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Le 8 mai est traditionnellement célébré en France comme la date symbolique de la victoire des Alliés sur le nazisme. Cependant, depuis les années 1990, ce même jour de 1945 est aussi associé à un épisode sombre et méconnu de l’histoire coloniale française : le massacre colonial du 8 mai 1945 en Algérie. Ce jour-là, des manifestations organisées par les Algériens pour célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale ont dégénéré en une répression sanglante.
Un contexte de revendications nationalistes
Le 8 mai 1945, plusieurs villes algériennes voient défiler des manifestants pour fêter la fin du conflit mondial. À Sétif, la manifestation est menée par les nationalistes du Parti du Peuple Algérien (PPA), mouvement fondé en 1937, qui réclament l’autonomie politique depuis 1943 et la libération de leur leader emprisonné, Messali Hadj. Les drapeaux portés lors de ces rassemblements sont divers : drapeaux français, américains mais aussi le drapeau algérien, symbole de la lutte pour l’indépendance.
Ce dernier élément provoque une réaction immédiate des autorités coloniales françaises. La tension monte rapidement lorsque les forces de l’ordre tuent un manifestant qui refuse de céder son drapeau algérien, transformant la protestation pacifique en insurrection. La manifestation de Guelma est interdite peu après, ce qui déclenche un soulèvement qui s’étend jusqu’à Kherrata.
Une répression militaire d’une extrême violence
Les affrontements dégénèrent en violence : les manifestants algériens s’en prennent aux colons européens, causant la mort de 102 civils européens. En réponse, l’armée française lance une répression d’une ampleur sans précédent. Soutenue parfois par des civils armés, elle utilise blindés, aviation et même un navire pour bombarder les populations à Sétif, Guelma et Kherrata.
Cette opération militaire dure environ quinze jours et fait un nombre de victimes estimé entre 15 000 et 20 000 Algériens, un chiffre qui témoigne de la brutalité de cette répression.
Un massacre colonial révélateur
Le 8 mai 1945 en Algérie symbolise à la fois les aspirations d’émancipation des Algériens et la violence du système colonial français. Les manifestants expriment leur désir d’autonomie et dénoncent la citoyenneté tronquée qu’ils subissent : nationaux français mais privés des droits de citoyens. La réponse disproportionnée de l’armée illustre l’asymétrie du rapport colonial, où une minorité française impose un contrôle rigoureux sur une majorité algérienne infériorisée.
Ce massacre colonial est ainsi un révélateur des tensions profondes entre colonisateurs et colonisés, tensions qui annonceront les luttes pour l’indépendance dans les décennies suivantes.