole ne l’a pas terrassé, que d’autres comme lui reviendront bientôt, qu’un combat commence, trente ans plus tard, qu’ils ne le gagneront peut-être pas, pas tout de suite, mais qu’au moins, ils ne cèdent pas le monde à la grande bouche du malheur. Zem regarde la vallée en contrebas. Un vent doux la parcourt. À ses pieds, de gauche à droite, jusqu’à la mer, s’étend un océan d’oliviers comme une coulée verte. Elle frémit avec la même grâce depuis des siècles. Les noms de GoldTex ou de Magnapole ne signifient rien ici. La montagne entend peut-être le bruit des hommes, leurs cris, leurs luttes, mais elle sait qu’ils ne sont pas à son échelle, qu’elle survivra à leur agitation. « Je suis de retour », murmure Zem. Il ferme les yeux puis les rouvre. Il sait que Delphes le sent. Le mystère l’entoure. C’est beau. Rien n’a été sali. Rien n’a été creusé, foré, aménagé, parce qu’il n’y a rien ici, que l’esprit. Et de cela, ils ne savent que faire. » (page 263)

Zem, Laurent Gaudé, éditions Actes Sud, 288 pages, 22 €.

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source:https://www.franceinfo.fr/culture/livres/la-rentree-litteraire/zem-apres-chien-51-laurent-gaude-rallume-la-lumiere-dans-le-deuxieme-volet-d-une-dystopie-qui-dit-le-monde-d-aujourd-hui_7390471.html#xtor=RSS-3-%5Blestitres%5D

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